Leur histoire

Cyprien Rugamba est un intellectuel rwandais, historien, poète, auteur, compositeur, chorégraphe qui a consacré sa vie à l’histoire et la culture rwandaises. Il porte en lui cette conviction : « Il n’y a pas de hutu ni de tutsi, tous les rwandais sont frères. » En effet, tous ont la même langue, la même culture et forment un seul peuple. Poète, Cyprien compose des chants qui le rendent célèbre dans tout le Rwanda. Il chante les valeurs de la culture du pays, prône l’unité, dénonce la corruption, exalte la justice.

En 1965, Cyprien épouse Daphrose Mukansanga, une chrétienne convaincue. À cette époque, Cyprien a perdu la foi. Le couple connaît des difficultés au début de leur vie commune. Mais la fidélité indéfectible et la prière de Daphrose obtiennent la conversion de son mari en 1982. À partir de ce moment, Cyprien et Daphrose deviennent un couple rayonnant. Ils s’engagent ensemble dans le Renouveau Charismatique. Ils s’occupent de nombreux pauvres. Devenu chrétien convaincu, Cyprien est plus que jamais apôtre de l’unité. Il proclame désormais : « Il n’y a pas de hutu ni de tutsi, il n’y a que des enfants de Dieu. »

En 1989, Cyprien tombe en disgrâce. Ses positions en faveur de l’unité ne plaisent pas au gouvernement en place qui promeut l’ethnisme, l’opposition entre hutu et tutsi. Cyprien perd son travail. La famille doit déménager de Butare à Kigali. Plus que jamais, Cyprien continue prophétiquement dans ses chants à parler d’unité, d’amour, de pardon et de réconciliation. Il le fait au nom de sa foi. C’est probablement ce qui explique qu’il ait été mis sur une liste de personnes à éliminer. Plus tard, en 2018, son engagement a été reconnu par la commission nationale rwandaise pour l’unité et la réconciliation qui a décerné à Cyprien le titre de «gardien de l’unité».

En 1990, Cyprien et Daphrose commencent la Communauté de l’Emmanuel au Rwanda. Peu de temps après, la guerre éclate dans le Nord du pays. C’est donc dans un climat d’insécurité que les Rugamba vont se consacrer à l’évangélisation et au service des pauvres, en particulier des enfants de la rue. Ils sillonnent le pays, organisent des week-ends de formation pour les couples, enseignent dans les groupes de prière. Ils décident même d’évangéliser dans la rue, sur le marché de Kigali.

En avril 1993, l’archevêque de Kigali autorise Cyprien et Daphrose à avoir une petite chapelle à leur domicile avec la présence eucharistique. Ce lieu devient le centre de la vie de famille. Les enfants comme les parents sont assidus à la prière. C’est devant le tabernacle que la famille passe sa dernière nuit.

Ils sont assassinés le 7 avril 1994.