Un dimanche par mois, une paroisse en sortie !

Les Dimanches en Paroisse ont été lancés sur la paroisse de Dinard il y a 8 ans pour rejoindre des personnes qui ne viennent pas habituellement à l’Église. Mais l’an dernier, après un sondage, ces Dimanches en Paroisses ont changé de visage. Le père Bertrand du Rusquec, vicaire de la paroisse, nous explique le sens de cette initiative missionnaire.

Teaser présentant les Dimanches en Paroisse (janvier 2020)

Vous avez lancé des Dimanches en Paroisse il y a plusieurs années. Quel était l’objectif de ces journées mensuelles ?

Dès le début, l’objectif de ces Dimanche en Paroisse est de permettre à des personnes loin de la foi de « remettre les pieds à l’Eglise », dans un cadre ‘facile’ et fraternel, et de réunir toutes les conditions pour qu’ils puissent rencontrer Jésus et de faire un pas dans la foi. Nous avons à cœur de soigner l’accueil, de parler un langage adapté et de proposer un beau climat de prière.
L’idée est d’inviter une fois par mois toutes les personnes en lien de près ou de loin avec la paroisse : les parents des enfants du caté, les couples qui se préparent au mariage, les personnes visitées en porte à porte, les couples préparant un petit enfant au baptême… Les paroissiens eux-mêmes ont pris peu à peu l’habitude d’inviter leurs voisins, leurs amis à ce rendez-vous de l’église : c’est une activité où il est facile d’inviter pour faire découvrir la foi. Depuis maintenant 8 ans que ces invitations sont lancées, près de 200 personnes non pratiquantes ont pris l’habitude de venir à ces DEP. Le Dimanche en Paroisse, maintenant appelé DEP sur la paroisse, est devenu petit à petit le cœur de notre activité paroissiale.

Comment se déroule une journée type ?

Nous avons opéré un gros changement à la rentrée de septembre 2019. Jusqu’alors, voici quel était le déroulement type :
– 10h : accueil café brioche
– 10h15 : activités par tranche d’âge (3-6 ans, 7-11 ans, ados, adultes), avec des témoignages et un topo kérygmatique pour chacun.
– 11h : messe
– 12h15 : apéro et repas partagé.

Quels fruits avez-vous vu pendant toutes ces années ?

Beaucoup de gens heureux de revenir à l’Église, heureux d’entendre des réponses à leurs questions, heureux d’être bien accueillis, heureux d’une proposition dynamique (la messe est animée par un orchestre de jeunes). Beaucoup d’a priori sur l’Église qui tombaient. Certains sont passés d’indifférents voire hostiles à amis de l’Église. D’autres, tout doucement de non pratiquants, à pratiquants une fois par mois, voire tous les dimanches.

Il y a un an, vous avez opéré un virage important. Pourquoi ?

En décembre 2018 nous avons fait un sondage auprès d’une centaine de familles non-pratiquantes (parents des écoles catholiques notamment, que nous espérions toucher), avec, comme question parmi d’autres : pourquoi ne venez-vous pas à la messe ? Les réponses furent très éclairantes. On pouvait les résumer ainsi : « Nous aimerions venir car la foi nous intéresse et nous sentons que c’est important, mais nous avons deux problèmes : on ne comprend rien à la messe, et le dimanche, on veut faire des choses en famille. » Nous avons été surpris de voir que ces réponses étaient en fait pleines de bon sens !
De plus, ceux qui venaient aux Dimanches en Paroisse nous remerciaient pour tout, sauf… pour la messe ! Merci pour l’accueil, pour les chants, pour l’homélie, pour la place des enfants, pour la bienveillance, pour la joie… mais… aucune parole concernant ce qui se passait entre l’offertoire et la communion ! Et cela, sans parler de nos cas de conscience, comme pasteurs, à faire communier beaucoup de gens non préparés, malgré de longues annonces avant la communion lors des Dimanches en Paroisse.

Vous avez donc choisi de proposer un dimanche dont la messe n’est plus le sommet de la journée ?

Oui. En relisant les Evangiles en équipe pastorale, une chose majeure nous est apparue : pour qui Jésus célèbre-t-il la messe le soir du jeudi saint ? Pour les apôtres, ayant vécu 3 années de formation auprès du bon maître. Et que fait Jésus pour les foules qui se massent auprès de Lui en Galilée ? Des signes sensibles : longues prédications, guérisons (en touchant les malades), multiplication des pains… (cf. Mc 6,34s. et 6,53s.)
Nous nous sommes rendu compte d’une chose : cette ‘foule’ (au sens des Evangiles) qui venait aux Dimanches en Paroisse, c’était la même que celle qui se pressait auprès de Jésus : connaissant peu Dieu mais en fait avides de Lui ! Nous devions donc faire comme Jésus : leur proposer des signes sensibles, qu’ils peuvent comprendre et goûter.

