« La rencontre ? C’est le cœur de notre mission » – Témoignage de Marie-Charlotte et Thibault

« Vivre avec », c’est l’expérience de Marie-Charlotte et Thibault, ce couple qui s’est mis pour un temps au service d’une paroisse à la campagne.

Vignette Famille rurale MC et Thibault

Marie-Charlotte et Thibault Nous habitons depuis deux ans dans un village près de Clermont-Ferrand. Depuis quelques années, nous avions le désir de nous mettre au service de l’Église et, par un concours de circonstances, nous avons rencontré le père François-Marie, qui formait de son côté le projet de vivre une vie de communauté dans une nouvelle maison paroissiale. C’est là que nous vivons actuellement et, au cœur de cette maison, il y a un oratoire. Au quotidien, nous essayons de prier tous les jours ensemble (offices, adoration, eucharistie…), et d’inviter François- Marie à déjeuner régulièrement. Nous nous voyons souvent pour travailler ensemble, pour échanger, ou pour vivre des soirées paroissiales (dîner paroissial chaque jeudi soir, Ciné Luce une fois par moi, adoration à la paroisse, parcours Alpha etc.). Thibault se rend disponible aussi souvent pour aider à différents travaux de logistique ou de bricolage. Depuis la rentrée, nous avons accueilli deux jeunes de la Mission Isidore1, Hortense et Louis. Ils ont pris une année de césure dans leur vie professionnelle pour se mettre au service d’une paroisse de campagne. Un nouveau prêtre est arrivé aussi, François- Xavier, qui sera curé in solidum avec François-Marie. Ils ont la charge de plusieurs paroisses. C’est une grande joie de partager et de vivre la mission avec eux.

MC Depuis que nous sommes ici, je travaille comme coordinatrice paroissiale, en lien avec le curé et l’équipe d’animation pastorale ; Thibault, lui, est ingénieur chez Michelin.

“On peut vivre heureux par le simple fait de vivre avec Dieu” – Des jeunes confinés en paroisse rurale témoignent

T. La rencontre est au cœur de notre mission. Nous avions envie de vivre tout simplement avec les personnes de notre environnement proche, de partager leur quotidien, en tant que chrétiens. Nous accueillons aussi les personnes qui viennent à la maison paroissiale. Ils découvrent souvent à cette occasion un visage de l’Église auquel ils ne s’attendaient pas.

MC Le fait de vivre sur place facilite beaucoup les rencontres. Nos enfants sont scolarisés dans l’école du village. Nous allons aussi faire nos courses dans la rue principale du village pour fortifier nos relations avec chacun et être intégrés. Le boulanger est un jeune homme qui s’est préparé au mariage sur la paroisse ; à la crèmerie, c’est une maman de l’école ; la coiffeuse a fait baptiser ses enfants et souhaite garder un lien avec la paroisse ; plusieurs parents de l’école travaillent dans la “grande surface” du village… Petit à petit, les liens se créent, se consolident. Les activités musicales et sportives des enfants facilitent les choses aussi. Les parents se rendent service les uns aux autres. Quand on rencontre quelqu’un dans le village et qu’il nous demande « Où habitez-vous ? », on a la joie de lui répondre : « Dans la maison paroissiale. » Cela permet d’engager une discussion assez facilement. Nous retrouvons souvent nos voisins sur le chemin de l’école. Ils ont été les premières personnes du village à nous accueillir, c’est-à-dire à nous dire « bonjour » et à discuter très simplement. Lorsque nous parlons de la paroisse et de notre engagement, nos amis s’ouvrent et commencent à nous raconter leur chemin avec l’Église. Pour certains, ils s’en sont éloignés, pour d’autres qui ont vécu une grande souffrance, ils restent en lien mais ce lien est fragile… Cela permet de nous mettre à l’écoute, d’entendre ce que vivent nos frères, et de s’interroger : comment l’Église peut-elle rejoindre telle personne, là où elle en est, dans ce qu’elle vit, profondément ? Et nous portons chacun dans la prière, afin que le Seigneur nous aide à trouver les bons mots pour le toucher, et lui manifester son amour infini.

T. Quelqu’un m’a dit un jour que le chrétien est celui qui a pour mission de « faire le premier pas » dans la relation. Je trouve cela très juste. La joie de la rencontre, c’est de prendre le temps de connaître les personnes, d’être proches d’elles. J’ai pour ma part choisi de ne plus travailler que 3 jours par semaine afin d’être plus disponible à ces rencontres. Je pense à Jean- Marc, un papa de l’école. Après avoir déposé les enfants à l’école, on prend souvent un café ensemble pour faire mieux connaissance, échanger. Ce sont de beaux moments pour la mission. Je pense aussi à notre voisine Angela, une personne âgée, que nous allons visiter de temps en temps avec les enfants. C’est pour elle une grande joie de les voir chez elle.

