« Nous ne voulions pas être des gardiens de ruine ! »
« Associer jeunesse et vieilles pierres est un oxymore » s’amuse Amaury Gomart. C’est pourtant le pari gagnant d’Arcade, l’association qu’il a fondée pendant ses études, avec trois amis, qui mobilise chaque année des centaines de jeunes entre 18 et 30 ans pour qu’ils s’engagent bénévolement en milieu rural à travers la restauration du patrimoine et des actions de lien social.
Il interviendra au Forum Zachée, du 29 mai au 1er juin prochains, à Paray-le-Monial, sur le thème de l’héritage : « Être héritier c’est d’abord apprendre à recevoir, pour ensuite transformer, en vue de mieux transmettre. »

Il est étudiant lorsqu’avec trois amis, désireux de donner du sens à leurs vacances, il fonde l’association Arcade, qui cherche à mobiliser la jeunesse pour la pousser à l’engagement en milieu rural à travers la restauration de patrimoine. 5 ans plus tard, Amaury Gomart est directeur général de l’association qui a déjà mobilisé plus de 1500 jeunes volontaires pour des chantiers de restauration du patrimoine bâti dans les campagnes.
« Notre cible ce sont les jeunes de 18 à 30 ans à qui on propose, le temps d’une semaine ou d’un week-end, de participer à des sessions de chantier pour aider à restaurer des chapelles, des églises, des châteaux, des moulins, des fontaines, des lavoirs… »
Mais pas seulement : « Pour que le jeune qui vient se mettre au service d’un bâtiment, ne soit pas juste au service d’un tas de pierres mais d’un territoire, nous mettons en place des actions de lien social avec les habitants du village et des alentours. »
Une idée directement inspirée de son expérience au sein de l’association Le Rocher qui œuvre dans les quartiers populaires en France, où Amaury a été volontaire pendant un an : « J’ai découvert la force de passer du temps gratuit avec les habitants. Il y a un vrai enjeu autour de la solitude des gens, que ça soit les anciens dans les campagnes qui ont tant à nous apprendre, ou les jeunes qui ont besoin de retrouver des lieux de socialisation vrais et réels. »


Ainsi les chantiers démarrent le matin par un temps de travail, maçonnerie, toiture, débroussaillage, manutention… et se poursuivent l’après-midi par un temps de découverte du territoire, de visite des anciens dans les Ehpad, de repas partagés le soir ou encore de représentations théâtrales. « On a vraiment le désir de réunir les habitants et les volontaires autour d’un lieu qui unifie. »
Associer jeunesse et vieilles pierres peut sembler antinomique : « C’est un oxymore » sourit Amaury. « Pourtant, on a beau être jeune, tourné vers le progrès et la technologie, on ne se retrouve pas dans cette idée que tout se vaut. On a le désir de retrouver une transcendance qui réponde à nos aspirations profondes. Le patrimoine, témoin d’une histoire écrite au fil des siècles, nous permet de nous plonger dans un temps qui dépasse celui de notre propre vie » La jeunesse apporte un renouveau quand les vieilles pierres et le patrimoine sont, eux, porteurs d’une beauté universelle qui touche les cœurs. « Les jeunes sont systématiquement transformés par le lieu qu’ils sont en train de restaurer » témoigne Amaury.

Une transformation qui tient sans doute au fait qu’ils se réapproprient un héritage : « Quand on a fondé l’association, il était très clair qu’on ne voulait pas être une génération de gardiens de ruines. On ne voulait pas juste recevoir notre part d’héritage pour la mettre au coffre-fort. Le vrai héritier est celui qui apprend d’abord à recevoir, pour ensuite transformer, en vue de mieux transmettre. »
Ainsi, sont aidés les lieux de patrimoine autour desquels il existe un projet pour faire vivre le lieu : « Les châteaux, les églises, les moulins… n’ont pas été construits pour faire beau dans le paysage mais avec une fonction précise, religieuse, économique, politique ou familiale. Notre ambition c’est qu’ils soient des lieux où continue à s’écrire l’histoire, pas forcément la grande Histoire, mais la petite histoire des relations humaines et des vies de village, des vies de familles et de communauté. »
Du 29 mai au 1er juin prochains, Amaury Gomart participera au Forum Zachée à Paray-le-Monial, lors d’une table ronde sur l’héritage, avec un message simple et fort à transmettre : « Ma conviction c’est que le patrimoine a des vertus à apporter à notre société, tant sur la redécouverte du temps long que sur le travail manuel, l’effort et même sur la grandeur et la transcendance. »
Arcade en 2025
21 lieux de patrimoine restaurés dans 17 départements
50 sessions de chantier de 5 à 20 jeunes
2 salariés à temps plein et 19 bénévoles pour gérer l’association au quotidien
1500 jeunes volontaires engagés depuis la création d’Arcade fin 2019
90% du financement provient du mécénat
Critères d’un projet Arcade
– Un lieu d’intérêt avec un projet d’intérêt général sur place.
– Des travaux accessibles à des bénévoles qui ne sont pas des professionnels.
– Un accueil de groupe possible
– Des actions de lien social envisageables autour.
– Et un critère un peu plus subjectif : est-ce qu’un jeune de 18-30 ans va être attiré par le projet du lieu ?