Week-end Médecins : « Guérison, vous avez dit guérison ? »

Du 15 au 17 mars à Paray-le-Monial

La 14ème édition du week-end destiné aux médecins, chirurgiens, étudiants en médecine et leurs conjoints, aura lieu à Paray-le-Monial du 15 au 17 mars prochain sur le thème de la guérison, traitée sous l’angle philosophique, humain et théologique. Louange, prière, partage fraternel et enseignements sont au programme de ce rassemblement.

Parmi les intervenants, le docteur Régis Serey partagera son expérience de médecin généraliste et montrera combien l’harmonie des trois dimensions de l’être (corps, âme et esprit) est importante. Une manière de prendre soin de la relation que le patient entretient avec lui-même.

Retrouvez également en fin d’article le témoignage du docteur Pierre Batiste, chirurgien viscéral.

« Prendre soin de la personne malade signifie donc avant tout prendre soin de ses relations, de toutes ses relations : avec Dieu, avec les autres – famille, amis, personnel soignant –, avec la création, avec soi-même. »

Ces mots du pape François sont extraits de son message à l’occasion de la 32ème journée mondiale du malade, le 11 février prochain. Une invitation pour les médecins à ne pas considérer uniquement le symptôme, pour lequel le patient consulte, mais la personne, dans toutes ses dimensions et dans son environnement.

WhatsApp Image 2024 02 09 at 08.49.00Le docteur Régis Serey, sollicité pour intervenir lors du week-end, est médecin généraliste. Depuis quelques années, inspiré par les travaux de Jean-Guilhem Xerri et de Viktor Frankl, il a modifié sa manière d’accueillir et d’écouter les patients. « Je voudrais montrer dans mon intervention qu’on ne peut guérir totalement que si on est en pleine harmonie entre le corps, l’âme et l’esprit. Aujourd’hui, je m’intéresse à la tri-dimension de la personne qui est en face de moi. C’est-à-dire que je cherche toujours, en cas de symptôme physique, quels sont les retentissements psychologiques et spirituels de ce symptôme. »

Il détaille : « La personne humaine a une quinzaine de fonctions, dont 5 fonctions spirituelles naturelles. Le but de ma démarche est de faire découvrir au patient ces fonctions et de voir laquelle ou lesquelles ne sont pas enclenchées. »

L’amour, l’émerveillement, la liberté, la volonté, la transcendance, 5 piliers de notre harmonie.

Aimer : activer sa fonction naturelle à aimer les personnes qui nous entourent permet d’être en harmonie avec soi-même.

S’émerveiller et continuer à le faire même dans l’épreuve. C’est d’ailleurs un des 4 piliers fondamentaux pour résister aux choses difficiles.

Être libre : est-ce que j’ai un espace de liberté ?

Exercer sa volonté : cela reste toujours à ma portée. Il est important de savoir exactement pourquoi on veut guérir, quel est l’intérêt de guérir et si je guéris c’est pour faire quoi après ?

Être orienté vers le transcendant : c’est ce que j’appelle la fonction naturelle de l’identité. Le patient est seul à vivre ce qu’il a à vivre. Il a la possibilité de donner du sens à ce qu’il vit.

Loin d’en faire une philosophie, encore moins une religion, Régis Serey ne poursuit qu’un seul but : que le patient aille mieux au delà du simple traitement. « Pour cela, c’est important d’expliquer aux patients que les fonctions de l’esprit ne tombent jamais malades. Elles peuvent être endormies, atrophiées, sous -utilisées mais peuvent être réactivées à tout moment. A la différence des fonctions du corps qui sont périssables. »

Une source d’espoir pour les malades qui comprennent qu’ils ne sont pas obligés de subir leur maladie mais qu’ils peuvent reprendre en main le pilotage de leur vie.

