« J’ai quitté la sécurité de ma paroisse pour un projet missionnaire ! »

Témoignage du Père Martin Sinnhuber en Allemagne

Comment déployer son charisme missionnaire dans une structure ecclésiale rigide ? Cette question a habité le cœur du père Martin Sinnhuber pendant de longues années. Après 6 ans de discussions avec son évêque, il franchit le pas et quitte le cocon sécurisant de sa paroisse pour une nouvelle aventure missionnaire. L’occasion de faire l’expérience de la fidélité de Dieu. Il nous raconte.

Pere Martin SinnhuberDepuis la France, il est difficile de s’imaginer la rigidité de la structure de l’Eglise d’Allemagne. Quand j’étais curé de paroisse, la dimension administrative prenait une très grande place dans mon ministère. J’avais 150 salariés, 7 jardins d’enfants, 50 immeubles, qui appartenaient à la paroisse, à gérer. J’étais le responsable de tout cela, comme si j’étais chef d’entreprise. Avec mes confrères prêtres, membres de la Communauté de l’Emmanuel, nous nous sommes rendus compte que cela étouffait notre charisme missionnaire.

Nous avons donc commencé à parler avec notre évêque. Cela a duré des années. Au bout de 6-7 ans, il a accepté que nous quittions notre paroisse pour nous lancer dans un projet missionnaire : une nouvelle forme de paroisse, sans territoire. L’Emmanuel House Münster est née.  

Depuis 2019, nous habitons à Münster, dans le Nord-Ouest de l’Allemagne. Au début, nous n’avions rien : pas de lieu, pas d’église, pas de paroissiens. Nous avons prié ensemble, puis nous sommes partis marcher dans la ville. Le Seigneur nous a montré cette église où nous sommes maintenant. Nous sommes rentrés, nous avons prié de nouveau et puis nous avons rencontré quelqu’un qui était là et que l’on ne connaissait pas. Nous nous sommes sentis à l’aise dans cette église, alors nous lui avons demandé si elle pouvait nous montrer les lieux. Elle nous a ouvert toutes les portes. Pour nous, c’était un signe que le Seigneur nous voulait là et qu’Il était présent et fidèle à nos côtés. Par la suite, nous avons pu rencontrer le responsable de cette église. Cela fait 3 ans et demi maintenant que cette paroisse nous accueille.

Nous avons commencé notre mission très modestement, par une veillée de prière tous les jeudis soirs puis la messe tous les dimanches. Ensuite, nous avons lancé des Parcours Alpha, des petites cellules de gens qui prient ensemble et partagent sur la Parole de Dieu. Puis des Parcours Alpha Couples. Nous sommes très libres dans ce que nous pouvons faire. Petit à petit, une communauté commence à se former. Comme une nouvelle paroisse. Entre 40 et 100 personnes viennent régulièrement et s’engagent à nos côtés. La crise sanitaire nous a obligés à nous lancer sur internet. Toutes les semaines, nous continuons à produire des vidéos de musique qui rejoignent beaucoup de gens.

Nous sommes regardés par nos confrères prêtres avec interrogation, prudence, soupçon, parfois méfiance… comme toujours lorsque quelqu’un se lance dans une aventure peu ordinaire.

Ce qui compte pour nous c’est plutôt de faire l’expérience de la fidélité du Seigneur, qui s’incarne de manière très concrète, notamment sur le plan financier. En Allemagne, les allemands paient des impôts pour les différents cultes. Les paroisses sont donc toutes très bien équipées. Mais si tu sors de ta paroisse, tu n’as plus rien. En ce qui me concerne, mon évêque s’est engagé à me verser un salaire de prêtre. Mais pas pour mes confrères. Il y a donc des moments où nous n’avons pas assez d’argent. Cela me demande de marcher dans la confiance, c’est très nouveau pour moi. C’est incroyable de constater que, jusque-là, le Seigneur nous a toujours donné les moyens dont nous avions besoin.

Par exemple, il y a quelques mois, j’ai célébré l’enterrement d’une personne issue d’une autre paroisse, dont je connaissais la famille. A la fin de l’enterrement, le mari de la défunte est venu me voir pour me remercier. Et pour me dire toute sa reconnaissance, il m’a donné 10 000€. Comme ça !

Cette aventure m’a inspiré le chant « Dieu fidèle » qui proclame la fidélité indéfectible de Dieu qui me touche profondément. Dieu, comme l’aigle avec ses petits, m’a jeté dans la liberté pour que je commence à voler de mes propres ailes, mais Il ne me laisse pas tomber, Il est à mes côtés, Il me protège.

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