Les évèques réaffirment leur lutte contre l’antisémitisme

Pour la première fois, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF) a reçu, lundi 1er février 2021, pour un temps de travail le Grand Rabbin de France, le Président du Consistoire central et le président du CRIF. Les évêques leur ont ensuite remis solennellement  la déclaration « Lutter ensemble contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme sera la pierre de touche de toute fraternité réelle ».

Le père Jean Baptiste Nadler, prêtre de la Communauté de l’Emmanuel (diocèse de Rennes) et auteur du livre : Les racines juives de la messe, (Éditions de l’Emmanuel, 2015) nous livre son analyse sur cet événement. 

Quelle est ta réaction personnelle à cette déclaration? 

aD’abord c’est une déclaration courte, facile à lire et j’invite chacun à le faire. Ce texte condamne avec vigueur l’antisémitisme et l’anti judaïsme, en vue de la fraternité. Je me réjouis profondément de toutes les rencontres officielles et officieuses, de tous les liens d’amitié entre l’Église et les responsables juifs : Président du CRIF, (Conseil Représentatif des Institutions juives de France), Président du consistoire, grand rabbin de France. L’amitié, la fraternité réelle se nourrissent de ces rencontres. “Le dialogue et l’amitié avec les fils d’Israël font partie de la vie des disciples de Jésus”, nous rappelle le pape François au paragraphe 248 d’Evangelii Gaudium

Il y a un double contexte. D’abord, il y a une fortification de l’amitié entre juifs et catholiques, depuis le concile Vatican II, qui constitue une pierre fondamentale sur ce chemin. Et en parallèle, il y a une résurgence des actes antisémites. 

En novembre 2015, différentes instances de la communauté juive avaient remis au cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris la “Déclaration pour le Jubilé de fraternité à venir” qui voulait être une réponse juive à Nostra Aetate 4, la déclaration du concile Vatican II sur les relations de l’Église catholique avec le judaïsme. La déclaration du 1er février poursuit ce dialogue, et le lien avec Fratelli Tutti semble également évident.

Mais il faut noter deux autres éléments : le premier c’est le discours de Mgr de Moulins-Beaufort, le Président de la Conférence des Évêques de France. Dans son contenu, il est remarquable et il faut le lire. Mgr de Moulins-Beaufort parle de la question délicate de l’État d’Israël. Il n’évoque pas un judaïsme théorique mais au contraire bien réel, en rapport avec un livre : la Torah, un peuple et une terre. 

L’autre élément c’est que la conférence des Évêques de France a invité les représentants des principales institutions juives de France, à une séance de travail, chez elle, avenue de Breteuil. Ce n’est pas juste une déclaration face caméra, il y a eu un vrai temps de travail ensemble sur des sujets communs. Mgr de Moulins-Beaufort l’a rappelé dans son discours “ C’est un honneur pour un frère cadet de recevoir la visite de son frère aîné”. L’événement c’est cette “visitation” de nos frères aînés, invités à venir travailler sur des affaires internes. Cette déclaration nous invite à nous poser la question : quelle est la nature de nos relations avec les juifs aujourd’hui? 

Quelle est la différence entre anti-judaïsme et antisémitisme? 

L’antisémitisme est une haine raciale contre les juifs en tant que peuple. Il trouve son expression la plus extrême dans le nazisme et la Shoah. 

L’anti-judaïsme est une approche qui justifie la haine des juifs en s’appuyant sur des arguments théologiques. Il y a un certain anti-judaïsme qui vient des chrétiens. 

Pourquoi cette déclaration intervient-elle maintenant ? 

Les chiffres montrent qu’aujourd’hui il y a une réelle montée des actes antisémite. Ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur, et va parfois jusqu’à se traduire en acte criminels : l’antisémitisme continue de tuer en France, aujourd’hui ! Nos frères juifs connaissent une souffrance et une véritable inquiétude. Il était donc urgent de prendre la parole sur le sujet et de leur apporter notre soutien.

