Comprendre l’œcuménisme réceptif

Prêtre de la Communauté de l’Emmanuel, Jean-Baptiste Siboulet a rédigé un mémoire sur le “Receptive Œcumenism”.  Il revient sur ce sujet qui constitue le cœur du livre d’Henrik Lindell et Pierre Jova : Comment devenir plus catholiques… en s’inspirant des évangéliques.

L’œcuménisme réceptif, c’est quoi ?

JB perso 2Cette nouvelle approche vient d’un théologien anglais : Paul Murray, un laïc catholique. 

En matière d’œcuménisme, depuis Vatican II, le dialogue a entraîné de formidables progrès en termes de compréhension mutuelle et de clarification doctrinale. Mais aujourd’hui, le mouvement œcuménique est marqué par un certain “désenchantement”. Le dialogue se retrouve coincé dans des ornières théologiques dont il a du mal à sortir pour le moment.

L’idée avec l’œcuménisme réceptif, ce n’est plus de dire ce que les autres doivent changer pour que l’on puisse être d’accord, mais au contraire de rechercher ce que l’on peut recevoir des autres traditions chrétiennes pour enrichir sa propre tradition. Cela rejoint tout à fait le propos du livre : comment être plus catholique en s’inspirant de nos frères chrétiens ?

Cela implique pour chaque tradition de faire son autocritique sur ses propres difficultés et d’entrer dans une démarche d’humilité et de conversion, en se mettant à l’écoute des autres.

Au contact d’autres croyants, de quoi, nous les catholiques, avons nous à nous enrichir ?

Un excellent exemple d’œcuménisme réceptif, c’est le Renouveau charismatique catholique. C’est d’abord dans les milieux pentecôtiste, au début du 20ème siècle, que s’est répandue l’expérience de l’effusion de l’Esprit et c’est à leur invitation que des catholiques l’ont découverte pour ensuite la diffuser au sein de l’Église catholique romaine.

En faisant cela, les catholiques n’ont rien perdu de leur identité mais au contraire, ce processus de réception a permis un enrichissement de notre identité et de notre expérience de la vie dans l’Esprit.

Le pape Jean Paul II  parle d’”échange des dons”, c’est exactement ça!

Que pouvons-nous encore recevoir des autres traditions chrétiennes ? 

Chez les anglicans par exemple, il y a une grande place donnée aux laïcs dans les instances de gouvernement et les prises de décisions. Il est aussi prévu une consultation de représentants laïcs du peuple local dans le processus de nomination des prêtres et des évêques. 

Du côté des évangéliques, ce livre montre bien qu’on pourrait s’inspirer d’eux en recentrant un peu plus le contenu de l’annonce sur le coeur de la foi, le kérygme, ou en donnant toujours plus de place à la Parole de Dieu dans nos vies personnelles, ou encore en développant notre sens de l’accueil et de la communauté.

N’y a t- il pas un risque de dénaturation ?

Il ne s’agit pas de tout recevoir tel quel, sans aucun discernement. Comme le dit Paul Murray, l’enjeu est de recevoir “avec intégrité”, c’est-à -dire en gardant la cohérence de notre propre tradition. La réception ne doit pas conduire à une diminution de son identité mais à un enrichissement. Ce que nous recevons des autres traditions doit donc pouvoir être articulé avec notre propre tradition. Par exemple, donner une plus grande place aux laïcs dans les processus décisionnels ne peut se faire que dans une juste articulation avec la théologie catholique du sacerdoce et la mission de gouvernement que le prêtre reçoit du sacrement de l’ordre. C’est le rôle des pasteurs et des théologiens, soutenus par “l’instinct” du peuple de Dieu, d’opérer ce discernement.

EE Comment devenir plus catho 1142x1536 1Comment devenir plus catholiques… en s’inspirant des évangéliques

Un livre pour comprendre le succès des évangéliques pour mieux s’en inspirer

Auteurs : Henrik Lindell et Pierre Jova

Parution : 2 décembre 2020

264 pages

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