Le Maître de Vie et de Vérité

Nous poursuivons notre réflexion sur la vérité. Pourquoi ? Pourquoi, en tant qu’éducateurs et enseignants, est-il si important de nous positionner par rapport à la vérité ? Pourquoi, sinon parce que cela met en cause le sens de notre présence auprès des enfants et des jeunes, le sens de notre profession dans la société ?          

Dans l’article précédent (L’Aqueduc n°13, « Notre chemin de vérité »), nous avons vu que, bien que la vérité soit une en elle-même, chaque personne et chaque société ont leur chemin propre pour la rejoindre, en sorte que le défi est de marcher ensemble sur un chemin de redécouverte des vérités fondamentales, à la lumière de la raison universelle et de la foi chrétienne. Ce que cela change dans notre pratique professionnelle d’enseignant et d’éducateur, c’est un ajustement particulier à nos élèves : un respect du chemin qui est le leur, respect qui inclut la conscience que c’est vraiment sur un chemin de vérité que nous avons à les conduire, à nous conduire tous.

Voyons maintenant comment notre chemin de vérité peut être éclairé par cette parole du Christ : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6).

Cette parole nous dit que le Christ n’est pas la Vérité sans être la Vie. Et il affirme que c’est là son être même : « Je suis ». Il est notre Chemin en tant qu’il est l’unité de la Vérité et de la Vie. Et cela crée une différence radicale entre les autres maîtres et lui.

Il y a en effet deux niveaux de relation entre le maître et les disciples. Le premier niveau est simple à comprendre : le maître dit ce qui est à faire pour devenir juste, éventuellement il l’explique, et le disciple s’efforce de comprendre ce qui a été dit et de l’appliquer. Or, avec le Christ, nous découvrirons un deuxième niveau qui va nous entraîner beaucoup plus loin.

 

Le jeune homme riche invité à suivre la Personne du Christ

L’épisode de la rencontre de Jésus avec « le jeune homme riche » est significative de ces deux niveaux. Le jeune homme demanda : « Maître, que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle ? » (Mt 19, 16) et le Christ lui répond en énonçant divers commandements du décalogue, ceux qui concernent les devoirs envers les autres (Mt 19, 18 : « Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, honore ton père et ta mère et tu aimeras ton prochain comme toi-même. »). L’interlocuteur de ce jour ne se satisfait pas de la réponse et veut aller plus loin que la simple application des préceptes : « Tout cela, dit le jeune homme, je l’ai observé ; que me manque-t-il encore ? » (Mt 19, 20) C’est ouvrir une porte pour entrer dans le deuxième niveau de la relation avec le maître. Jésus lui propose alors de tout quitter pour le suivre : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donnes-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis, viens, suis-moi. » (Mt 19, 21)

Au premier niveau, le disciple accède à l’enseignement du maître, s’en fait une conviction et va jusqu’à mettre sa vie en accord avec ses idées. Au deuxième niveau, la foi est plus qu’une conviction, elle est une pâque. Pour y accéder, la réponse du disciple doit en effet passer par une mort – « vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres » – et faire acte d’espérance dans une résurrection – « tu auras un trésor dans les cieux ». D’autre part, la foi n’est plus seulement application des commandements à l’égard du prochain, elle consiste à suivre la Personne du Christ.

 

Une révélation participative

Revenons sur le fait que Jésus, en énonçant les préceptes à suivre, n’a donné que ceux qui concernent la relation aux autres, et qu’il a donc omis ceux qui concernent la relation à Dieu : n’avoir qu’un seul Dieu, respecter son Nom et sanctifier son jour par la prière. Cette omission n’est pas anodine, car elle suggère que si ce jeune homme quitte tout pour suivre Jésus, il satisfera par là-même aux trois premiers commandements. Comme on peut souvent le constater, Jésus se comporte d’une manière telle qu’il tient la place de Dieu. C’est une façon de révéler son identité à ceux qui méditent en leur cœur la rencontre qu’il leur a été donné de faire. Il est remarquable que le Christ ne dit jamais tout, mais fait en sorte que ses interlocuteurs puissent découvrir par eux-mêmes qui il est, à partir des indices qu’il leur donne. La révélation du mystère divin passe par la participation de celui qui est véritablement en recherche de Dieu. C’est, en quelque sorte, une révélation participative.

Or, ce que nous constatons ici à propos de la démarche participative est justement la dynamique propre à la relation complète entre le maître et le disciple. Tant que le disciple n’a fait qu’apprendre les préceptes et les appliquer, il n’a fait que recevoir sans chercher. Mais dès lors qu’il vend tous ses biens et suit le maître, il se met dans une démarche qui l’implique totalement. Certes, il a donné tous ses biens aux pauvres, mais ce qu’il gagne alors est un trésor sans prix, puisqu’il demeure avec le Dieu unique (premier commandement) qui lui fait connaître son Nom (second commandement) et lui accorde son repos (troisième commandement).

Nous avons commencé à voir le lien entre Vérité et Vie ; maintenant, nous devons aussi découvrir quel sens peut revêtir cette surprenante affirmation du Christ selon lequel la Vérité et la Vie ne sont pas seulement ses paroles, mais son être même. Nous le verrons la prochaine fois.

 

Bernard de Castéra

 

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