« Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » Du 26 au 31 juillet : une session pour goûter au vrai repos !

Entre farniente sur la plage et peur de l’ennui, il y a de multiples façons d’envisager le repos, plus ou moins ajustées. Mais, au fait, nous sommes-nous déjà interrogés sur ce qui nous reposait vraiment ? Et d’où nous vient cette fatigue que l’on traine comme un fardeau depuis des semaines ?

Nous vous proposons un petit avant-goût de la session, avec le père Paul Dollié, curé de la paroisse de Saint-Laurent dans le 10ème arrondissement de Paris, qui donnera les enseignements du matin, quelques points de réflexion et de discernement sur ce qui nous fatigue et, au contraire, ce qui nous repose, vraiment.

Père Paul, la fatigue est une des compagnes de la plupart d’entre nous. Est-ce parce que nous travaillons trop ? Que nous ne savons pas nous arrêter ?

Il y a de multiples causes à la fatigue. Cela peut-être le manque de sommeil : je n’écoute pas mon corps et ses besoins physiologiques naturels et je prends le risque, en ne m’occupant pas de mon corps, que mon corps s’occupe de moi.

Cela peut-être encore, non pas la surcharge de travail, mais le fait de ne rien faire. Nous parlons peu des « bore-out », cette fatigue née de l’ennui.

Cela peut-être, non pas le travail, mais des conditions de ce travail qui n’apportent pas la joie, qui ne permettent pas l’action de grâce, la fierté du travail bien fait…

L’Homme a besoin de recevoir et de donner. La fatigue vient de ce que l’on donne beaucoup et que l’on ne reçoit pas assez ou au contraire de ce que l’on reçoit beaucoup et que l’on ne donne pas assez. Le repos est le fruit d’un équilibre entre ce que je donne et ce que je reçois.  

Dans les Actes des apôtres, les disciples, en donnant un témoignage de ce qu’ils font, redonnent la vie à la communauté. Le témoignage a cette fonction-là de communiquer la vie aux autres, et ce faisant de me conduire moi-même à la vie. Or, la vie engendre le repos.

Vous distinguez deux formes de dons ?

Oui, la réjouissance et le divertissement.

La réjouissance, c’est une prise de conscience de ce que je suis capable de faire. C’est plutôt une entrée en soi car on n’échappe pas à sa vie, on rentre dans sa vie, on se connecte à sa vie, à ses talents et à ses capacités. La réjouissance me conduit au repos car en prenant conscience de mes talents, j’apprends à me connaitre, à être moi-même et pas quelqu’un d’autre et enfin à m’aimer moi-même. S’aimer soi-même est un antidote puissant à la jalousie qui, elle, est très fatigante.

Le divertissement, ensuite, c’est sortir de soi-même, ne plus être en connexion avec la réalité. Je sors, je vais me distraire et je m’échappe de ma réalité. Ce n’est pas mauvais en soi si je ne suis pas dans le divertissement de manière excessive et si les divertissements vécus rejoignent mes besoins.

En fait, on touche à la question de l’écoute de soi : l’écoute de soi conduit à la connaissance de soi qui conduit à l’amour de soi. On ne peut pas faire l’économie d’un certain questionnement : qu’est-ce que j’aime faire ? Avec qui j’aime vivre ? etc…  

On déploie également beaucoup d’énergies dans nos relations humaines : certaines nous font d’ailleurs plus de bien que d’autres ?

En effet, je vois trois clés qui peuvent nous aider à vivre des relations reposantes :

La première clé c’est d’être aimé pour soi-même et non pour ce qu’on apporte à l’autre. On est beaucoup dans l’utilisation de l’autre. Ce qui me repose c’est de découvrir que ma présence est une joie pour l’autre. C’est le sens de l’anniversaire : fêter la présence de quelqu’un ! Savons-nous vivre cette gratuité ?

Si on relit Saint Marc au chapitre 3, verset 14, on voit que la mission du disciple c’est d’abord d’être avec Jésus.