 Par ailleurs, il existe des formes d’antisémitisme déguisé. En France, l’antisémitisme étant condamné par la loi, les personnes antisémites vont donc parfois s’exprimer en remettant en question l’existence même de l’Etat d’Israël. Or, le pape François l’a rappelé à plusieurs reprises, notamment en 2015 lors d’une rencontre avec le Congrès juif mondial: “Il y a peut-être des désaccords politiques entre les gouvernements sur des enjeux politiques, mais l’Etat d’Israël a tous les droits d’exister en sécurité et en prospérité. Une attaque contre l’Etat d’Israël est aussi de l’antisémitisme”

Comment pouvons-nous recevoir cette déclaration aujourd’hui ? Que pouvons-nous en faire concrètement ? 

Nous pouvons recevoir cet événement avec un réel effort de conversion. Les racines de la France sont catholiques. Henri IV a dû se convertir au catholicisme pour devenir roi. Le risque pour un groupe dominant c’est de devenir oppressant. On se souvient aussi de Saint Louis qui a appliqué une politique anti-juive. Il y a un effort de purification de la mémoire familiale : peut-être que dans nos propres familles on a pu rire de blagues antisémites par exemple? 

Nous avons tous un effort à faire pour nous convertir sur ce point. Nous pouvons demander à l’Esprit Saint de nous éclairer. 

Une rencontre “Juifs et cathos” a eu lieu à Paray-le-Monial en 2016, puis un parcours en 2018, quelque chose est envisagé cet été à Paray. Pouvez-vous nous en dire davantage ? 

Cet été un parcours “Découvrir le Judaïsme” pendant la session du 13 au 18 juillet est à l’étude. Et dès que la crise sanitaire sera derrière nous, nous voudrions rééditer la proposition plus audacieuse, permettant notamment de vivre chabbat avec les juifs. 

Plus d’informations sur les sessions de l’été prochain

Retrouvez ici la déclaration ainsi que le discours de Mgr de Moulins-Beaufort.

Le texte de la déclaration

«LUTTER ENSEMBLE CONTRE L’ANTISÉMITISME ET L’ANTIJUDAÏSME SERA LA PIERRE DE TOUCHE DE TOUTE FRATERNITÉ RÉELLE»

Paris, le 1er février 2021,

Monsieur le Grand Rabbin,
Monsieur le Président du Conseil représentatif des institutions juives en France,
Monsieur le Président du Consistoire,
Mesdames et Messieurs,

Vous recevoir aujourd’hui au sein de la maison de la Conférence de évêques de France est pour nous un honneur et une joie. Votre venue réveille aussi un devoir, je le dirai.

Pour vous saluer aujourd’hui, je suis accompagné par les membres du Conseil permanent: les deux vice-présidents et 7 évêques choisis par l’ensemble de leurs pairs selon des critères variés pour assurer la continuité entre deux assemblées plénières. Le Conseil permanent se réunit un jour et demi ou deux jours et demi tous les mois. Nous vous accueillons donc au cœur de nos travaux ordinaires au service de l’Église en France et cela est significatif.

Un tel événement n’avait pas encore eu lieu. Les rencontres un peu solennelles entre nous se sont tenues dans des endroits marqués par l’histoire. Cette maison-ci, plus modestement, regroupe, depuis dix ans, à peu près l’ensemble des services nécessaires à la vie de l’Église catholique en France. Certains d’entre vous la connaissent, d’autres la découvrent peut-être. Vous recevoir ici, vous tous qui représentez la diversité et la richesse des institutions et des œuvres du judaïsme en France, est un honneur, parce que c’est une marque de confiance que vous nous faites à nous, évêques catholiques. Même si cette rencontre ne marque pas un anniversaire solennel, même si elle ne veut pas être un moment d’importance universelle, comme avait pu l’être la déclaration de Drancy, le seul fait qu’elle s’inscrive dans la trame des contacts que nous tissons au fil des années mérite d’être remarqué. Cette trame s’enrichit progressivement des travaux que nous menons ensemble, des multiples contacts entre notre Conférence et les différentes instances de la communauté juive en France, notamment au travers de notre Service des relations avec le judaïsme, des rencontres qu’ont régulièrement le Grand Rabbin de France et le Président du Consistoire et le Président de la Conférence des évêques, dans le cadre fréquent désormais des relations de l’État avec les cultes et du CRCF, s’ajoutant aux liens variés que plusieurs évêques peuvent avoir avec vous ou avec d’autres rabbins ou responsables juifs dans leurs diocèses. En vous saluant, je réalise aussi la force des liens d’amitié que vous avez pu nouer au long des années avec des chrétiens, notamment des prêtres et des évêques. Étant à l’origine un prêtre de Paris je sais combien l’amitié du Docteur Prasquier, de M. Raphy Marciano et d’Élie Wiesel ont compté pour le cardinal Lustiger ou le cardinal Vingt-Trois. Pardonnez-moi de ne pas tous vous citer.

