Témoignages de “Visitations” en Chine

Des témoignages venus tout droit de Chine. En 2017, les membres de la Communauté étaient invités à vivre des temps de « visitations » auprès des plus isolés et des plus fragiles. Les frères et sœurs de Chine, ou les activités sont difficiles, nous partagent ces temps de charité qu’ils ont vécu les uns envers les autres, à l’image de la Vierge Marie.

Temoignages 2

Témoignage de Hwei : une visitation chez un prêtre souffrant

Cela faisait plus de dix ans que je n’avais pas rencontré le Père Y. Dans ma mémoire, c’était une personne très gentille. Ne faisant jamais de reproches, il riait tout le temps et nous racontait des anecdotes drôles de sa paroisse.

Il y a deux ans, comme j’étais malade, une religieuse est venue me visiter et elle m’a raconté la situation du Père Y qu’elle venait de visiter. J’ai appris qu’il avait été blessé il y a quelques années, mais j’étais occupé et je n’avais pas d’occasion de le visiter. Je me suis dit : « Quand je serais guéri, je lui rendrais visite. »

Après avoir été malade pendant quelques années (AVC), j’étais encore loin d’être guéri quand j’ai appris que le service de « Visitation » allait se rendre chez le Père Y. Ma mère et ma femme m’ont alors dit : « Nous y allons ! Et toi ? » A contrecœur j’ai répondu : « J’y vais aussi, je n’ai peur de rien ! » Quand je l’ai dit, mon cœur était très embarrassé parce que je n’était pas sorti de la maison depuis quelques années étant gêné dans mes mouvements, et j’avais bien peur de ne pas pouvoir y aller. Je craignais de marcher trop lentement et de déranger et retarder le groupe. En plus, la fête nationale s’approchant, les billets de trains devenaient plus difficile à acheter… Je me disais « Si le départ est très tôt, est ce que je ne vais pas rater le train… Ou bien, rater le train du retour ? Et quand je verrai le Père Y que pourrais-je lui dire ? : ‘Père, tu as très bien récupéré, génial !’, ‘Si vous continuez à travailler dur pour récupérer, vous pouvez certainement vous améliorer !’, ‘Vous irez bien l’année prochaine, pas de problème !’ ou encore : ‘Priez mon père, Dieu vous rendra meilleur !’, ‘Demandons-Lui et Dieu s’occupera de vous !’

En tant que patient expérimenté, combien de fois j’ai entendu ce genre de consolations et d’encouragements, et c’est vraisemblablement la même chose pour le Père Y. Bien sûr, ces mots sont corrects, très corrects, et je suis très reconnaissant à ceux qui disent ces mots. « La vraie douleur est la souffrance que les gens endurent en silence et qui ne veut pas que les autres les plaignent et les réconfortent. » disait George Sand. En fait, devant un tel patient,ces phrases paraitrons si légères, n’est-ce pas ?

Donc, je décide d’y aller, même s’il fait froid, même si les montagnes sont hautes et les eaux lointaines.

Le jour de départ est arrivé. Nous arrivons à la gare, le jour n’est pas encore levé, 3 de nos frères sont déjà la pour l’enregistrement. Merci Seigneur, j’ai pas raté le train. Comme prévu, deux prêtres se sont embarqués dans le « train spécial » de la Visitation. Nous ne sommes pas encore arrivé que nous sommes déjà avec nos frères. Une sœur nous rejoint ensuite, elle a préparé le bus. Le groupe est alors au complet. Nous roulons longtemps en voiture. J’ai le cœur anxieux, comme si j’attendais toute une vie. Finalement, la voiture s’arrête à la porte d’une petite cour. Nous sommes arrivés à destination. A la porte de cette petite cour lumineuse, je me demandais quelle humeur éprouvait la jeune Marie à la porte d’Elizabeth avec un mystérieux message ? Dans quelle disposition a-t-elle rendu visite à sa cousine ?

La famille du Père Y nous accueille. Tout le monde se précipite dans la maison pour le voir. Comme mes jambes sont lentes j’arrive le dernier. Tout le monde autour du lit le salue. Alors qu’elle entre dans la maison, le Père Y demande à ma mère : « Comment va ton fils ? » Lorsque je m’avance, le Père Y sourit et déclare: « Tu es beaucoup plus fort que moi. » Nous échangeons des salutations simples, et des bénédictions profondes. Le Père Y répond aux bénédictions et aux salutations de chacun en souriant : « Oui … c’est vrai … » Je ne vois pas l’amertume d’un malade sur lui. Il est très calme. Xie Wanying a bien dit: « Les fleurs blanches valent mieux que les feuilles vertes et le vin épais n’est pas aussi léger que le thé. » Si un cœur est léger et transparent comme de l’eau, et c’est par la grâce du Seigneur.

