Le jugement particulier

Quand le rideau se déchirera, un dévoilement !

Par le PÈRE JEAN-MARC BOT
pour Il est vivant! n°345

La meilleure représentation du jugement dernier dans l’Évangile se trouve dans l’entretien de Jésus avec Nicodème : « Car Dieu n’a pas envoyé son fils dans le monde pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé par lui. Qui croit en lui n’est pas jugé ; qui ne croit pas en lui est déjà jugé. Et le jugement le voici. La lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré l’obscurité à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière. » (Jn 3, 16-17). Ce texte nous dit que le jugement n’est pas l’intention de Dieu. Celui qui exerce sa liberté dans la miséricorde échappe au jugement. Le jugement vient de la liberté. Il est un dévoilement : celui d’une vie dans sa vérité. Le jugement, c’est la lumière à laquelle on ne peut plus échapper, juste après la mort. Le bilan est clos. L’évidence se fait du côté de l’âme et du côté de Dieu. Comme dit Jésus : « La mesure avec laquelle vous mesurez servira pour vous. » (cf. Mt 7, 2). C’est une révélation, un rideau qui se déchire, un dévoilement.

L’amour de la vérité et la vérité de l’amour

« Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour », dit saint Jean de la Croix. Plus précisément, sur l’amour de la vérité et la vérité de l’amour. L’amour de la vérité, c’est en réalité la conscience morale droite. Nous prions d’ailleurs à la messe ainsi : « Pour tous ceux dont toi seul connais la foi, la droiture. » Si on est dans l’Église, et qu’on n’a pas une conscience droite, on peut se perdre. Ce n’est donc pas parce qu’on est “catho” qu’on va être sauvé. Et ce n’est pas non plus parce qu’on n’est pas catho qu’on va être perdu. On ne peut pas juger de l’extérieur de la droiture de la conscience des personnes. Si des personnes ne connaissent pas le Christ ou ont rejeté sur terre une mauvaise conception de Dieu, mais ont une conscience droite, cela leur ouvre la voie à la grâce prévenante : c’est-à-dire la foi, l’espérance et la charité minimum pour être sauvé.

Les gestes évoqués par Jésus en saint Matthieu (chapitre 25) pour accéder au royaume des cieux, sont très concrets : nourrir, donner à boire, habiller, accueillir, rendre visite. Rien à voir donc avec un humanitaire show-business. Cela suppose une charité authentique, dans l’esprit de ce qu’écrit saint Paul : « Si je n’ai pas la charité, ce ne me sert de rien. » (1 Cor 13). Dans ce passage, Jésus présuppose un amour en vérité : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » C’est-à- dire considérer tout être humain comme un autre soi-même dans toutes les circonstances possibles. C’est une base compréhensible par tous les êtres humains. Le concile Vatican II dit que nous serons jugés par la conscience morale sur les deux commandements de l’amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toutes tes forces et de toute ton âme et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Celui qui ne nomme pas Dieu ou qui rejette Dieu ou une certaine image de Dieu peut malgré tout avoir une conscience droite à travers l’amour du vrai, du bien, du beau, de l’un, de l’être (les transcendantaux).

Cet article fait partie du dossier thématique :De la mort à la Vie éternelle →

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