Partant du constat que « l’Église défigurée c’est nous ! » Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction du journal La Vie, nous donne les axes de notre conversion pour évangéliser au cœur de la crise. Un article publié dans Il est vivant !
L’Église défigurée, il faut que nous acceptions que c’est nous ! Tel est le point de départ de l’évangélisation aujourd’hui. Nous avons souvent une vision idéalisée de l’Église. Et quand ça va mal, cela nous revient comme en boomerang.La question est d’accepter de prendre cette crise en face, en adulte. Certains disent : “La réponse, c’est la sainteté.” Eh bien si c’était si facile, cela se saurait !…
-Il n’y a pas d’évangélisation sans sainteté peut-être,mais il n’y a pas de sainteté sans conscience de notre fragilité. Il nous faut consentir à descendre dans nos failles (relire à ce propos l’homélie de Mgr Dominique Lebrun aux obsèques du père Jean-Baptiste Sèbe).
-Il n’y a pas d’évangélisation sans travail de vérité : ce travail commence par l’écoute.
-Il n’y a pas d’évangélisation sans humilité : il faut accepter que l’Église ne soit pas dans l’état dans lequel nous souhaiterions qu’elle soit. Il nous faut beaucoup, beaucoup d’humilité; ne plus être en surplomb ; penser de plus en plus bas, à la hauteur de ce que peuvent ressentir les gens; écouter ce qu’ils ont à nous dire, pas forcément parce qu’ils sont hostiles à l’Église.
-Et enfin, il n’y a pas d’évangélisation sans proximité. Je crois à la conversation fraternelle, à l’acte de parole autour de nous. Je ne crois pas aux grands plans, aux grands projets, aux grandes stratégies.
C’est en marchant avec les autres et en les écoutant que nous pouvons espérer entreprendre, dans les circonstances actuelles, un travail d’évangélisation. Sachons écouter les paroles parfois agressives et interrogeons-nous: qu’est-ce qu’il y a derrière cette agressivité, cette colère ?
Invité sur un plateau-télé pour évoquer le document des évêques de France sur la PMA, je me sentais dans la situation du missionnaire qui arrive en Amazonie sur une pirogue dans une forêt. Il entend des drôles de bruits. Apparemment, il n’y a personne mais il se demande s’il ne va pas recevoir des flèches empoisonnées. Lors de cette émission, j’ai été frappé par le décalage entre ce document et la perception que l’on peut avoir à l’extérieur de ce qu’est l’Église et de sa crédibilité pour donner une parole éthique.
Il nous faut donc commencer par écouter tous ces bruits qui nous entourent pour, peut-être, les apprivoiser ; apprendre à écouter ce qu’on nous dit même si cela nous déplaît prodigieusement. C’est le lieu même de l’évangélisation. »
Ce témoignage est extrait d’une table ronde organisée par le Congrès Mission 2018 à retrouver sur www.congresmission.com ou sur Youtube.
Article publié dans la revue Il est vivant ! n° 342.
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Extraits déjà partagés
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Édito – Scandales dans l’église – Où en sommes-nous?
Céline Hoyeau – « Annoncer sans chercher à défendre l’indéfendable »
Véronique Garnier – « À Lourdes, les évêques ont fait un pas »