Le 23 novembre 2015, venant au collège des Bernardins remettre au cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris, la Déclaration pour le Jubilé de fraternité à venir qu’avaient rédigée M. Jean-François Bensahel, le rabbin Philippe Haddad, le rabbin Rivon Krygier, M. Raphy Marciano, M. Franklin Rausky, vous aviez souligné, Monsieur le Grand Rabbin, que les 50 ans qui s’étaient alors passés depuis la déclaration conciliaire avaient été «habités». Vous vouliez dire que la déclaration Nostra Aetate avait été suivie d’effet, que cette parole était devenue action. Je vous en remercie: ces paroles de votre part nous honorent et nous obligent. Vous citiez ensuite la déclaration de Drancy et l’aide apportée par l’épiscopat français dans l’affaire du carmel d’Auschwitz. Mais il vaut la peine de mentionner aussi les rencontres qui jalonnent la vie ordinaire des diocèses, les voyages à Auschwitz auxquels vous faites participer des classes entières de l’Enseignement catholique, les visites de synagogues par des enfants du catéchisme, des liens entre prêtres catholiques et rabbins ou responsables des communautés juives. Que les relations entre nous puissent appartenir presque au tissu ordinaire des jours suscite la joie parce qu’il s’agit toujours de la rencontre de deux frères, l’aîné et le cadet, tous deux issus du même père, tous deux nourris des mêmes sources initiales, deux frères qui ont été en rivalité profonde et qui apprennent à se regarder autrement et qui découvrent celui qui les a engendrés dans une lumière nouvelle. Telle est notre joie ici et maintenant, en vous accueillant.

Je voudrais reprendre les propos qu’un prêtre d’une paroisse parisienne a tenus il y a quelques années, alors qu’il avait été invité, au nom d’une amitié nouée lors de voyages à Auschwitz, à venir sous la tente lors de la fête de Soukkot. Ce prêtre est pour moi un ami, ses propos expriment ce qui est,ou devrait être,le pain évident de nos relations. Après avoir rappelé la recommandation que fit Gamaliel, au milieu du Sanhédrin,à en croire saint Luc dans les Actes des Apôtres, à propos des tout premiers chrétiens, des Juifs bien sûr, ce prêtre commentait: «Notre présence aujourd’hui après deux mille ans, n’est-elle pas un signe de l’œuvre que Dieu fait dans le cœur de tous les hommes, lui qui envoya Jonas vers les païens de Ninive?»C’est cette compréhension-là que la déclaration pour le Jubilé de fraternité à venir traduisait en affirmant que nous avions, Juifs et chrétiens, «pour espérance suprême que l’histoire des hommes a un même horizon, celui de la fraternité universelle d’une humanité rassemblée autour du Dieu Un et Unique». Le prêtre que je cite ajoutait: «Ici, je me dois de témoigner de l’amour profond que nous portons au peuple élu à qui appartiennent l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la Torah, le culte, les promesses, les patriarches(Rm 9, 4-5), et pour nous dont est issu Jésus de Nazareth, surgeon sorti de la souche de Jessé (Is. 11, 1). Car l’Évangile le proclame: “Le salut vient des Juifs”(Jn 4, 22). Ceci fait que toute atteinte portée au peuple juif par les chrétiens est une blessure que nous nous infligeons quelque part à nous-mêmes, et qu’avec vous nous condamnons tout acte d’antisémitisme d’où qu’il vienne».Je fais miennes sans réserve ces paroles et je le fais au nom des membres du Conseil permanent ici réunis mais je voudrais, en leur nom aussi, y ajouter encore quelque chose.

