La liberté enchainée, une réflexion sur la liberté intérieure

Qu’est-ce que la liberté intérieure ? Nous vous partageons ici une méditation d’un étudiant de l’ESM Rome sur la question de la véritable liberté, méditation motivée par les conditions du confinement.

Article traduit de Freedom in chains

Imaginez une situation dans laquelle vous pouvez choisir entre les deux scénarios suivants : vivre en captivité complète pendant 20 ans, puis mourir ; ou vivre en liberté pendant un an, après quoi la mort vous attend. Que choisiriez-vous ? Votre réponse dépendrait probablement de la façon dont vous percevez la liberté – ce qu’elle représente et ce qu’elle contient. Par conséquent, il est important, de commencer par définir correctement le sens des termes dont nous parlons.

Dans le Catéchisme de l’Église catholique, on peut trouver la définition suivante: “La liberté est le pouvoir, enraciné dans la raison et la volonté, d’agir ou de ne pas agir, de faire ceci ou cela, de poser ainsi par soi-même des actions délibérées. Par le libre arbitre chacun dispose de soi. La liberté est en l’homme une force de croissance et de maturation dans la vérité et la bonté. La liberté atteint sa perfection quand elle est ordonnée à Dieu, notre béatitude.” (CEC 1731).

La liberté a deux polarités. Nous pouvons parler de liberté interne ou externe. La liberté extérieure implique une vie sans captivité physique, une vie sans esclavage, une vie dans laquelle nous pouvons nous exprimer librement, nous déplacer et agir librement sans mettre en danger les autres. La liberté intérieure va chercher beaucoup plus profondément, jusqu’au cœur de notre être. Ne pas avoir de liberté intérieure signifie être privé de tout contrôle sur nos pensées. La liberté intérieure permet au mental, à la volonté et aux pensées d’être enveloppés dans le manteau de l’indépendance et de se développer en participant à la source de la vérité et de la bonté.

Chaque jour, le mot «magique» liberté est sur les lèvres du monde d’aujourd’hui. Cette «magie» se manifeste dans le fait que la liberté est divinisée. C’est comme si la liberté était devenue un dieu aujourd’hui. C’est précisément dans ce monde qui glorifie la liberté au quotidien qu’il y a le moins de liberté. Quel paradoxe ! Bien que l’on nous offre quotidiennement différents types de liberté, la liberté réelle et vraie n’est plus offerte. Les vitrines des magasins spirituels du monde n’ont pas offert la vraie liberté depuis longtemps, mais elles essaient de nous séduire avec de «nouvelles» libertés. De toute évidence, la vraie liberté n’est plus à la mode. Chaque saison apporte avec elle une nouvelle mode, et personne ne se pose même la question du passé. C’était, puis c’est passé. Et ce dont on ne parle plus devient démodé et sombre lentement dans l’oubli. L’Esprit de Dieu, omniprésent dans ce monde depuis si longtemps, plus ou moins intensément, est depuis longtemps tombé dans l’oubli. Alors d’autres esprits sont venus, que nous avons nous-mêmes convoqués en rejetant l’Esprit de Dieu. Finalement, nous avons déclaré Dieu mort (Nietzsche) et avons procédé à son enterrement. Cependant, alors que la tombe avait déjà été creusée, nous avons réalisé que l’Esprit ne pouvait pas être enterré, précisément parce que l’esprit n’a pas de corps, puis nous sommes nous-mêmes tombés dans ce trou vide de la mort d’où il n’y a pas d’issue. Dans le vide des ténèbres, nous avons commencé à appeler de nouveaux esprits à l’aide, mais ils ne nous «aidaient» qu’en nous enfouissant plus profondément. Nous avons réalisé trop tard qu’aucun autre esprit ne peut satisfaire les désirs de nos cœurs, sauf le Saint-Esprit qui vient de Dieu.

En rejetant l’Esprit de Dieu, nous avons rejeté la vraie liberté. Donc nous avons inventé puis adopté de nouvelles formes de liberté. Chaque jour, nous sommes confrontés à un large éventail de choix de libertés diverses. Aujourd’hui, chacun peut choisir la liberté qui lui convient le mieux. Nous sommes ceux qui choisissent, qui déterminent quoi et comment – du moins c’est ce dont les esprits de ce monde nous convainquent. Cependant, nous oublions que la possibilité même de choisir la liberté que nous voulons est conditionnée par le choix de ces mêmes libertés par quelqu’un d’autre. Autrement dit, quelqu’un avant nous a déjà mis en place un choix de libertés qu’il nous offre maintenant comme notre libre choix. Une telle compréhension de la liberté n’est-elle pas contraire à sa véritable signification ?

Revenons à notre question initiale du choix. À la fin des deux scénarios proposés, il y a la mort et elle est violente. Le choix proposé est prédestiné par la date du décès. Dans le même temps, le choix proposé nous semble impossible et intangible. Qui est ce quelqu’un (ou ce quelque chose) qui nous oblige à faire le choix proposé ? Il est peut-être plus important de s’interroger sur l’esprit même de la source du choix proposé que sur les deux scénarios mentionnés qui découlent de cette source. Ce n’est pas parce que quelqu’un nous a offert un choix que nous sommes vraiment libres de choisir. Et c’est exactement ce à quoi nous avons réduit la liberté aujourd’hui – la question du choix. Choisir, c’est donc être libre. Nous avons dégradé la liberté en l’abaissant à ses branches les plus basses, puis en la réduisant à un seul segment – le droit de choisir. Nous avons détruit l’arbre entier avec tous ses fruits juste à cause d’une branche. “Car c’est à son fruit qu’on reconnaît l’arbre” (Mt 12:33), et non par la branche coupée qui se dessèche. Une telle branche ne peut pas porter de fruits, mais lorsqu’elle est laissée seule, elle périt et disparaît en poussière.

C’est ainsi que la véritable liberté a disparu de ce monde. Je me demande : quelle sorte de liberté nous attend après la fin de la quarantaine et après la suppression de toutes les mesures prises pour nous préserver du coronavirus ? Aurons-nous une liberté de mouvement partielle ou totale ? Et qu’en est-il de notre liberté intérieure, allons-nous la libérer de la quarantaine ? La liberté imposée n’est pas une liberté libre, mais elle est enchaînée. La liberté ne doit pas être limitée à l’une de ses deux dimensions. La liberté en tant que telle, dans son essence, n’atteint sa plénitude de faisabilité que dans l’unité de ces 2 pôles interne et externe.

Nous devons comprendre ce qui suit : seul Dieu est capable de nous donner le bon choix – celui entre la vie et la mort. Telle est la vraie liberté qui vient de Lui. Parce qu’en choisissant la vie, nous choisissons Dieu, et en choisissant la mort, nous rejetons Dieu. Au contraire, la liberté humaine ne nous donne un choix que dans une seule polarité – la mort. Il n’y a qu’une seule porte qui mène à la vie et un seul chemin que nous devons parcourir. Il n’y a qu’un seul qui est tout en tous, qui est la plénitude de l’être, le Chemin, la Vérité et la Vie. Il n’y a pas de vraie liberté en dehors de Jésus-Christ – tout le reste est une illusion. “C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage.” (Galates 5, 1).


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