« Et il en institua douze pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer prêcher la Bonne Nouvelle. »

On voit bien comment une relation où le « faire » précède la joie d’être ensemble, où l’action précède l’amitié, à un moment donné, va exploser. C’est caricatural dans la vie de couple : on va remplacer le bonheur d’être ensemble par le fait de s’occuper des projets de la famille et des enfants. Et quand les enfants vont partir, on risque alors de se demander ce que l’on fait ensemble car on n’aura pas appris à être amis.

La deuxième clé c’est d’offrir des paroles de bénédiction et de fuir les paroles de malédiction : ce n’est pas vraiment dans notre culture… Mais il s’agit de repérer les talents, me réjouir de ce que l’autre est, de ce qu’il me donne et réussir à mettre des mots sur les dons reçus. Par exemple, je te remercie car tu es venu m’aider à préparer les repas pendant la maladie de mon papa. Grâce à ces paroles, l’autre prend conscience de son rôle, cela le valorise.

Dire seulement merci c’est un peu vague. Les paroles de bénédiction les plus puissantes sont celles qui sont concrètes et qui s’appuient sur une réalité objective.

La troisième clé c’est une saine gestion de la relation qui passe par exemple par une saine gestion des conflits : on se fatigue car on ne sait pas résoudre un conflit.

Être ensemble nécessite quelques révolutions, comme par exemple, réaliser que le conflit n’est pas forcément un problème. Il s’agit de reconnaitre qu’on a un ou plusieurs désaccords mais qu’on peut vivre ensemble et s’aimer et qu’il est possible de trouver un mode de vie qui intègre le désaccord. Beaucoup de gens rêvent d’être une personne imaginaire et de vivre une vie imaginaire dans laquelle on serait toujours d’accord. Mais ce n’est pas la réalité, cela n’existe pas dans la « vraie vie ». La fatigue vient de la tension entre la vie imaginaire que je rêve et la réalité. 

D’ailleurs, reconnaissons également que de nombreux conflits sont nécessaires par exemple à la croissance de l’Eglise. Une communauté où tout le monde est d’accord, sans divergence, peut cacher une non action, des peurs ou des paroles refoulées.

En lisant les Actes des Apôtres, particulièrement au chapitre 15, on remarque que les disciples se disputent tout le temps. Par exemple, ils ne sont pas d’accord sur la manière d’intégrer une personne nouvelle dans la Communauté. Certains contournent l’autorité légitime, ce qui sème le trouble au sein du peuple d’Antioche. Finalement, les disciples décident de se tourner vers l’autorité légitime qui envoie Paul et Barnabé comme médiateurs auprès de la communauté d’Antioche pour apaiser les esprits.

Quand je rencontre une difficulté, un conflit susceptible de me fatiguer, quelle est la personne ou le couple ressource, dont je reconnais la légitimité de l’autorité, vers qui je peux me tourner pour m’aider à voir mes angles morts ? Par exemple, nous ne sommes pas d’accord sur un aspect éducatif : accordons-nous sur une personne qui pourrait nous donner un éclairage et nous aider à sortir de l’impasse.

Cela suppose le dialogue, la parole ?

En effet, quelles sont les informations que l’autre devrait avoir pour vivre une relation paisible et que je ne lui donne pas ? Quelles sont les histoires de ma vie que je dois raconter à l’autre pour qu’il comprenne qui je suis ?

Par exemple, j’arrive 30 minutes en retard à un déjeuner avec une personne importante : si en m’accueillant, la personne me dit : « c’est super que vous soyez arrivé en retard, j’ai pu boucler un dossier » il me donne une information qui va me permettre de vivre le repas paisiblement. Sinon, je risque d’être tendu.

Si une relation difficile avec mon père me fait aujourd’hui fuir spontanément toute autorité, en tant que prêtre, cela peut aider la relation que je partage cette difficulté à mon évêque.

Il ne s’agit pas de raconter toute ma vie mais dire les éléments de mon histoire qui peuvent éclairer une relation et lui permettre d’être plus paisible, plus sereine.

