Faisons-nous confiance !

Alors que la rentrée est déjà derrière nous mais que se profilent déjà ici et là des reconfinements localisés ou des fermetures de classe, Laurent Nicolas, chef d’établissement de l’ensemble scolaire Saint Jean-Paul II (Loire), revient sur cette épreuve du confinement et nous témoigne des joies et des grâces reçues.

Comment s’est passé le confinement ?

Laurent NicolasSpontanément, j’aurai envie de témoigner de toutes les grâces vécues et reçues pendant ce confinement. Nous nous sommes retrouvés confrontés à des décisions radicales et implacables avec la fermeture des établissements et à une nécessité de s’organiser rapidement pour que l’école continue.

La première pépite de ce confinement est la mise en œuvre rapide de la continuité pédagogique. Tous ont senti que cette situation était exceptionnelle et donc nécessitait une mobilisation, et chacun qu’il soit élève, parent, enseignant… s’est mis à la hauteur de la gravité de l’évènement.

C’est un climat de paix et de bienveillance qui a accompagné le début du confinement et qui a permis d’aller très loin dans le maintien du lien entre les familles et les enseignants mais aussi dans le maintien du lien entre les membres de la communauté éducative. Chacun a accepté de ne pas maîtriser une situation pour se donner corps et âme à son travail.

Il y a eu aussi des merveilles et notamment cette inspiration venue assez vite après le confinement d’organiser quelque chose de non scolaire mais qui soit de nature à garder unis tous les membres de la communauté éducative à travers un projet.

Ce dernier était, simplement, de lancer de façon hebdomadaire des défis culinaires, artistiques… que chaque élève, chaque famille, chaque professeur pouvait relever. Cela a créé une certaine ambiance qui a maintenu l’existence d’une communauté scolaire comme un fil rouge même si, bien sûr, certains ont un peu décrochés pour différentes raisons.

Les professeurs principaux ont aussi joué un rôle assez extraordinaire dans ce confinement pour maintenir une certaine unité et une certaine harmonie dans la manière de travailler. Ils ont dépensé beaucoup d’énergie pour maintenir certains élèves « accrochés » à l’école.

Si vous deviez garder un enseignement de cette période, quel serait-il ?

Nous avons beaucoup plus de capacité, que nous le pensons, à nous adapter à faire face à des situations difficiles et inédites.

Le propre de l’homme moderne c’est justement d’avoir une envie de maîtrise de sa vie, de son temps, de tout ce qu’il entreprend et d’avoir une vision du futur qui le rassure. Avec ce confinement, nous avons été ramené à une réalité de la vie qui est celle du présent, de la vie au jour le jour. C’est difficile dans notre culture de ne plus avoir de maîtrise et pour beaucoup c’était douloureux, angoissant mais peut-être qu’au-delà de tout ça, nous avons appris à vivre le temps présent. Je trouve que cela doit nous donner aussi envie de réfléchir, de penser le temps autrement.

Finalement au-delà du drame qu’a pu être cette épidémie, cela nous a rendu un grand service : nous remettre devant notre finitude, devant nos limites dans une culture et une époque où l’on pense que rien ne peut nous arrêter.

Pour vous, quel défi ce confinement a-t-il mis en lumière ?

Le défi suivant : comment être heureux dans le présent, là où l’Homme met beaucoup de son bonheur en décalage (tout est suspendu à ce qui va lui arriver et non à ce qui lui arrive). Comment aimer notre vie d’aujourd’hui ?

C’est un message très fort pour des jeunes à qui on dit tout le temps « si tu ne travailles pas, cela va être difficile pour toi. Tu ne vas pas avoir un avenir aussi bon que si tu travaillais … » Nous sommes toujours en train de mettre en perspective ce que les jeunes font ou ne font pas aujourd’hui avec ce qui peut leur arriver après. C’est très angoissant pour des jeunes que de toujours les mettre dans cette relation à l’avenir qui sera forcément moins bien que s’ils faisaient telle ou telle chose.

Comment donc donner le goût de vivre dans le temps présent ?

Est-ce que cette crise vous a fait changer votre perception ou la pratique de votre métier ?

L’intuition que j’avais déjà, depuis longtemps, qu’un chef d’établissement doit, d’abord, être disponible et donné à sa communauté éducative est confirmée.

Paradoxalement, j’ai vécu ce confinement comme une « chance » parce que je viens d’arriver dans cet établissement, j’y ai passé sept mois à peine avant le confinement; c’est très court.

Le confinement a suspendu, d’une certaine manière, un certain nombre de dossiers, de priorités et il m’a été donné de m’impliquer beaucoup plus, au quotidien, dans la vie de l’établissement aux côtés des élèves, des familles, des enseignants. Pour moi, cela a été l’occasion d’échanges. J’ai découvert et rencontré beaucoup plus de personnes pendant cette période que si la vie avait suivi son cours. J’aurais sans doute continué à être dans un rythme infernal lié à des échéances, à des dossiers … tout en ayant ce regret de ne pas pouvoir être plus présent.

Un chef d’établissement dans les statuts de l’enseignement catholique c’est quelqu’un qui se caractérise d’abord par le fait qu’il est « le berger » d’une communauté éducative. Est-ce que l’on peut être « berger » en étant les deux tiers du temps dans son bureau ? Pour moi, la réponse est claire, non.

Le challenge, maintenant, est de trouver les moyens pour être plus disponible à la communauté éducative et convaincre chacun que c’est une nécessité à porter ensemble. Il s’agit de vivre une plus grande proximité avec tous afin de développer une culture de communion sous le regard du Christ et avec la force de l’Esprit Saint.

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