Traverser la souffrance – Le chemin SOS

Chacun sa méthode pour aider les autres à affronter la souffrance. Pour Jean-Romain Frisch cela passe par la méthode S.O.S., méthode qu’il développe dans son livre “Traverser la souffrance”. Extraits

Extrait 1 – Le chemin SOS : Souffrir, Offrir, S’offrir.

EE Traverser la souffrance« Cet itinéraire a toutes les caractéristiques d’un authentique parcours intérieur. Avec un point de départ, des étapes, des seuils, un terme. C’est aussi une aventure. Spirituelle, certes, mais qui s’apparente bien à une aventure telle que nous l’identifions ordinairement.
Nous allons mettre en question nos certitudes, nous risquer hors de nos sentiers battus, sortir de nos habitudes de pensée, « élargir l’espace de notre tente » (Is 54, 2), aller vers l’inconnu… C’est un parcours qui réserve son lot de surprises, sa part de défis, mais aussi d’élans et de fruits spirituels. Tel quel, il se présente d’abord comme une proposition articulée en trois grandes étapes successives.
La première : tout d’abord, reconnaître puis accepter la réalité de la souffrance présente dans nos vies. Souffrir est à accueillir en tant que tel par chacun. Mais, première découverte, au lieu de les garder pour soi, au risque de s’y enfermer, on peut confier, partager ses épreuves avec des frères, et plus encore avec le Seigneur lui-même sur sa Croix.
La seconde découverte sera non seulement de se décharger de nos épreuves sur les épaules du Christ, qui les a déjà toutes assumées, mais de les unir volontairement à sa Croix : c’est-à‑dire, les Offrir. Pour qu’elles ne soient plus uniquement une impasse, un échec, mais qu’elles acquièrent une dimension inestimable de salut et de charité.
Nous pourrons alors nous engager plus délibérément dans la troisième étape de notre parcours de sainteté : non seulement offrir ses souffrances mais bien S’offrir soi-même au Seigneur, pour vivre toute notre existence à l’ombre et dans la grâce de sa volonté.

C’est là tout le chemin, l’aventure SOS. Qui nous permettra de déboucher sur notre vocation ultime : devenir d’authentiques disciples du Christ.
Ce parcours de vie peut paraître ambitieux, sans doute étonnant ; il est néanmoins réaliste et accessible à tous les chrétiens qui voudront bien s’y engager.
Qu’on se rassure, s’il en était besoin : ce chemin SOS, et c’est là sa première exigence, est tout à fait en accord avec la Parole de Dieu et le Magistère de l’Église. Tout ce qui est utile à notre sanctification y est contenu et a déjà été exploré et exprimé par les théologiens. C’est du côté de la présentation et de l’articulation de ces idées séculaires qu’il faut plutôt comprendre la visée et, espérons-le, la portée de ce projet. Même s’il contient forcément une certaine part d’interprétation personnelle dont le but est seulement de préciser l’exposé de la réflexion chrétienne sur la souffrance et d’y apporter des éclaircissements utiles pour fortifier notre espérance dans les moments d’épreuve.
On s’est ainsi astreint à la simplicité et à la clarté dans l’énoncé des idées et la fluidité de leur enchaînement, en essayant d’éviter cependant tout simplisme, tout raccourci spirituel imprudent dans ces domaines particulièrement délicats.
On l’aura compris, il ne s’agit en aucune manière d’un traité sur la souffrance qui prétendrait faire le tour de la question et, encore moins, la résoudre. Je n’ai ni la présomption, ni les compétences pour mener un tel travail. Seulement le désir de restituer et de partager des intuitions et des lumières que j’ai moi-même, et bien progressivement, reçues sur ce sujet. À travers ce que les événements m’ont appris de l’épreuve, ce que l’Église en dit, et ce que le Seigneur a bien voulu éclairer de sa sagesse quant à ce versant douloureux mais capital de nos existences.
Outre mon expérience personnelle, j’ai observé, comme chacun, bien des souffrances autour de moi, de près ou de plus loin. J’ai également entendu des témoignages, parfois bouleversants, qui m’ont marqué et fait grandir dans la foi, surtout lorsqu’ils exprimaient une vision chrétienne de la souffrance vécue dans la sérénité et l’espérance, au sein même de circonstances dramatiques.
J’ai aussi réfléchi et prié, particulièrement lors de nombreuses soirées miséricorde, dont celles de l’église de Saint-Nicolas-des-Champs à Paris. J’ai même déjà écrit sur le sujet. Et, depuis dix-sept ans, je me suis laissé façonner par les grâces du sanctuaire de Notre-Dame de la Prière à L’Île-Bouchard, en particulier celle du fameux « baiser à la croix » sur laquelle nous reviendrons. Je me suis aussi laissé enseigner par mon épouse, Catherine, à travers sa maladie, son service auprès des malades et des pauvres, sa contemplation assidue de Marie, sa grâce d’offrande déterminée et rayonnante. »