Notre nouveau déroulement type est le suivant :
– 9h30 : messe pour les paroissiens en service : pour qu’ils soient remplis de la charité de Jésus.
– 11h : accueil de la ‘foule’ (au sens des Evangiles), ces 200 personnes venant anciennement à la messe du Dimanche en Paroisse. Un unique rendez-vous en famille (et non plus ateliers comme avant qui séparaient les familles). A programme : louange, lecture de l’Evangile et enseignement, démarches sensibles (bénédiction personnelle, prendre une Parole de Dieu, bénédiction des familles, prière des frères…).
En fait ce programme est exactement le même que celui d’un groupe de prière classique, dont on connait tellement les bienfaits, mais ces personnes ne seraient jamais venues un mardi soir.

N’est-ce pas problématique sur le plan théologique de ne plus mettre la messe au centre pour tous ?

Nous nous sommes évidemment posé la question, et nous avons eu du mal à trancher. La messe est la plus grande des prières, la plus féconde, la plus missionnaire. Ce serait donc un grave problème si on avait purement et simplement enlevé la messe ! Mais, d’une part, elle est présente au début de la journée pour les paroissiens en service : nous commençons par le plus important, pour être envoyés en mission par Jésus. Nous en avons simplement changé l’horaire. D’autre part, nous souhaitons tout simplement imiter Jésus : il conduit ses disciples depuis les signes sensibles jusqu’à ce signe parfait qu’est l’offrande de Lui-même dans l’Eucharistie. Notre but est bien là : conduire toutes ces personnes jusqu’à la messe, par un chemin adapté à eux. C’est en fait très traditionnel dans l’Église : pendant très longtemps l’accès à la messe était reporté pour les catéchumènes. Ces foules venant à Jésus sont en fait, pourrait-on dire, des catéchumènes.

N’est-ce pas dommage de ne pas permettre aux gens d’être touchés directement par l’Eucharistie ? La présence sacramentelle du Christ a quand même une puissance évangélisatrice particulière, non ?

Bien sûr ! Et ces rendez-vous n’ont lieu que 8 fois par an, les 44 autres dimanches de l’année, la messe est maintenue à l’heure habituelle. Nous avons lancé cette initiative sans certitude. Je revois encore mon curé le matin du 1er Dimanche en Paroisse nouvelle formule errer dans les couloirs du presbytère et me disant : « Je ne sais pas si j’y crois. Ça ne va pas marcher ». Mais nous constatons que les gens sont touchés, davantage que dans l’ancienne formule. C’est l’Esprit Saint, nous le croyons, qui touche les cœurs. Et nous essayons de nous mettre à son écoute. Les fruits de cette nouvelle formule sont massifs ! Les invités sont unanimement heureux ! Ils se sentent chez eux et reviennent ! Un ami, dinardais de souche, qui ne venait pas à la messe depuis 30 ans, revient au Dimanche en Paroisse pour la 3ème fois avec joie ! Ce qu’il n’aurait pas fait avec la messe. A Jésus maintenant de faire le travail et de toucher son cœur !

Comment est vécue cette journée par les paroissiens habituels ?

Cette décision a été prise en concertation avec beaucoup d’entre eux. Et les autres, ceux qui n’ont pas fait partie de la réflexion, voient les fruits. Et leur baptême s’en trouve affermi : « De toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,19). La plupart sont heureux de se mettre au service de nos frères et sœurs revenant à l’Église ! Le plus touchant a été de voir des paroissiens dont, a priori ce type de pratique n’est pas leur tasse de thé, venir avec joie et s’y investir à fond !

Quels sont les prochains points que vous voulez travailler ?

Le gros chantier sera justement de faire découvrir à tous nos invités que le trésor de notre foi, c’est la messe, et les faire passer du Dimanche en Paroisse à la Messe. Nous n’en sommes qu’à notre 7ème Dimanches en Paroisse « nouvelle formule ». Cette question est donc encore en chantier et cela prendra du temps. Nous avons plusieurs pistes, mais je pense qu’une des idées pour l’année prochaine est de proposer la bascule au moment de la Fête-Dieu, fête du Corps et du Sang du Seigneur ! Je confie à vos prières nos chers 200 invités, qu’ils puissent, petit à petit, devenir de vrais membres de l’Église, nos frères et sœurs !


Pour en savoir plus et comprendre comment ça marche :


  • Témoignage de Laetitia et Thomas en mai 2020
  • Playlist des Dimanches en Paroisse numériques lancés pendant le confinement (plus courts mais plus réguliers)

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