« Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co 12:10). Comment comprendre la paradoxale vertu de force ? Extrait de la contribution de Blanche Streb au livre Et maintenant ? 7 vertus pour traverser la crise, des Éditions de l’Emmanuel.
D’autres extraits du livre : ➨ La prudence, garder le cap par tous les temps – Mgr Bruno Valentin
➨ La justice, un chemin vers la paix
➨ L’espérance, un pied de Dieu dans la porte – Martin Steffens
➨ La foi, ce qui nous lie – Laetitia Calmeyn nous parle de la vérité de Dieu
➨ La charité, pour que circule l’amour – Thierry des Lauriers
Extrait – Prendre la main
« Une civilisation repose sur ce qui est exigé des hommes, non sur ce qui leur est fourni. »
Antoine de Saint-Exupéry
On trouve dans l’Évangile une belle illustration de la subsidiarité. Dans la parabole des talents, le maître remet à ses serviteurs une somme d’argent (un ou plusieurs talents) et attend de chacun qu’il la fasse fructifier à la mesure de ses capacités. Ainsi Dieu, qui a tant d’égards pour la liberté humaine, ne retient pas pour lui l’exercice de tous les pouvoirs, mais remet à chacun des dons et des capacités propres. Dans la parabole, il est aussi question de responsabilité individuelle, puisque celui qui refuse de faire fructifier son talent est sévèrement corrigé.
Les rapports humains ont toujours été abîmés par cette « loi du plus fort » inscrite dans les mœurs et l’imaginaire collectif. Il me semble que notre époque n’échappe pas à ce schéma qui permet la domination et, pour cela, n’hésite pas à nous infantiliser. La gestion de la pandémie l’a tristement illustré. Voir notre président de la République nous conseiller d’aérer nos maisons m’a stupéfiée. On en est donc là ? On nous explique comment nous moucher, nous laver les mains, mais aussi quoi penser, quoi faire, quoi dire ou ne pas dire. Et n’oubliez pas de faire manger papi et mamie à la cuisine ! Quelle intrusion…
Mais cette infantilisation permanente, que l’on rencontre à tous les étages et pas seulement au sommet de l’État, est permise aussi par la passivité de ceux qui la déplorent. Refusons-la ! Comme toute victimisation. Le fort a besoin du faible pour étendre sa tyrannie. La faiblesse, subie ou choisie, peut être un piège où l’on est tenté de se complaire, car elle donne l’avantage de ne plus exiger de soi ce qu’il faudrait pour en sortir. La force se reçoit aussi quand on la recherche. Certes on ne peut pas tout, notre volonté ne fait pas de nous des êtres tout-puissants, mais on ne peut pas rien non plus. À nous d’exiger des meneurs d’homme, qui tirent vers le vrai, le beau, le bien. Et pour cela, commençons par l’exiger de nous-mêmes. « Que l’on soit le maître du monde ou le dernier des “misérables” sur la face de la terre, cela ne fait aucune différence : devant les exigences morales, nous sommes tous absolument égaux1. »
1.Saint Jean-Paul II, encyclique Veritatis Splendor, 1993, § 96.
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Veritatis Splendor, § 96
La fermeté de l’Église dans sa défense des normes morales universelles et immuables n’a rien d’humiliant. Elle ne fait que servir la vraie liberté de l’homme : du moment qu’il n’y a de liberté ni en dehors de la vérité ni contre elle, on doit considérer que la défense catégorique, c’est-à-dire sans édulcoration et sans compromis, des exigences de la dignité personnelle de l’homme auxquelles il est absolument impossible de renoncer est la condition et le moyen pour que la liberté existe.
Ce service est destiné à tout homme, considéré dans son être et son existence absolument uniques : l’homme ne peut trouver que dans l’obéissance aux normes morales universelles la pleine confirmation de son unité en tant que personne et la possibilité d’un vrai progrès moral. Précisément pour ce motif, ce service est destiné à tous les hommes, aux individus, mais aussi à la communauté et à la société comme telle. En effet, ces normes constituent le fondement inébranlable et la garantie solide d’une convivialité humaine juste et pacifique, et donc d’une démocratie véritable qui ne peut naître et se développer qu’à partir de l’égalité de tous ses membres, à parité de droits et de devoirs. Par rapport aux normes morales qui interdisent le mal intrinsèque, il n’y a de privilège ni d’exception pour personne. Que l’on soit le maître du monde ou le dernier des « misérables » sur la face de la terre, cela ne fait aucune différence : devant les exigences morales, nous sommes tous absolument égaux.