L’amour de Jésus présent dans l’Eucharistie est l’un des grands secrets de la vie de Pauline Jaricot. Profondément unie à son Sauveur, elle peut accomplir les œuvres qu’il attend d’elle.
Par ANNE D’HARCOURT
pour Il est Vivant ! 355
Cheville ouvrière majeure des Amis de Pauline Jaricot depuis l’origine de l’association, Anne d’Harcourt a une fine connaissance des écrits de son arrière-grand-tante. Elle est spécialement sensible à l’attachement de Pauline à l’adoration eucharistique et à l’invitation adressée à chacun de nous de l’imiter.
« Jésus se présente à vous sous la forme du pain, parce qu’il est votre vie ; il se présente à vous sous la forme du vin parce qu’il est votre force » telle est la spiritualité eucharistique et le chemin de vie de Pauline Jaricot. Elle a, par grâce, un grand sens de la présence réelle de Jésus en elle.
Dès sa première communion, elle dira : « Que de grâces ont pris racine dans celles que vous m’avez accordées en me nourrissant de vous-même pour la première fois. » Et elle rêve avec son frère Philéas d’être missionnaire ! Déjà ! À cette époque se développaient les premières missions vers les « terres lointaines » et ils rêvaient de partir pour porter le salut aux hommes et s’occuper des pauvres. « Je voudrais avoir un puits rempli d’or pour aider les pauvres jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus un seul dans la misère. »
Quand elle se convertit à 17 ans, elle se donne tout entière, corps et âme à celui qui a embrasé son cœur, son Seigneur bien-aimé, Jésus : « Ce n’est pas moi qui ai choisi le Seigneur, mais c’est lui qui m’a choisie le premier ; j’ai hésité entre Dieu et le monde jusqu’à l’âge de 17 ans où je promis à Jésus Christ de n’être qu’à lui seul. » Ce cœur à cœur va grandir et va déborder dans le cœur de tous.
Sa réponse est simple et pleine à cet appel : faire le bien et elle « se jette » dans l’action : « Je suis faite pour l’action, je veux aller là où les besoins sont les plus grands ! » Nous voyons bien le lien indéfectible entre sa vie contemplative et sa vie de charité. Plus le Seigneur la fait avancer dans la vie spirituelle, plus Pauline se tourne vers les autres et découvre les souffrances des hommes dans leur corps et dans leur âme. « Dieu avait allumé dans mon cœur un feu divin qui le consumait jour et nuit (…) mais je n’en désirais pas d’autre que brûler toujours davantage et aussi communiquer au prochain le feu divin que Dieu avait allumé dans mon âme. »
Mais son confesseur voit en Pauline, qui a 22 ans, une belle âme et craint qu’elle ne se perde dans les œuvres. Il lui demande de se retirer dans la prière et Pauline, docile, accueille avec obéissance ce chemin dur pour elle : « En me donnant sans réserve dans une œuvre, j’en oubliai que Jésus devait toujours en être la source. »
Jésus lui dit : « Quand tu es obligée de parler aux créatures, ne perds pas de vue ma présence en ton cœur (…). Tu ne dois pas sortir de ma présence pour t’occuper des choses de la terre. » D’ailleurs elle reconnaîtra que « si je n’avais pas été retirée de cette activité (…) jamais je n’aurais compris la force et la nécessité de la prière ».
Tellement nourrie par l’Eucharistie et la prière devant le tabernacle, elle écrit en une nuit un livre sur L’Amour infini dans la divine Eucharistie dont voici quelques paroles d’une grande intensité : « L’Eucharistie est le chef-d’œuvre de l’amour infini (…) que dirais-je, Seigneur Jésus ? (…) par ce sacrement, vous avez trouvé le moyen d’unir l’homme si intimement à vous. »
« Devant le Seigneur, recevant la communion, il me permet d’échanger ma faiblesse contre sa force, mon emportement contre sa douceur, mes ténèbres contre sa lumière, mon ignorance contre sa vérité, (…) je puis, si je le veux, (…) parce qu’il me le permet, me perdre en lui et le recevoir en moi en place de moi-même. »
Dans ce cœur à cœur quotidien, elle comprend davantage ce qu’est la volonté de Dieu : « J’ai compris que la volonté humaine était le plus grand obstacle aux desseins de Dieu (…). J’ai entendu dans mon cœur la voix intérieure me dire sous forme d’une image : “J’ai créé chaque espèce d’arbre pour produire chaque espèce de fruits, de même, tu ne dois pas vouloir produire des œuvres que je ne demande pas de toi mais au contraire celles que je demande” », « Laissons faire Dieu et ne soyons pas trop curieux pour savoir où il veut en venir ; si vous n’aimez que sa volonté, elle sera votre trésor ! ». Pauline a une immense confiance en Jésus. Elle sait qu’elle est aimée par lui. Pendant son long chemin de croix pour son œuvre sociale, elle trouvera dans cet acte de foi, les forces nécessaires pour en supporter la rigueur.
Pauline aura toujours puisé dans l’Eucharistie la force et l’élan pour accomplir les œuvres de Dieu. Sa vie aura été une articulation intime et constante entre sa vie spirituelle et sa vie missionnaire, dont elle nous livre le secret : « Pour donner beaucoup aux autres, il faut puiser dans notre propre cœur ; et pour alimenter ce cœur, il faut puiser dans celui de Dieu. »
POUR ALLER PLUS LOIN
– Histoire de ma vie, autobiographie spirituelle, Mame
– Écrits de Jeunesse, Lethiellieux
– L’Amour infini dans la divine eucharistie, Mame
– Pauline Jaricot, Catherine Masson, Cerf.