Il me semble que nous pouvons conjointement préciser ce qu’est l’espérance de la fraternité universelle. Nous savons, nous, que la fraternité est donnée au point de départ, elle est donnée par le Père, mais les frères doivent toujours se confirmer mutuellement dans cette dignité. Les frères se jalousent, ils doivent se réconcilier. Ils doivent passer, je reprends une de vos formules, «d’une fraternité assassine» à une «fraternité réconciliée»: «Dieu est heureux quand ses enfants sont réunis », aviez-vous dit, Monsieur le Grand-Rabbin.Les chrétiens ont appris de l’histoire qu’il est redoutable d’être un groupe dominant, car ce groupe risque de devenir oppresseur:la force de cohésion d’un groupe a du mal à supporter ce qui ne s’y laisse pas entraîner. Il est tentant d’exiger de tous les frères qu’ils interprètent l’héritage de la même façon. À la lumière de l’histoire, nous pouvons dire aujourd’hui qu’il est bon que l’humanité reste traversée de différences de religion: elles doivent être acceptées, le jeu entre elles dessine l’aventure spirituelle de tout être humain et de l’humanité entière. Elles nous obligent à chercher notre unité, non pas dans la ressemblance évidente, extérieure, mais dans le travail intérieur auquel nous consentons. Elles nous évitent de croire que nous sommes arrivés au but, que l’humanité a achevé son travail, que l’œuvre de rassemblement puisse se clore ici-bas.

Il y a un aîné et il y a des cadets. Il est rude pour l’aîné de comprendre un jour qu’il lui faudra partager avec les cadets. Il est douloureux aux cadets d’accepter de devoir leur héritage non seulement à la bonté du Père mais aussi à la générosité de l’aîné. Car l’héritage de Dieu ne se divise pas en de multiples parts, il ne se distribue pas en apanage: tous y ont part et chacun a tout.Nous contemplons, nous chrétiens,ce mystère en Jésus, le Fils unique, le Bien-aimé qui n’a pas honte d’être appelé notre frère à nous les humains. Mais tout est dit, je vous cite encore, permettez-le-moi, dans le nom de Yehuda, fils de Jacob et de Léa, dont vient le mot «judaïsme» et qui veut dire: «Je remercie».

Voilà ce qui me conduit à des considérations plus graves. Car, en ce jour, Mesdames et Messieurs, ne nous réunissent pas seulement des motifs de joie. Les motifs d’inquiétude sont nombreux,ils sont récurrents. Nous ne pouvons pas tout bonnement nous féliciter sans retenue des pas franchis les uns vers les autres, les uns avec les autres. L’expression antisémite a en effet retrouvé une vigueur inattendue. Elle n’avait jamais disparu, nous le savons; elle trouve dans les réseaux sociaux des vases d’expansion que rien ne limite vraiment. Notre pays est un pays divisé, fracturé. Certains ont le sentiment d’être privés de leur destin. La tentation de chercher une cause est grande. Désigner un bouc émissaire est une grande tentation et l’Église catholique, de sa longue et dramatique histoire, a appris que le peuple juif, le peuple élu, le peuple aîné de l’Alliance, celui qui porte l’Alliance au nom de tous les autres et en faveur d’eux tous, est facilement désigné pour ce rôle.

La jalousie à l’égard de l’aîné traverse l’histoire. C’est pourquoi nous voulons l’affirmer: guérir les esprits et les cœurs de toute trace d’antisémitisme et d’antijudaïsme est et sera la pierre de touche du chemin vers une véritable fraternité universelle. La déclaration que nous allons signer dans un instant devant vous veut marquer l’engagement des évêques de France.

