« Un vent frais sur toute l’Église ! » – Carte blanche à Nathalie Becquart

Sœur Nathalie Becquart, xavière, a été nommée consultrice au secrétariat général du synode des évêques (Rome).

Nathalie Becquart IEVDans l’élan des JMJ de 1997 à Paris, la pastorale des jeunes bénéficie en France en bien des lieux d’une belle dynamique marquée par de la créativité missionnaire qui donne le jour à des initiatives variées, notamment de la part des jeunes eux-mêmes. Les lieux qui fonctionnent le mieux et portent du fruit sont notamment ceux où les jeunes sont acteurs et mis en responsabilité. Car, comme le pape François ne cesse de le répéter « ce sont les jeunes qui évangélisent les jeunes ».

Ils aspirent à une coresponsabilité

Pour rejoindre et accompagner les jeunes de la culture postmoderne numérique, l’Église a appris et continue d’apprendre les codes et langages des jeunes, leurs fonctionnements et rythmes propres, souvent bien différents des générations précédentes. Le récent synode des évêques sur « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel », en se mettant à l’écoute des jeunes, a dessiné les lignes de force de toute pastorale des jeunes aujourd’hui en mettant l’accent sur l’enjeu de cheminer avec eux et de les associer à la pastorale des jeunes qui leur est destinée en les considérant comme des sujets acteurs. Le pape François l’a décrit particulièrement dans l’exhortation Christus Vivit aux numéros 203 et 204 en parlant d’une pastorale des jeunes qui se doit d’être « une pastorale synodale » : « Je tiens à souligner que les jeunes eux-mêmes sont des agents de la pastorale de la jeunesse, accompagnés et guidés, mais libres de rechercher de nouveaux chemins avec créativité et audace. » ; « Ils nous font voir la nécessité d’adopter de nouveaux styles et de nouvelles stratégies ».

Le maître-mot de la pastorale des jeunes aujourd’hui est donc la synodalité qui est une véritable clé pour l’évangélisation des jeunes. En bien des endroits – comme les aumôneries étudiantes du Réseau Ecclesia Campus qui fonctionnent avec un principe de coresponsabilité entre aumôniers et jeunes en responsabilité et mettent donc fortement en avant le travail en équipe d’animation diversifiée – la pastorale des jeunes est un vrai laboratoire de synodalité. Pour s’adapter à cette génération qui, tout en ayant un grand besoin de guides et d’accompagnateurs, aspire à être vraiment écoutée et partie prenante de la définition et mise en œuvre des projets – c’est pourquoi je la qualifie souvent de génération CO (co comme collaboratif, covoiturage, colocations, etc.) – se sont développées des manières de faire participatives, des pratiques ecclésiales plus dialogales, plus interactives, plus inclusives. Avec le synode des jeunes qui a mis en avant comme fruit majeur l’importance de « la synodalité missionnaire, il est devenu vraiment clair que seule une forme synodale de l’Église qui met la rencontre du Christ au centre peut permettre l’annonce et la transmission de la foi aux jeunes du monde actuel. Car les jeunes cherchent avant tout « une Église relationnelle » et non pas une Église institutionnelle. Ils demandent une Église proche d’eux, cohérente et authentique.

Et pas que pour les jeunes !

Mais en fait, quand on écoute bien des baptisés de tous âges, notamment les femmes mais aussi de nombreux laïcs, cette aspiration à la synodalité – même si beaucoup ne vont pas forcément employer ce mot qu’ils ne connaissent pas – ne se trouve pas uniquement chez les jeunes. On voit par exemple, avec la crise actuelle des abus sexuels et abus de pouvoirs dans l’Église, qu’il n’est plus possible de laisser s’instaurer des fonctionnements cléricaux qui font tout reposer sur un prêtre seul et que doit être davantage développé, notamment dans les paroisses, un vrai travail d’équipe comme cela est devenu de plus en plus le cas dans la pastorale des jeunes, que ce soit pour la préparation des JMJ, l’animation d’une aumônerie ou la vie d’un mouvement de jeunes.

Une Église en dialogue, participative, missionnaire…

Le pape François l’a bien compris qui a fait de la synodalité – « une marche ensemble » à l’écoute de l’Esprit – un axe central de son pontificat. Il appelle aujourd’hui tous les baptisés à déployer la synodalité comme « le style missionnaire » de l’Église pour relever les défis du monde contemporain. Un document de la Commission théologique internationale intitulé « La Synodalité dans la vie et dans la mission de l’Église », publié en mars 2018 précise : « La mise en œuvre d’une Église synodale est un présupposé indispensable pour un nouvel élan missionnaire qui implique l’ensemble du peuple de Dieu » (n° 9).

L’annonce, le 7 mars 2020, du thème du prochain synode des évêques « Pour une Église synodale : communion, mission et participation », qui aura lieu en 2022 dans la suite du synode des jeunes, est une belle confirmation de cet enjeu à faire de la synodalité le GPS de toute pastorale. Puisse cette préparation synodale permettre à la pastorale des jeunes qui peut être regardée comme un laboratoire de synodalité, d’irriguer et inspirer plus largement toute pastorale en donnant à voir les modalités et processus qui ouvrent à la mise en œuvre concrète de l’Église synodale. C’est-à-dire une Église à l’écoute, une Église en dialogue, une Église missionnaire, une Église accueillante, une Église participative, une Église créative, une Église inclusive, une Église inculturée, une Église engagée avec les plus pauvres et qui lutte contre les injustices. ¨

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