« La mère des missions est connue partout dans le monde »

Rencontre avec Gaëtan Boucharlat de Chazotte, Secrétaire général des Œuvres pontificales missionnaires pour la France

Propos recueillis par LAURENCE DE LOUVENCOURT

Les OPM fêtent leurs 200 ans en 2022. Selon vous, qu’est-ce qui, de l’inspiration initiale de Pauline Jaricot, est encore vivant aujourd’hui, au cœur de cette institution dédiée à la mission ?

Pauline Jaricot a fondé l’œuvre de la Propagation de la foi en 1822. Cette œuvre existe toujours au service des diocèses de mission, et c’est l’une des quatre œuvres, la principale, des Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM). Depuis sa fondation par Pauline Jaricot, cette œuvre consiste à solliciter de la part des fidèles un soutien missionnaire par la prière et par le don. Parmi ces quatre œuvres, on peut citer également l’Œuvre de l’enfance missionnaire, fondé par Mgr de Forbin Janson sur les conseils de Pauline Jaricot qui a pour but de faire découvrir aux enfants que d’autres enfants dans le monde ne connaissent pas Jésus Christ et pourraient le connaître grâce à leur prière et à leurs dons.

Quelle est la spécificité missionnaire des OPM ?

L’une des grandes spécificités, c’est que la collecte faite à travers ces quatre œuvres se fait dans le monde entier. En d’autres termes, il ne s’agit pas de collecter auprès des « riches » en faveur « des pauvres » mais c’est toute l’Église qui donne en faveur des pays qui en ont le plus besoin. La quête pontificale pour les missions, qui est faite chaque année l’avant-dernier dimanche d’octobre dans tous les pays du monde, est une quête universelle et obligatoire. Par ailleurs, ce sont des œuvres du Saint-Siège. Les OPM sont en quelque sorte le “bras armé” de la politique missionnaire du Saint- Siège. Notre champ d’action est défini par l’Église. Nous travaillons dans les diocèses qui dépendent de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, qui est le dicastère missionnaire du Saint- Siège et qui “gère” environ 1 300 diocèses dans le monde. Tous ces diocèses reçoivent une aide automatique, comme un denier du culte, par les OPM, soit environ 35 000 dollars par diocèse. Ils reçoivent également l’équivalent de 750 dollars par séminariste, soit les 2/3 du coût de leur formation. Des projets spécifiques pourront être financés.

Assez vite, le pape a donc compris l’intuition de Pauline Jaricot ?

En effet, le Saint-Père a tout de suite soutenu son initiative. Rappelons qu’après la Révolution, l’Église et son activité missionnaire étaient à terre. La fondation de l’œuvre de la Propagation de la foi et son incroyable diffusion dans le monde ont donc été une chance pour l’Église ! On peut même penser que c’est grâce à la Propagation de la foi que l’activité missionnaire de l’Église a redémarré. Cette œuvre de laïcs, totalement indépendante, va permettre à tous les catholiques de connaître l’activité missionnaire de l’Église et de soutenir les missions. L’activité de la Propagation de la foi est multiple : être en contact avec les missionnaires ad gentes ; les encourager, les soutenir financièrement ; recevoir de leur part des informations du terrain. À partir de ces informations, la Propagation de la foi va éditer des Annales. Ce sera le journal le plus lu au monde à la fin du XIXe siècle ! Traduit dans de très nombreuses langues, il arrive chez tous les foyers catholiques.

UN LIEU DE MÉMOIRE ET DE MISSION

La maison de Lorette où mourut Pauline Jaricot appartient aux Œuvres pontificales missionnaires. Sa vocation est d’être un lieu de mémoire, de prière, de mission, pour l’Église universelle.
LORETTE – LA MAISON DE PAULINE JARICOT
42 BIS, MONTÉE SAINT BARTHÉLÉMY 69005 LYON.
LA MAISON EST OUVERTE DE 9 H 30 À 12 HEURES ET DE 14 HEURES À 18 HEURES (SAUF LE DIMANCHE MATIN ET LE MARDI).

TOUTES LES DÉLÉGATIONS DES OPM À LYON

L’assemblée annuelle, qui se tient habituellement à Rome, aura lieu cette année à Lyon, à l’occasion de la béatification de Pauline Jaricot, le 22 mai. « Cette assemblée a une dimension administrative et juridique et notamment la décision de distribution des fonds collectés », explique Gaëtan Bourcharlat de Chazotte. « Hormis les attributions habituelles (diocèses, séminaires, etc.), nous finançons également des projets spécifiques : construction d’églises, de centres paroissiaux, de dispensaires, d’écoles, d’orphelinat, l’édition d’ouvrages catéchétiques, etc. »

Un colloque missionnaire ouvert à tous est par ailleurs organisé le 21 mai sur le thème : Avec Pauline Jaricot, de la Congrégation de la propagande à la mission aujourd’hui.

TROIS ANNIVERSAIRES

400 ans de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Avant la création de cette congrégation, l’activité missionnaire était confiée à des pays (le Portugal pour les Indes, l’Espagne pour les Amériques, etc.). Avec sa fondation, l’Église reprend l’activité missionnaire dans son giron.
200 ans de la Propagation de la foi.
100 ans du titre pontifical de cette œuvre et du transfert du siège à Rome.

Cet article fait partie du dossier thématique :Pauline Jaricot, sa spiritualité missionnaire →

Le magazine Il est vivant a publié le numéro spécial :

IEV n°355 - Charles de Foucauld et Pauline Jaricot - L'Évangile en actes Se procurer le numéro →

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