Thomas Belleil, 26 ans, très engagé dans l’unité des chrétiens, travaille actuellement à mi-temps dans une boutique d’artisanat monastique tout en ayant repris des études de théologie à mi-temps.
Propos recueillis par LAURENCE DE LOUVENCOURT
Lors d’un séjour Erasmus en Angleterre, l’une de mes sœurs s’est fiancée avec un jeune protestant. En parallèle, elle a commencé un parcours de foi au sein d’une Église évangélique. Notre famille étant catholique, engagée et missionnaire, j’ai voulu comprendre sa démarche et apprendre à mieux connaître le monde protestant. Étudiant, j’étais, pour ma part, bien dans ma foi catholique et même, je ressentais de plus en plus un attachement fort à l’Église catholique. Le chemin parcouru par ma sœur m’interpellait : tandis qu’elle s’éloignait de l’Église catholique, je percevais qu’en même temps, elle se rapprochait de Dieu.
J’ai d’abord mené une enquête sur internet et ce que j’ai découvert m’a questionné : la foi évangélique présentait une vraie cohérence. J’ai alors décidé de me rendre à un culte dans une Église baptiste évangélique. Et tout de suite, j’ai été saisi car ce que je voyais de ferveur et de joie dans cette Église correspondait à ce que je me sentais appelé à vivre. La qualité exceptionnelle de l’accueil des nouveaux m’a spécialement rejoint. Tout était fait pour que chacun d’entre eux se sente attendu, aimé de façon personnelle. La foi joyeuse, fervente et décomplexée des évangéliques m’a également bouleversé. La certitude d’être sauvés par le Christ leur donne en effet une immense gratitude envers Dieu. Louange et action de grâce sont omniprésentes dans l’expression de leur foi et cela crée une ambiance incroyable.
Les découvertes que je faisais dans cette Église ont favorisé ma rencontre personnelle avec le Christ. Ma foi, jusqu’à maintenant assez théorique, devenait vivante. Par ailleurs, à travers les prédications, notamment, j’ai mieux mesuré ce que signifiait que Jésus Christ était mort pour moi. Cette conviction d’être sauvé a fini par envahir tout mon être. Jusqu’ici être chrétien était pour moi une dimension importante de ma vie. Mais à partir de ce moment-là, j’ai décidé de donner toute ma vie à Jésus.
Pendant deux ans environ, j’ai été très tiraillé intérieurement. Je n’avais aucun ressentiment à l’égard de l’Église catholique, et je savais même que c’était ma famille ; et en même temps, je redécouvrais des spécificités chrétiennes dans l’Église évangélique qui nourrissaient profondément ma vie de foi : les liens fraternels, l’urgence de la mission, l’étude de la Bible, etc. J’ai même reçu alors un appel improbable, moi qui suis très timide, à l’évangélisation de rue…
Je me suis donc impliqué fortement dans cette Église évangélique baptiste. En même temps, je continuais à faire des recherches car il n’était pas satisfaisant pour moi sur le plan théologique de me dire : je suis dans une Église uniquement pour le bien qu’elle me fait. Je me sentais pleinement à ma place dans cette Église, mais je n’étais pas pour autant opposé à la foi en la présence réelle, en l’intercession de Marie, etc. Je me demandais seulement parfois si les catholiques n’en faisaient pas un peu trop sur ce registre-là. Cette période de ma vie a été à la fois belle et assez difficile du fait de ces tiraillements intérieurs.
C’est finalement la Vierge Marie qui m’a ramené dans l’Église catholique. Un jour j’ai en quelque sorte « mis à l’épreuve » son intercession. À cette occasion, j’ai découvert l’amour de la Vierge Marie et la puissance de son intercession. Cela a été pour moi la porte d’entrée de mon retour au sein de l’Église catholique. Dans la foulée, j’ai fait une année de théologie à l’Institut catholique de Lille. Cette expérience m’a beaucoup apporté. Elle contribue encore aujourd’hui à nourrir ma foi. Elle m’a aussi sensibilisé à la rencontre des chrétiens d’autres confessions chrétiennes. Par exemple, avec des amis, nous avions pris l’habitude d’aller régulièrement à la découverte d’autres cultes. Le dimanche matin, nous allions soit à une divine liturgie orthodoxe, soit dans une Église protestante, et le soir, à la messe.
C’est alors que la question de l’unité des chrétiens s’est invitée dans ma vie. Le fait que Dieu agissait fortement dans d’autres confessions chrétiennes était pour moi une évidence puisque je l’avais moi-même expérimenté. Et je prenais conscience que l’on pouvait faire des choses ensemble sans forcément être d’accord sur tout.
Tous pour un ! Petit guide pour vivre l’unité des chrétiens, Thomas Belleil – Préface de Mgr Didier Berthet, président du Conseil pour l’unité des chrétiens (CEF).