À la rentrée 2019-2020, Stéphane Palaz, curé de Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant (Paris), a décidé de commencer l’année sous le signe de la gratitude.
Tandis que l’on gravit la colline de Ménilmontant (Paris XXe), le clocher de Notre-Dame de la Croix surgit entre deux immeubles. Curé de cette paroisse située dans un quartier populaire, au nord-est de Paris, le père Stéphane Palaz a décidé à la rentrée dernière de lui donner un élan nouveau. Après en avoir informé ses ouailles, il a en effet décliné le Parcours gratitude en homélies, cinq dimanches d’affilée. Sa motivation ? « La gratitude, dans la vie chrétienne, c’est quand même “la base” », rappelle le prêtre en esquissant un sourire. « L’Eucharistie, c’est le mouvement propre du Fils, qui nous fait rentrer dans son action de grâce au Père. Il l’apporte au cœur de nos vies et nous apprend à en vivre. » Pourtant, cette réalité théologique est trop souvent méconnue et la pratique de l’action de grâce, oubliée. « La pédagogie du parcours de Lionel Dalle aide à reprendre conscience de l’importance de la gratitude. Et les exercices proposés nous font rentrer concrètement dans la pratique de cette vertu. Ce sont de vrais exercices spirituels. » Pour imaginer le format adapté à sa propre paroisse, le père Palaz est parti de ce constat : lors de la messe dominicale, il pourrait toucher 450 personnes environ, contre quelques dizaines seulement s’il proposait le parcours en soirée. Le choix était donc simple à faire. Après avoir synthétisé le “topo” initial d’une heure en une homélie de quinze à vingt minutes, il s’est lancé. Le premier dimanche, un livret a été distribué aux paroissiens, accompagné d’un crayon aux couleurs de la paroisse et du parcours. « Beaucoup sont d’emblée entrés dans le jeu. Ils prenaient des notes et, de semaine en semaine, faisaient les exercices, constate-t-il. Plusieurs m’ont dit qu’ils y trouvaient un grand bienfait. Quelques personnes m’ont ainsi confié : “Cela change ma vie.” » Une trentaine de paroissiens ont même décidé de se retrouver en petit groupe en dehors de la messe, afin de partager et de s’encourager les uns les autres, heureux d’entrer ensemble dans cette dynamique nouvelle. Faire mémoire de l’œuvre de Dieu parcourt toute la Bible et la vie de l’Église. Cela actualise la grâce dans nos vies. Mais s’appliquer à la vivre personnellement et concrètement peut changer radicalement notre regard note le prêtre. « Par exemple, quand on fait l’exercice “Regarder les quinze moments exceptionnels de sa vie”, c’est très beau. Très vite, on peut d’ailleurs trouver beaucoup plus que quinze moments ! » Le plus difficile est, comme toujours, de persévérer. « C’est comme quand on fait un régime, plaisante-t-il. Les vieilles habitudes ont vite fait de revenir ! Une fois cependant qu’on a pratiqué ces exercices, l’âme est marquée par le goût d’une liberté nouvelle. Car rendre grâce, ça libère du murmure. Cela nous sort de notre subjectivité, de nos étroitesses, pour nous faire rentrer dans l’objectivité du don de Dieu. » Le récit d’une telle expérience en paroisse ne peut que susciter l’action de grâce !