MC Nous souhaitons être ce visage de l’Église qui va « au chevet » de ses enfants, comme dit le pape François. Et on est toujours impressionnés par ce qu’il se passe après ce fameux premier pas. C’est à la fois très simple et très puissant ! Quatre mois après notre arrivée, de nouveaux voisins ont emménagé : une jeune mère célibataire, et Antoine, son fils de 4 ans. Cette jeune maman, Aurélie, a témoigné qu’elle avait été très touchée par notre accueil. C’était une période difficile pour elle : elle venait de se séparer du père de son enfant. En allant lui souhaiter la bienvenue, je lui ai demandé de quoi elle avait besoin. Et on a passé la soirée à monter ses meubles : son fils arrivait le lendemain, et elle voulait que tout soit prêt. Un lien d’amitié est né, qui perdure aujourd’hui alors qu’elle a quitté cette maison. Elle a suivi un parcours Alpha, et emmène maintenant Antoine au CAP Famille2. Très souvent, nous sommes dépassés par ces rencontres et ces amitiés qui se nouent très simplement.

T. Marie-Charlotte cultive un bout de potager avec des personnes de la paroisse qui lui apprennent un tas de choses…

MC Quelle est la bonne saison pour planter, récolter… Une vraie école de vie !

T. C’est une vraie joie pour nous de redécouvrir comment la nature fonctionne.

MC Et on s’aperçoit que c’est un très bon terreau pour de belles relations. Le fait de planter, de semer devient un moyen de rencontrer et de créer de vraies amitiés. Par exemple, Maurice est mon “maître potager” : il m’apprend énormément. Mais ce faisant, il me raconte son enfance à la ferme avec son frère, son père paysan, sa mère courageuse et fatiguée par ses enfants, sa jeunesse et son travail à l’usine, tout ce qu’il y a appris, ou encore ses aventures dans le village avec ses cousins… je suis impressionnée par son sens du travail, son goût de l’effort. Pendant ce temps-là, sa femme Josiane passe beaucoup de temps à créer des liens entre les personnes, à appeler les personnes seules, à être une présence auprès de ceux qui en ont besoin, à rendre service aux uns et aux autres. C’est fantastique d’être là où nous sommes avec toutes ces personnes ! Quelle école ! Nous n’avons pas eu la même vie, mais aujourd’hui, nous sommes devenus très proches, nous les appelons nos « grands-parents locaux ». Toutes ces personnes que nous avons rencontrées nous donnent envie de rester dans ce village. Il y a en plus beaucoup d’avantages ici : des commerces, une gare, une école, du sport, une école de musique… Nous vivons concrètement cette expérience que le Seigneur nous précède en tout, et nous conduit. Puissions-nous être toujours plus disponibles ! ¨

1. La Mission Isidore est une année de volontariat au service de l’Église en milieu rural, ouverte aux jeunes à partir de 18 ans : une année pour mettre ses talents au service de l’Église et de l’annonce du Christ, et partir à la rencontre du monde rural en France. Ce volontariat, vécu en équipe et dans une paroisse rurale, s’articule autour de trois piliers fondamentaux : prière et vie fraternelle, mission et service. Cette mission prend le nom de Saint Isidore le Laboureur, ouvrier agricole et saint patron du monde rural. www.mission-isidore.fr

2. CAP Famille : Une nouvelle proposition de catéchèse pour tous et adapté à chaque âge (éveil à la foi, enfants de CE, enfants de CM et parents), avec une louange et une messe.


Voir aussi


Vignette jeunes Wemps Normandie 2020

“On peut vivre heureux par le simple fait de vivre avec Dieu” – Des jeunes confinés en paroisse rurale témoignent

Clarisse et Alexandre, jeunes membres de la Communauté de l’Emmanuel étaient confinés en paroisse rurale, dans la paroisse Notre-Dame de ...

Cet article fait partie du dossier thématique :Laudato si, un nouvel art de vivre ? →

Le magazine Il est vivant a publié le numéro spécial :

IEV n°349 - Un nouvel art de vivre ? Se procurer le numéro →

Recommandez cet article à un ami

sur Facebook
par Whatsapp
par mail