Visite du pape en Belgique : un encouragement et une interpellation pour les catholiques

Entretien avec Jacques Galloy, directeur de la radio RCF en Belgique

Très largement impliqué dans l’organisation et la couverture médiatique de la visite du pape en Belgique, Jacques Galloy est directeur de la radio nationale RCF.

Engagé dans la pastorale des jeunes de la communauté de l’Emmanuel, il est la cheville ouvrière du concert du groupe Papamobile, fondé par 4 frères bruxellois lors des JMJ de Lisbonne. Un concert prévu dès jeudi soir à Louvain-la-Neuve.

Enfin, il est co-responsable de la communication du grand événement jeune Hope Happening, qui va se dérouler de samedi matin jusqu’à la grand-messe au stade dimanche matin.

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Installation des écrans à la basilique nationale du Sacré Coeur de Koekelberg ! 

On se souvient de la visite de Jean-Paul II en 1995 pour la béatification du père Damien de Molokaï. La venue de François est donc la première visite d’un pape en Belgique depuis 30 ans. C’est un événement ? Qu’est-ce que cela représente pour les catholiques belges ?

Jacques Galloy : « C’est un encouragement et une interpellation à vivre comme chrétien dans un monde sécularisé. Le pape aime aller aux périphéries et bien, chez nous, il sera aux périphéries. En effet, le Luxembourg est composé de 50% de résidents qui n’ont pas de passeport luxembourgeois. A Bruxelles, c’est la même chose : la ville de Bruxelles est peut-être une des capitales les plus cosmopolites d’Europe. Bruxelles c’est aussi la capitale de l’Europe.

S’il n’y a pas de réunion ni de rencontre avec les officiels européens, il faut bien avoir à l’esprit que Luxembourg et Bruxelles sont deux capitales européennes.

Il faut noter aussi que c’est la première visite d’État du pape François en Europe. S’il a déjà fait trois voyages européens, c’était, à chaque fois, pour soutenir des événements particuliers : les Rencontres Méditerranéennes à Marseille, le Congrès des familles en Irlande et le Congrès eucharistique international à Budapest. Et pour ce premier voyage d’Etat en Europe continentale, le pape François a choisi de commencer par le plus petit pays : le Grand-Duché de Luxembourg, qui est le pays de son grand ami jésuite et secrétaire général du Synode, le cardinal Hollerich.

Donc, je crois que ce voyage est vraiment un encouragement pour nous, belges, mais aussi pour toute la vieille Europe.

Il est invité aussi dans le cadre du 600ème anniversaire de l’Université Catholique de Louvain, qui est une des plus vieilles universités européennes.

François vient pour redonner un souffle d’espérance. C’est le thème du jubilé 2025 de Rome. C’est vraiment le cœur du message : « En route, avec espérance ! » pour que nous ouvrions les yeux sur l’espérance dans un continent qui peut parfois sembler un peu à bout de souffle, désespéré, en recherche d’identité et d’horizon. »

Pouvez-vous nous dire un mot sur l’Eglise catholique en Belgique ?

Jacques Galloy : « Pour commencer, c’est important de dire que la Belgique, qui compte 11 millions d’habitants, est coupée en 2 : d’un côté, il y a 6,5 millions de néerlandophones au nord, de l’autre, au Sud, 4 millions de francophones. Ce sont deux cultures complètement différentes. Un seul et même pays mais deux cultures qui coexistent. Les Flamands parlent de Flandre et nous, les francophones, nous parlons de Belgique.

En Belgique francophone, la situation de l’Eglise catholique est assez similaire à celle de la France : environ 50% de la population se déclare catholique, 10% vont à la messe une fois par mois. Nous bénéficions du souffle de l’Esprit Saint depuis le début des années septante, mais aussi de l’influence positive de tous les nouveaux courants spirituels qui sont nés en France, notamment l’Emmanuel. On pourrait presque dire que la Belgique, en tout cas d’un point de vue médiatique, est comme un département français. Même si nous défendons notre belgitude !

Pour résumer, on pourrait dire que l’Eglise fait preuve d’une certaine vigueur même si on constate une chute de tous les indicateurs, nombre de baptêmes, de mariages, d’ordinations… que le souffle de l’Esprit-Saint amortit.

Du côté flamand, c’est plutôt comme au Québec. Ce sont des territoires qui ont été extrêmement catholiques car la foi catholique a été liée au pouvoir pendant près de 60 ans, des années 20 aux années 80 environ. Aujourd’hui, le contrecoup est particulièrement violent. Un choc qui a été aggravé par les scandales des abus sexuels qui ont impliqué un évêque, l’évêque de Bruges, il y a maintenant une douzaine d’années. L’onde de choc a été particulièrement violente et donc le monde catholique en Flandre souffre énormément aujourd’hui ».

Qu’est-ce que l’Eglise attend de cette visite du pape ?

Jacques Galloy : « D’abord, la visite du pape est une occasion de nous réunir, de faire communauté et de travailler notre unité, entre tous les francophones, mais aussi avec les Flamands, parce qu’on ne travaille pas souvent ensemble.

Ensuite, cela fait donc 30 ans, depuis la visite du pape Jean-Paul II, que nous n’avons pas vécu de grand rassemblement catholique en Belgique.

C’est donc une magnifique opportunité de mobilisation pour toute l’Eglise.
Enfin, nous attendons du pape François qu’il porte un message d’espérance, un message universel. Il ne vient pas avec un discours sur la morale dogmatique, ce n’est pas un intellectuel qui va parler à des intellectuels, mais bien un cœur qui parle à un cœur. Le pape François se met à la hauteur des personnes à qui il s’adresse. S’il n’est pas un tribun comme l’était Jean-Paul II, il sait trouver les mots et un sens de la formule qu’on ne peut lui dénier.

J’ajoute qu’il reviendra certainement aussi sur des sujets qui lui tiennent à cœur comme la sauvegarde de la planète ou l’immigration : à noter que Bruxelles est une des villes où il y a la proportion de musulmans sans doute la plus élevée en Belgique : un jeune de moins de 20 ans sur deux est musulman.… La dimension interreligieuse sera donc centrale et il y a fort à parier qu’il ne manquera pas d’inviter l’Europe à se recentrer davantage sur le Christ. Par exemple, il va venir célébrer les 600 ans de l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve qui n’a plus de catholique que le nom et qui exprime publiquement qu’elle n’a plus aucun lien avec l’Eglise. Ce sera donc intéressant d’entendre son discours en ce lieu. »  

Et vous, personnellement, qu’attendez-vous de cette visite du pape ?

Jacques Galloy : « Moi, j’attends de la visite du pape beaucoup de joie ! C’est une belle mission d’évangélisation qui nous est offerte. Il s’agit, non pas de parler de l’Église institution, non pas de parler du pape, mais de parler de la puissance et de la pertinence du message du Christ, de l’Évangile et du rayonnement de la personne de Jésus. C’est ce qui me motive et m’intéresse le plus ! »

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