Extrait 2 – Au seuil du chemin

«Franchement, la souffrance…
On la redoute, on la craint, on la fuit, on l’évite, on la déteste…
Et l’on a bien raison !
La souffrance est tellement contre-nature ! Dans notre recherche instinctive – et bien naturelle – de bonheur, de paix, de joie, elle nous agresse, nous blesse, nous scandalise.
De plus, quand elle survient, on ne sait pas quoi en faire, sinon chercher à la neutraliser, à s’en débarrasser, si tant est que cela soit possible. On voudrait ne jamais avoir affaire à elle. Pourtant, parfois, souvent, et pour certains, toujours, elle nous colle à la peau, elle s’invite, ou plutôt elle s’impose, dans notre vie.

La souffrance est…
Clairement, la souffrance est un mal. D’ailleurs, elle fait toujours mal. Elle vient du mal, elle veut le mal. Elle incarne le mal. De tout notre coeur, pour nous-mêmes et pour ceux que nous aimons, nous souhaiterions vivre sans la croiser en chemin. Nous pouvons en rêver mais nous ne pouvons l’espérer. La souffrance fait partie de notre condition humaine, elle est liée intimement, intrinsèquement, à notre vie ici-bas. C’est notre expérience fréquente, et pour certains d’entre nous, quotidienne : d’un certain point de vue, la souffrance semble nous guetter sans cesse, être à l’affût dans les parages de nos existences, décidée à nous frapper par les moyens les plus divers.

La souffrance est une hydre : tentaculaire, inventive, multipolaire, elle s’insinue dans tous les domaines, tous les recoins de nos vies. Qu’on la chasse, elle semble toujours prête à revenir… Son inventivité est débordante.
Elle nous traque sur tous les fronts possibles : la maladie, les malheurs, les angoisses, l’injustice, l’incompréhension, la trahison, le découragement, la tristesse, la jalousie, l’amertume, la rancune, le rejet, la solitude, la division, la culpabilité, les erreurs, les échecs, le doute, le péché, le désespoir etc. ; ultimement, la mort.

La souffrance est un monde : son champ d’action est immense. Elle est en mesure de s’en prendre à notre corps, à notre cœur, à notre esprit, et même à notre âme.
Toutes les zones de notre être sont sous sa menace. Et elle s’attaque à tous les êtres humains sans exception : enfants, jeunes, adultes, vieillards, riches ou pauvres, bons ou méchants, personne ne semble pouvoir lui échapper.
De ce fait, on pourrait s’étonner que l’on parle, dans la suite du propos, de « la » souffrance d’une manière trop abstraite et trop générale tant chaque épreuve est finalement un cas particulier vécu dans une histoire personnelle, par nature unique. Pourtant, souffrir est en même temps une réalité universelle, partagée par tous les êtres humains. C’est cette expérience commune, à la fois ordinaire et collective, qui sera abordée génériquement ici.

La souffrance est aussi un feu. Elle va nous brûler, parfois nous consumer. Nous ne pouvons en sortir indemnes. Même si nous guérissons, si nous nous en libérons, elle laisse des traces, des cicatrices, voire des blessures, qui vont nous accompagner longtemps, quelquefois toute notre vie.

Mais la souffrance est… tant d’autres choses !
Elle est, et reste, surtout, un mystère. Pourquoi existe-t‑elle depuis toujours ? Ce mystère des origines qui rôde et contamine toute l’histoire de l’humanité, nous pouvons l’approcher mais sans le saisir entièrement. On en observe sans cesse l’action et les effets. Mais quant à sa cause : pourquoi la souffrance ? Bien des philosophes, des penseurs se sont heurtés à cette question sans jamais y apporter de réponses pleinement satisfaisantes. Hasard, punition, châtiment, œuvre du Malin, dérèglement de la nature, perversité de l’être humain… Aucune explication ne tient vraiment, n’est suffisante. La souffrance demeure un vrai mystère.

Alors, face à elle, restons-nous sans réponse, et surtout sans défense, sans recours ? Devons-nous désespérer face à la souffrance ? Elle semble tellement omniprésente, puissante, acharnée à nous nuire… Tellement négative…
N’avons-nous donc rien à en dire, et surtout rien à en attendre ? N’est-elle qu’un mal absolu ? Bon seulement à être combattu, éliminé au plus vite et le plus efficacement possible ?
Certes, on ne peut se sauver de la souffrance. Mais peut-on, d’une certaine manière, sauver la souffrance ? »


Frisch
Jean-Romain Frisch et son épouse

Plus d’extraits du livre


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