Avec l’écoute, la parole est le mot-clé à retenir !  

Il faut, pour cela, être soi-même au clair avec son histoire personnelle, ses éventuelles blessures ?

En effet, reconnaitre que je suis malade est une partie du chemin de guérison.

Combien de fois pensons-nous que nous ne sommes pas malades ?

Oui, on ne se reconnait pas malade car on ne se repose pas, on n’entre pas en soi. La vertu du repos va être d’arrêter d’échapper à notre cœur par un excès d’activité. Le moyen de grandir pour chacun c’est la prise de recul. Nous pouvons méditer le verset 4 du chapitre 23 de l’évangile de Matthieu : tout le travail que nous ne faisons pas sur nous-même, c’est tout cela en moins qu’on ne permet pas à l’autre de vivre.

Quand je relis mes échecs, que je prends du recul, alors j’entre dans le repos et par un effet vertueux de dominos, je permets à d’autres d’entrer à leur tour dans le repos. Il y a là une forme de charité envers les autres.

Cela nécessite d’aménager des temps de silence dans sa vie ?

Oui, le silence qui mène à la prière. Tout le temps que l’on « perd » pour Dieu, c’est un acte de charité pour les autres, c’et du temps gagné pour les autres…

C’est parfois plus facile de faire que de ne rien faire… plus difficile de prier que de se donner pour les autres.

Le vrai repos ne se trouve donc qu’en Dieu ?

« Notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi » nous dit St Augustin.

Nous sommes créés à l’image de Dieu, nous sommes faits pour Dieu, faits pour revenir à Dieu et demeurer en lui. Les biens de cette Terre nous comblent s’ils nous donnent Dieu. La où la vie est donnée, là où le bonheur est là, Dieu est là aussi. Dieu n’est pas que dans nos temps de prière et dans la Bible. « Celui qui aime connait Dieu » peut-on lire dans la 1ère Epitre de Jean.

Chercher le repos en Dieu, cela nécessite de faire un choix, de prendre une décision…  

Ce qui précède la décision c’est l’intelligence. Intelligence et volonté fonctionnent ensemble. L’intelligence doit savoir ce qui me repose et la volonté doit s’y porter.

A ce sujet, relisons l’histoire de David (2 Samuel, 11,2) : David est dans son palais, désœuvré, au lieu d’être à la guerre avec ses soldats. Le désœuvrement le conduit à une forme d’acédie, puis au péché (mensonge, adultère, meurtre). Le chrétien est celui qui est dans le combat spirituel, symbolisé dans la bible par la guerre. Dès que le chrétien n’est plus dans le combat spirituel, avec Dieu, le vide n’existant pas, il est avec le démon. L’intelligence me dit que le repos est en Dieu et ma volonté m’encourage à décider de ne chercher le repos qu’en Dieu.

Je rappelle d’ailleurs qu’il existe une hiérarchie dans l’amour : l’amour de Dieu, puis l’amour de soi et enfin l’amour des autres.

Dernière question : le repos est-il compatible avec la mission ?

Il faut revenir aux motifs de la mission, c’est-à-dire revenir à l’intelligence : c’est de l’ordre de la réjouissance : qu’est-ce que mon service ou ma mission va apporter ? Quel fruit cela va-t-il porter ? Quelle vie cela va-t-il créer ?  

Donc, se reposer dans le service ou dans la mission nécessite deux conditions :

Il faut connaitre le sens de la mission: si mon service est utile et correspond à mes talents et à ce que je suis, alors je vais me sentir respecté dans mon identité.

Les conditions de la mission : le service doit se vivre sous l’ombre de la joie, avec des fous-rires, des apéros, des retours sur notre mission, des actions de grâce…

Pour approfondir et expérimenter concrètement le vrai repos, il est encore temps de vous inscrire à la session du 26 au 31 juillet, avec le père Paul Dollié, sur le thème « Venez à l’écart dans un endroit désert et reposez-vous un peu ! »

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