Points de repère : Et quand on ne guérit pas ?

Les prières pour les malades n’aboutissent pas toujours à une guérison, du moins physique, de la personne pour qui l’on a tant prié. Comment continuer alors sa relation en paix avec Dieu, et même grandir ans l’amour du Père ? Le père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la maison pontificale, répond au questions d’Il est Vivant !

Il est vivant :Que penser du fait que des personnes pour lesquelles on a tant prié ne guérissent pas ? Qu’elles n’ont pas assez de foi, ou que ceux qui ont prié pour elles n’avaient pas assez de foi ?

Père Raniero Cantalamessa : Malheureusement dans certains milieux on le pense, mais c’est faux. On ne fait alors qu’ajouter une souffrance à une autre. Je me souviens d’avoir rencontré une laïque consacrée en Afrique. Elle boitait, on avait prié souvent pour sa guérison. À la fin, on l’avait renvoyée en lui disant qu’elle manquait sans doute de foi. Elle avait vécu alors des années avec la maladie et un fort sentiment de culpabilité. Jusqu’au jour où elle changea de prière : « Seigneur, j’accepte de boiter toute ma vie ; mais tu dois me promettre qu’arrivée au paradis, tu me feras danser parce que je suis née pour danser ! »

Dieu a deux façons de secourir et de montrer sa puissance : ou en enlevant le mal, ou en donnant la force de le supporter d’une façon nouvelle
Si ne pas guérir signifie toujours manquer de foi, alors les saints ont eu moins de foi que tous, car certains ont été malades toute leur vie. Quand saint François mourut, les médecins estiment aujourd’hui qu’il avait une dizaine de maladies graves. Les saints ont guéri les autres mais ont vécu avec leur maladie. Quand saint Paul a demandé par trois fois au Seigneur de lui ôter une épine dans la chair, que lui a-t-il répondu ? « Ma grâce te suffit ; ma puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Co 12, 9).

Il est vivant : Si le manque de foi n’explique pas la “non-guérison”, comment la comprendre ?

Père Raniero Cantalamessa : Dieu a deux façons de secourir et de montrer sa puissance : ou en enlevant le mal, ou en donnant la force de le supporter d’une façon nouvelle, libre, et finalement joyeuse, s’unissant au Christ et « complétant ce qui manque encore à sa Passion pour son corps qui est l’Église » (Col 1, 24).

Nous devons être en communion avec nos frères malades dans leur corps. Les présenter à Jésus, comme ceux qui ont passé le paralytique par le toit de la maison, avec compassion. « La compassion, dit saint Grégoire de Nysse, est l’organe à travers lequel s’exerce le ministère de guérison. »

Quand il s’agit du prochain, nous devons être hardis avec Dieu. J’ai lu quelque part cette anecdote. Face à la maladie d’un de ses frères, un saint moine s’adressa à Dieu en disant : « Ô Dieu, que tu veuilles ou ne veuilles pas, guéris ce frère ! » C’est une hardiesse qu’il faut laisser aux saints ; plus humblement, nous pouvons dire ce que les soeurs de Lazare dirent un jour à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »

Il est vivant : Devant la souffrance, celle de Jésus lui-même, comment croire en la bonté du Père ?

livre pere Cantalamessa
C’est Jésus qui, particulièrement dans sa Passion, nous montre le vrai visage du Père. L’expression « Dieu n’a pas épargné son fils », son propre Fils, signifie qu’il ne se l’est pas réservé, qu’il ne l’a pas considéré comme un trésor jalousement gardé. Le Père n’est pas seulement celui qui reçoit le sacrifice de son Fils, mais aussi celui qui fait le sacrifice de nous donner son Fils ! « Comme tu nous as aimés, ô Père de bonté, toi qui n’as pas épargné ton Fils unique mais l’as livré pour les pécheurs que nous sommes ! Comme tu nous as aimés ! »1 Et nous qui fuyions loin de ta présence, parce que nous croyions que tu nous haïssais !

Communiquez à un petit enfant la certitude que son papa l’aime et vous aurez fait de lui une créature forte, pleine d’assurance joyeuse et libre dans la vie. Et Dieu veut nous rendre cette assurance. On ne peut vaincre la solitude de l’homme dans le monde que par la foi en l’amour de Dieu le Père. « L’amour paternel de Dieu – a écrit un grand philosophe – est l’unique chose inébranlable de la vie, son point archimédique. » J’ai lu qu’un jour un acrobate fit un exercice : il se pencha dans le vide du dernier étage d’un gratte-ciel, en équilibre sur la pointe des pieds et tenant son enfant dans ses bras. Lorsqu’ils furent redescendus, quelqu’un demanda à l’enfant s’il avait eu peur de se retrouver dans le vide à cette hauteur, et l’enfant, surpris de la question, répondit : « Non, j’étais dans les bras de papa ! »

C’est ainsi que notre Père des cieux souhaite que nous soyons envers lui. Sûr de son amour et qu’il est « avec nous » dans toute souffrance traversée. Après avoir rappelé qu’il n’a pas épargné son propre Fils pour nous, saint Paul éclate d’un cri de joie et de victoire : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Qui nous accusera. Qui nous condamnera ? Qui nous séparera de l’amour de Dieu : l’épée, la peur, l’angoisse, les complexes, le monde, les maladies, la mort ? Mais en tout cela, nous sommes plus que vainqueurs, grâce à celui qui nous a aimés ! » (cf. Rm 8, 31-37.) Donc, finis les peurs, finis les découragements, finies les pusillanimités ! Le Père sait tout cela et il vous aime, dit Jésus ! « Vous n’avez pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte ; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba ! Père ! » (Rm 8, 15.)

Il y a une chose, nous dit Jésus, que vous pouvez faire, que j’ai faite et qui rend le Père heureux : faites-lui confiance, fiez-vous à lui, contre tout, contre tous contre vous-mêmes ! Lorsque vous êtes dans les ténèbres, quand les difficultés menacent de vous étouffer et que vous êtes sur le point de capituler, reprenez- vous et criez : mon Père, je ne te comprends plus, mais je me fie à toi ! Et vous retrouverez la paix. Il est écrit qu’au sixième jour de la création, Dieu regarda tout ce qu’il avait fait et vit que « c’était une chose excellente » (Gn 1, 31). Le Vendredi saint, qui est le sixième jour de la nouvelle semaine créatrice, Dieu le Père regarde sa création et voit que, grâce au sacrifice de son fils, à nouveau, tout est « excellent ». À nouveau, « Dieu se réjouit dans ses oeuvres » (cf. Ps 104, 31).

Et si de notre monde malade montent vers le ciel tant de cris de révolte, tant de blasphèmes, tant de malédictions, faisons nôtres les paroles de l’Apôtre et crions du plus profond de notre coeur, au nom de tous les hommes de la terre : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus- Christ!» (Ep 1, 3.)

Article extrait du magazine Il est vivant ! n°344.

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