Alors que le père Martin Sinnhuber est en train de quitter une situation paroissiale sécurisante mais étouffante, le prêtre allemand est touché par la fidélité indéfectible de Dieu. Une expérience qu’il a voulu partager à travers le chant “Dieu fidèle”. Nous l’avons rencontré.
Père Martin Sinnhuber, comment est né ce chant ?
C’était en 2019. Pour me préparer à un temps de désert, en Jordanie, j’ai lu toute l’histoire de l’Exode dans la Bible. J’ai été particulièrement touché par la fin du livre du Deutéronome, au chapitre 32 : il s’agit du chant que Moïse chante après avoir passé 40 ans au désert. Il voit la Terre promise et il chante alors la fidélité de Dieu.
Ce qui m’a particulièrement marqué c’est le fait que Dieu, dans sa fidélité, est indéfectible. Alors, comme toujours lorsque quelque chose me touche, j’ai pris ma guitare et j’ai commencé à jouer. La mélodie me vient souvent naturellement lorsque je prends ma guitare. Le refrain s’est imposé, puis j’ai médité le cantique de Moïse pour les couplets. J’ai beaucoup aimé la façon dont Dieu protège son peuple, dont il le regarde avec amour, dont il prend soin de lui. De nouveau, j’ai essayé de chanter et de créer une mélodie sur les paroles.
Comment ce texte du Deutéronome vous a-t-il personnellement rejoint dans ce que vous viviez ?
J’ai imaginé ce peuple qui a traversé le désert pendant 40 ans, avec des hauts et des bas ; en ayant parfois confiance en Dieu et en étant parfois dans la méfiance. Jusqu’à être dans le combat. Le peuple s’est mis en colère contre Dieu car il ne comprenait plus comment Dieu agissait. Il s’est senti abandonné par Dieu. Et pourtant, à la fin de ce voyage, ce peuple voit la Terre Promise et comprend alors la fidélité de Dieu. Dieu a toujours été là, au côté de son peuple, indéfectible et fort. Dieu ne se laisse tromper par rien.
Cette fidélité m’a vraiment touché car je l’ai reconnue dans ma vie aussi. Même lorsque je suis pêcheur, Dieu ne me laisse pas tomber.
L’image de l’aigle qui déploie ses ailes pour protéger son petit a beaucoup résonné en moi.
L’aigle jette ses petits hors du nid pour qu’ils apprennent à voler. Mais quand il les voit en difficulté, il se place en dessous d’eux pour les secourir. Je trouve cette image très forte. Car Dieu me jette aussi dans la liberté pour que je commence à voler et quand il voit que je n’y arrive pas seul, il est fidèle et vient à mon secours.
En 2019, lorsque j’ai écrit ce chant, cela résonnait vraiment avec ma situation personnelle puisqu’en 2018, j’ai fait une démarche de sortie de nid, après avoir été curé pendant les 15 années précédentes. J’ai senti cet appel à sortir de la structure sécurisante de la paroisse et à proposer un projet missionnaire qui n’est plus dans une paroisse, ni même avec une église.
Il s’agit d‘un projet missionnaire dans la ville de Munster, en Allemagne. Et j’ai fait l’expérience concrète de la fidélité de Dieu.
A quelle occasion, pouvons-nous chanter « Dieu fidèle » ?
Il peut être facilement chanté pendant une veillée miséricorde. Mais aussi pour l’offertoire ou la communion pendant la messe car ce sont les deux moments où l’on présente notre vie devant Dieu. C’est un bon moment pour chanter notre confiance en Dieu, notre confiance dans le fait que Dieu vient transformer notre vie et qu’il marche avec nous.