Le purgatoire – le salon de beauté du Saint-Esprit

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Pour entrer dans le royaume de l’amour, il faut être parfait en amour : un amour parfaitement pur, saint. Or au moment de la mort, nous n’aurons pour la plupart pas atteint une telle perfection de l’amour. Cela laisse donc la place à la réalité du purgatoire. Par le Père Jean-Marc Bot

 

Le purgatoire, c’est la notion la plus rationnelle qui soit. Si le purgatoire n’existait pas, il faudrait l’inventer. Il est nécessaire. J’ai intitulé mon premier livre sur le sujet, Le temps du purgatoire. C’était assez provocateur mais finalement pas si éloigné de la réalité. Au purgatoire, en effet, il y a pour les âmes un début et une fin. Il y a un choc initial qui est brutal et assez terrible, et une délivrance finale, lorsque l’âme accède au ciel, à la joie éternelle. C’est une sorte de temps psychologique, propre à chacun, qui n’a rien à voir avec le temps chronologique que nous connaissons sur terre. C’est plus de l’ordre d’un ressenti personnel, un état. Dans Le petit traité du purgatoire (éditions Emmanuel), sainte Catherine de Gênes a eu la grâce d’exprimer comment le purgatoire peut se dire en termes d’expérience mystique. Dans La nuit obscure, saint Jean de la Croix en parle très bien également. Au purgatoire, il n’y a plus d’action humaine. L’âme y est uniquement réceptive à l’action divine. Son “capital d’action” est fixé au moment de la mort. Elle ne peut plus non plus exercer sa liberté. Elle jouit en revanche du fruit de sa liberté : un fruit positif puisque, au purgatoire, l’âme est sauvée.

Le ciel – au banquet des noces de l’agneau
J’aime appeler le purgatoire « le salon de beauté du Saint-Esprit ». Dans le purgatoire, chez Dante, les âmes passent leur temps à se faire belles. C’est en réalité Dieu qui les fait belles directement. Et cette action de Dieu est très éprouvante. C’est une souffrance de purification. Mais cela n’a rien à voir avec la souffrance infernale. Pour saisir ce qu’est le purgatoire, il est important de préciser que c’est un état paradoxal, à la façon de la joie parfaite décrite par saint François d’Assise à frère Léon (Fioretti) : quelqu’un qui, bien qu’assailli d’épreuves de tous ordres, est profondément heureux en Dieu car sans cesse en communion intime avec Dieu. Il anticipe l’allégresse du ciel. De même, sainte Catherine de Gênes dit que malgré cette souffrance de purification, « la joie des âmes du purgatoire est supérieure à toutes les joies de la terre ».

Jésus n’annonce pas directement le purgatoire, mais plutôt de façon implicite en exigeant le « cœur pur », en parlant d’une mort à soi-même, etc.

En revanche, un texte du livre des martyrs d’Israël (2 M 12,40-46) montre que dans la tradition juive, il existe une prière pour les morts et même l’offrande d’un sacrifice au temple pour le pardon des péchés après la mort. Les juifs continuent aujourd’hui à prier pour les morts. Ce sont les seuls, avec les catholiques. Cela suppose qu’il existe un état intermédiaire. La théologie sur le purgatoire s’enracine donc d’abord dans une pratique : la prière pour les morts. Elle suppose en elle-même qu’il existe un effet recherché pour l’âme du défunt qui est dans un état temporaire.

L’enfer – le scandale de la liberté
Dans La naissance du purgatoire, le médiéviste Jacques Le Goff montre que pendant le premier millénaire, on ne parlait pas du « purgatoire » en tant que tel, mais de peines purificatrices, de rafraîchissement, de purification, etc. et on offrait des messes pour les défunts. À partir du XIe, XIIe siècle, on a commencé à parler du purgatoire comme d’un “lieu”, représenté physiquement, comme un “espace”, et nommé par un substantif, “le purgatoire”. On l’a alors imaginé comme un quasi-enfer. Ce qui était faux. Il faut attendre le génie de Dante (1300) pour voir le purgatoire comme une montagne et non comme un souterrain. Quand le poète sort de l’enfer, il arrive à l’air libre, sous les étoiles, et il voit la montagne sur une île. C’est une vision positive du purgatoire . Il bouleverse complètement l’imaginaire. De même Catherine de Gênes, avec Le traité du purgatoire. Au XIXe siècle, Thérèse de Lisieux voit le purgatoire d’une façon plus positive que la plupart des gens de son époque, qui le percevaient encore comme très redoutable.

Un article extrait du magazine Il est vivant ! n°345


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