Fini le « on a toujours fait comme ça », le Pape nous invite à changer nos habitudes et renouveler nos pratiques pour annoncer Jésus au monde ! Interview croisée d’Anne-Claire et Ludovic Verscheure, responsables de la session du 9 au 14 août, et du père Luc Pialoux, prêtre accompagnateur de la session.
Une session sur la transformation pastorale… c’est-à-dire ?
On devrait plutôt parler de la transformation missionnaire de l’Eglise en sortie qui passe par la transformation des paroisses.
C’est le grand appel lancé par le pape François, dès le début de son pontificat, en 2013, dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (n° 25, 27, 33).
« Ce que je veux exprimer ici a une signification programmatique et des conséquences importantes. J’espère que toutes les communautés feront en sorte de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour avancer sur le chemin d’une conversion pastorale et missionnaire, qui ne peut laisser les choses comme elles sont (…) J’imagine un choix missionnaire capable de transformer toute chose, afin que les habitudes, les styles, les horaires, le langage et toute structure ecclésiale devienne un canal adéquat pour l’évangélisation du monde actuel, plus que pour l’auto-préservation (…) La pastorale en terme missionnaire exige d’abandonner le confortable critère pastoral du “on a toujours fait ainsi”. J’invite chacun à être audacieux et créatif dans ce devoir de repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices de leurs propres communautés (…) ».
François nous invite à nous laisser renouveler dans notre façon d’être missionnaire car il y a urgence à ce que le monde connaisse Dieu. Force est de constater qu’aujourd’hui, l’Eglise a du mal à répondre à cette urgence.
Il ne s’agit donc pas d’une session pour se dire qu’il faut évangéliser toujours plus, mais il s’agit de prendre au sérieux cet appel à un véritable changement car on ne peut plus continuer comme avant. Nous sommes sortis d’une période de chrétienté, comme l’illustrent plusieurs livres qui ont été publiés récemment*. Le monde change et la place de l’Eglise dans ce monde aussi. Par conséquent, notre manière d’annoncer Jésus et de témoigner de notre foi aux non-croyants doit changer également.
L’objectif de cette session est donc de susciter un enthousiasme face à ce changement qui engendre inévitablement peurs et appréhensions mais qui emporte aussi avec lui son lot de surprises et de promesses…
La transformation pastorale concerne donc seulement les paroisses ?
Non, tout le monde est concerné. Une paroisse porte du fruit lorsqu’elle est orientée vers l’extérieur tout en étant enracinée dans le Christ. L’idée est dès lors de se remettre en marche pour aller chercher ceux qui sont loin de l’Eglise, les aider à percevoir un peu plus la lumière de Dieu afin qu’ils deviennent disciples-missionnaires ! Mais la transformation missionnaire de l’Eglise, c’est aussi une responsabilité personnelle de chaque chrétien de se soucier de la conversion du monde. Et la conversion du monde passe par notre propre conversion, la transformation de notre cœur, le décentrement de notre regard : arrêter de se regarder soi-même et se tourner vers ce monde qui meurt de soif et ne le sait pas.
Concrètement, la transformation pastorale, comment ça marche ?
Depuis son Ascension, le Christ nous a donné son Esprit-Saint qui continue de souffler dans notre monde actuel : l’Esprit Saint a inspiré de nombreuses initiatives qu’il est intéressant d’observer, d’analyser, d’essayer de comprendre. Se laisser inspirer, conduire, pour renouveler nos paroisses, c’est d’abord se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint, à l’écoute du monde, à l’écoute du Christ mais aussi à l’écoute des expériences déjà engagées de transformation pastorale. Depuis une dizaine d’année plusieurs paroisses confiées à des prêtres et des laïcs de la communauté de l’Emmanuel, en lien avec d’autres paroisses, ont initié ensemble un chemin de conversion missionnaire. Et l’on voit que cela porte des fruits. Un séminaire sur la transformation pastorale a même eu lieu, en partenariat avec Alpha France, et a été recueilli dans un livre**. Cela nous motive à encourager les paroisses qui ne se sont pas encore lancées dans l’aventure.
C’est ainsi, en étant à l’écoute, que nous pourrons changer nos cœurs, oser sortir de notre zone de confort et entrer sans peur et résolument dans ce grand défi.
Et pendant la session ?
Notre intuition est de permettre à chacun, quel que soit son point de départ, de faire un pas de plus vers Dieu, dans cette optique de la transformation missionnaire de l’Eglise. Si chaque membre se laisse transformer, alors l’Eglise entière sera transformée.
Pour cela, via la présence de nombreux intervenants, nous allons proposer aux participants de vivre un itinéraire tout au long de la session : accepter de se tourner entièrement vers Dieu, à travers la prière, avec nos forces mais aussi avec nos vulnérabilités ; découvrir l’importance de la vie fraternelle pour faire de l’Eglise notre famille ; se former pour devenir un disciple conduit par l’Esprit-Saint ; vivre une expérience de service ; rebâtir l’Eglise en annonçant la Bonne Nouvelle de l’Evangile.
Autrement dit, initier les participants aux 5 essentiels de la vie chrétienne ?
Oui, exactement. La vie de prière, la vie fraternelle, la formation, le service et l’évangélisation sont les 5 essentiels de la vie chrétienne, les indispensables, les incontournables. Ils sont les piliers fondateurs de la vie chrétienne, jusque-là rien de nouveau. Mais nous voulons aussi témoigner de l’action centrale et essentielle de l’Esprit-Saint qui permet, non pas de réinventer l’eau chaude, mais de réinventer de nouvelles modalités d’acheminer l’eau chaude jusqu’à nos contemporains.
* La fin de la chrétienté, Chantal Delsol, Editions du Cerf
Comment notre monde a cessé d’être chrétien ; Anatomie d’un effondrement, Guillaume Cuchet, Seuil
** Changer. Guide pratique et passionné pour des paroisses transformées, un collectif de prêtres et de laïcs, Editions de l’Emmanuel