Il faut la vigilance des lois, mais elle ne suffira pas; il faut les rappels de la morale, mais ils n’y suffiront pas. Il ne suffit pas d’en appeler à la fraternité universelle: celle-ci n’existe réellement que dans le regard porté sur la chair et l’esprit des uns et des autres et le paradigme de ce regard est le regard porté sur Israël, le peuple qui a reçu la Parole de Dieu, la Loi qui libère et fait grandir. Nous l’avons appris non seulement dans le ciel des idées qu’il faut explorer cependant, mais aussi par des personnes qui ont vécu dans leur chair et dans leur esprit, selon des modes divers, le grand drame de la relation entre les frères. Je voudrais citer ici le cardinal Lustiger et aussi le Père Dujardin ou le Père Desbois. Nous travaillons à renouveler ce regard, nous autres, catholiques, en veillant au contenu de nos livres de catéchèse: c’est un des rôles essentiels du service «Catéchèse et Catéchuménat» de cette Maison, pour ce qui concerne les publications et aussi les formations. Quels mots emploie-t-on, quelles images, quels concepts ? Nous avons compris que le peuple élu de Dieu n’était pas que le peuple de l’Antiquité, le peuple «porte-livres» de saint Augustin, mais le peuple juif d’hier et d’aujourd’hui, vivant, répandu à travers les nations, agissant aussi à travers l’État d’Israël. Nous voulons aider nos jeunes à grandir sans image toute faite autre que celle d’un frère aîné à rencontrer et à apprendre à connaître, souvent persécuté, fidèle à la Parole reçue. Nous regrettons de toucher si peu de jeunes aujourd’hui mais nous espérons aider ceux-là à être dans leurs générations des artisans de la fraternité. Nous appelons les prêtres et les diacres, eux qui prêchent chaque dimanche par l’homélie; nous appelons les enseignants en théologie, ceux et celles qui étudient les Écritures saintes mais aussi ceux et celles qui étudient la théologie dogmatique ou fondamentale, à travailler toujours mieux à partir de ce regard nouveau.

Demain, nous autres catholiques, fêterons la présentation de Jésus au Temple. L’épisode est raconté par le seul saint Luc, le moins juif des évangélistes. Il rappelle que Marie et Joseph et Jésus, donc, enfant porté par eux, ont respecté la Loi avec amour, avec précision, sans se dispenser d’un iota de ses préceptes. Dans le Temple, ils ne sont pas accueillis par le Grand-Prêtre ni par un prêtre, mais par Syméon,un vieillard, et la prophétesse Anne, très âgée elle aussi, deux Juifs fidèles qui ne sont pas distingués par leur statut social mais par la vérité de leur existence, longuement façonnée et éprouvée. Syméon prend l’enfant et l’acclame comme «lumière qui se révèle aux nations et gloire d’Israël son peuple». Cet enfant-là ne peut être l’un sans être l’autre. Plus il éclaire les nations, plus les nations s’en laissent éclairer, plus il est la gloire d’Israël, plus Israël est glorifié.Car nous avons, Monsieur le Rabbin, Monsieur le Président du CRIF, Monsieur le Président du Consistoire, Mesdames et Messieurs qui présidez des institutions ou des œuvres importantes du judaïsme français,une tâche commune à mener au service de l’humanité entière: nous savons,nous, que Dieu a parlé aux humains,que sa lumière est avant tout une parole. Il les appelle, Il les met en marche, et cette parole donne aux humains de parler, elle fait que nous avons des choses à dire, à proclamer, à chanter, à discuter.

Un évêque décédé il y a quelques années, acteur discret mais certain du nouveau regard entre nous, Mgr Francis Deniau, évêque de Nevers, l’a dit admirablement en octobre 2006 dans une conférence insuffisamment connue mais remarquable: «Cette référence à une Transcendance qui ne se laisse pas replacer dans la cohérence de l’univers, qui rompt l’ordre du monde, qui ne se laisse approcher que dans l’humilité de la vérité persécutée, pour reprendre le mot de Levinas, Juifs ET chrétiens, nous pouvons en porter le témoignage ensemble, avec la crédibilité que peut nous donner ce témoignage commun dans une différence irréductible.»Le psaume le dit :«Dieu a dit une chose, deux choses que j’ai entendues». Nous pouvons essayer de l’entendre aussi de cette manière. Je vous remercie.

Mgr Éric de Moulins-Beaufort,
Archevêque de Reims, président de la Conférence des évêques de France

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