Est-ce une invitation à consentir au réel ? A cette question, le médecin répond : « Je leur donne les outils pour qu’ils puissent, s’ils le veulent, décider de consentir – d’accepter- ou d’abandonner ou de récupérer des forces au niveau de l’esprit pour atteindre la guérison. La colonne vertébrale de l’homme, c’est sa capacité à se tourner vers l’infini. C’est la capacité de transcendance. Quand on a un malade en face de soi, il faut toujours avoir en tête qu’il est capable de se tourner vers plus grand que lui. Lorsque le malade en prend conscience, alors il peut agir par lui-même. »

Cas concrets à l’appui, le Dr Serey présentera donc, aux médecins présents, la méthode – comment activer les trois dimensions de la personne- et son évaluation.

Puis le week-end se poursuivra avec deux autres intervenants : le père Pascal Ide et le père Christophe Beaublat, exorciste du diocèse de Toulon. 

TEMOIGNAGE

Pierre Batiste a 62 ans. Il est chirurgien viscéral depuis plus de 30 ans et participe au week-end médecin depuis 2009. Il est également membre d’une fraternité de médecins. Il témoigne.

Qu’avez-vous trouvé à Paray au week-end médecins ?

« Ce qu’il y a d’unique et que je n’ai pas trouvé ailleurs, c’est une confraternité entre personnes qui, exerçant le même métier, se comprennent et rencontrent les mêmes problématiques. Notre appartenance chrétienne, avec la coloration de l’Emmanuel, crée un langage commun dans lequel on se retrouve.

Cette confraternité me porte tout au long de l’année. J’exerce une des chirurgies les plus ingrates et les plus redoutables en termes de complication. Quand j’ai un malade qui ne va pas bien, je le remets à la prière des frères. C’est tout simple mais cela a deux effets bénéfiques : le premier c’est de me décharger de mon stress ou de mon inquiétude et le deuxième c’est de mettre en application l’adage d’Ambroise Paré : « Je soigne et Dieu guérit. » Autrement dit, cela me remet à ma juste place en tant que médecin et m’invite à l’humilité.

Au fil des années, vivre la fraternité avec mes frères médecins m’a donné le réflexe, en cas de complication ou de grosse difficulté au bloc opératoire, d’appeler plus facilement mes collègues à l’aide. Ils n’ont pas forcément de réponse miraculeuse à me proposer mais la simple présence d’un autre fait diminuer la tension. Pour moi, c’est une manière d’être cohérent avec moi-même et avec ce que je professe. »

Y-a-t-il une parole de Dieu qui vous inspire au quotidien ?

 « Aujourd’hui, une des paroles de Dieu qui me porte plus particulièrement est tirée du livre de Joël 2, 12 : « Déchirez vos cœurs et non vos vêtements » que la liturgie nous donne le mercredi des Cendres. Il s’agit de se laisser toucher, d’entendre la plainte du patient, qui se transforme parfois en une lamentation infinie, pour pouvoir ensuite entrer dans un interrogatoire fécond qui nous permette de recueillir les informations dont nous avons besoin pour soigner. C’est une des difficultés du métier de ne pas se réfugier dans une sorte de technicité dans laquelle il n’y a plus aucun dialogue. »

Que diriez-vous à des médecins qui hésitent à venir au week-end ?

« S’ils sont chrétiens, je leur dirais qu’un chrétien isolé est un chrétien en danger. Venir à Paray leur permettra d’élargir leur réflexion sur les enjeux qui traversent la médecine aujourd’hui, sur la façon dont la société évolue et dont elle réclame que la médecine évolue. C’est vraiment un des fruits essentiels de Paray selon moi.

Pour ceux qui ne sont pas chrétiens, je leur dirais que le week-end est un lieu de fraternité entre médecins, sans jugement les uns sur les autres, sans recherche d’un perfectionnisme déplacé. Nous venons comme nous sommes avec nos talents, nos doutes, nos faiblesses et c’est comme cela que nous sommes accueillis. Je leur dirais aussi qu’ils pourront écouter des intervenants qui sont intellectuellement de haut-niveau. C’est toujours passionnant, au-delà de la question de la foi. Et ça peut intéresser tout le monde ! »

 

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