« Le carême : chemin vers une vie nouvelle »

Témoignage de Joseph-Marie, baptisé à Pâques 2022.

Baptisé à 48 ans, Joseph-Marie s’est marié religieusement avec Ginette, la mère de ses 5 enfants, 15 jours après son baptême. Son dernier carême en tant que catéchumène a aussi été un temps de fiançailles avec Ginette. Carême conjugal, carême alimentaire, carême spirituel, Joseph-Marie a vécu ces 40 jours en exil. Jusqu’à la porte qui ouvre à une vie nouvelle : le baptême. Il témoigne.

Photo Joseph Marie BantabaLorsque je suis entré en catéchuménat, il était clair pour moi que choisir de devenir catholique cela voulait dire renoncer. Renoncer à mon ancienne vie, renoncer à mes idoles pour le Dieu unique, père de Jésus-Christ. Pour ce dernier carême en tant que catéchumène, nous avons voulu vivre un « vrai » temps de fiançailles avec Ginette, autrement dit une période d’abstinence. Nous avions fait d’autres tentatives auparavant mais nous avions chuté à chaque fois. En relisant mes carnets de note depuis mon entrée en catéchuménat, je me suis rendu compte que ce qui résistait toujours c’était la chasteté. J’étais très marqué par le livre d’Osée et j’avais vraiment le désir d’aimer Ginette et d’aimer Dieu différemment mais je justifiais mes chutes par le fait que j’étais faible. Dieu m’avait fait comme cela et je rendais le Créateur responsable de mes chutes.

Dans la perspective du baptême, il était décisif pour moi de travailler sur ce manque de chasteté. Je voulais découvrir Ginette différemment, la désirer différemment. J’ai compris peu à peu que Dieu nous avait crées avec une volonté. J’ai décidé de vivre l’exil – je dormais sur un matelas par terre dans la chambre de mes garçons – et j’ai offert cet effort à Dieu pendant le carême. Je me suis fait accompagner chaque semaine par un prêtre auprès de qui je venais tout déposer – je ne pouvais pas encore me confesser. A chaque rendez-vous, mon objectif était de pouvoir lui dire que je n’avais pas chuté. Je me suis aussi privé de nourriture pour ne pas avoir trop de forces physiques : le soir, je prenais une soupe, je priais beaucoup et je me couchais tôt. J’ai expérimenté combien le fait de ne pas être encombré de nourriture laissait plus de place dans mon cœur pour aimer Dieu et aimer Ginette. Ces 40 jours ont été une période intense de prière silencieuse et de purification. Je sentais dans mon corps la chaleur de Dieu, à la manière des pèlerins d’Emmaüs dont le cœur était tout brûlant. J’ai remarqué aussi que j’étais plus mesuré, dans la tempérance : je ne dévalais plus les escaliers, je n’utilisais plus mon téléphone que pour les choses essentielles, j’étais plus calme avec mes élèves, je parlais moins vite…

Sobriété dans la nourriture, chasteté sur le plan conjugal, intensité de la prière, j’étais dans le désert, en exil, et les combats n’ont pas manqué : la voiture qui ne démarre pas le dimanche du premier scrutin et que l’on n’arrive pas à réparer, les problèmes d’argent – pendant le carême, mon beau-père est décédé. Pour l’enterrer, nous avons dépensé tout l’argent que nous avions mis de côté pour notre mariage – les combats dans la vie familiale… autant de tentatives de déstabilisations du diviseur. Je savais que des religieuses priaient pour moi et j’ai choisi d’être dans la confiance. Si le Seigneur n’entend pas mes prières, il entend forcément celles de bonnes religieuses. Toutes les difficultés se sont résolues les unes après les autres.

A l’approche de Pâques, j’étais très enthousiaste à l’idée que tous mes efforts allaient s’arrêter, que j’allais pouvoir souffler un peu. Mais, pendant la nuit pascale, envahi par l’Esprit-Saint, je découvre que, désormais, je suis baptisé et que je fais partie de l’armée du Christ. Je suis un combattant et l’heure du repos n’a pas sonné. Je comprends qu’il me faut entrer dans le combat « ordinaire » de tous les jours, pour évangéliser, annoncer, vivre la charité. Ce n’est plus le combat pour m’empêcher d’être baptisé mais le combat car j’appartiens au Christ et non plus aux ténèbres et à cause de cela, le démon me déteste.

J’ai découvert que le baptême n’était pas le sommet d’une montagne, comme je le pensais initialement, mais une porte qui s’ouvre vers une vie nouvelle, une porte qui débouche sur le tombeau vide, car le Seigneur est ressuscité et avec Lui, je suis ressuscité aussi. Pour moi, le carême est vraiment un temps de grâce et d’intimité avec Dieu pour (re)faire l’expérience de l’exil vers une vie renouvelée. Hâte que cela recommence !

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