Un père, dans son partage parle d’une française, Marthe Robin. Je pensais «visiter» le Père Y comme un malade, alors qu’en fin de compte, j’ai trouvé auprès de lui la force de continuer à vivre avec optimisme, comme PG qui avait trouvé la force auprès du lit de Marthe Robin. « Si vous n’acceptez pas vraiment de souffrir, vous aurez difficilement un nouvel espoir » disait Lu Xun.

Marie a connu une grossesse durant dix mois, des nausées matinales, une surcharge pondérale, des contractions et des douleurs et finalement au plus fort de la souffrance elle a donné la naissance à Jésus. Tout n’a été possible qu’avec son ‘Oui’. Il y a deux mille ans, elle était devant la porte de sa cousine et elle devait être en paix avec elle-même Il semble que Dieu m’ait amené ici pour me soigner, pour me guérir, et pour me donner la force d’accepter les petites tribulations de ma propre vie et avancer. Marthe Robin nous dit que : « Jésus ne nous demande pas du tout de chercher la souffrance, mais quand elle vient, nous ne la rejetons pas, parce qu’il est un ami attentionné ». Alors, à la fin, j’ai dit à l’oreille du Père Y : « J’offre ma douleur pour toi ». Le Père Y toujours très calme, m’a répondu : « Oui… d’accord… » Nous nous sommes ensuite dis au revoir.

Une visitation chez Xing

Xing est une sœur déterminée dans la foi.

En novembre 2017, elle a été diagnostiquée d’un cancer de l’utérus qui s’est propagé. Bien qu’elle soit très confiante pour lutter contre la maladie, les effets négatifs du traitement et de la chimiothérapie la faisaient parfois sombrer dans une douleur indescriptible.

Je me souviens que, quand elle a commencé une chimiothérapie pour la 4ème fois, nous sommes allés la voir à l’hôpital. Nous ne savions pas quel genre de mots employer pour la réconforter. En l’accompagnant tranquillement, nous découvrons que son visage douloureux disparaît peu à peu. Nous avons prié avec elle avec des chants, et lorsque nous étions sur le point de quitter l’hôpital, sa douleur avait complètement disparu et elle était devenue une femme heureuse et souriante.

Au cours de son traitement (la sixième chimiothérapie, au mois de juillet), elle souhaitait ardemment pouvoir participer a la rencontre annuelle. Et son vœu a été exaucé par les prières des frères et sœurs. Du 2 au 6 octobre 2018, elle a pu participer a la rencontre annuelle avec les frères et sœurs. Elle était toute heureuse d’y participer. Il s’agit d’un merveilleux cadeau du Seigneur, car le médecin avait déclaré que sa maladie était très grave. « Comment ne pas Te louer ! » — « Alléluia ! Merci Seigneur ! Louez Dieu ! »

Chez un père d’une sœur

Temoignages 1Le 16 juillet 2018, nous sommes allés à l’hôpital rendre visite au père d’une sœur, atteint d’un cancer du poumon qui s’est propagé au foie et à la lymphe.

 Nous avons pris rendez-vous à 15h30, mais dès 15 heures, il était tout agité dans son lit d’hôpital. Il est allé au balcon puis à la porte de l’hôpital. Il demandait sans cesse à la famille : « Pourquoi ne sont-ils toujours pas là ? », » Pourquoi ne sont-ils toujours pas là ? »

Lorsque nous sommes apparus devant lui, il était heureux comme un enfant. Il n’aimait pas chanter, mais lorsque nous louions, il regardait attentivement le carnet de chant et a prié avec nous.

Il est retourné au ciel le 16 août, cependant, son désir et sa joie de nous rencontrer restent toujours dans nos esprits, cela nous motive à garder notre confiance et notre détermination à faire de bonnes Visitations. Une fois encore, nous avons vu la valeur et l’importance de ces démarches.

Chez une femme atteinte de maladie mentale

Parmi les personnes que nous servons, il y a aussi une femme d’âge moyen atteinte de maladie mentale, qui n’a qu’un seul frère vivant dans un pays lointain.

Cet été, sa maladie mentale était extrêmement grave. D’humeur particulièrement irritante et effrayante, elle disait avoir entendu une voix qui la poussait à se suicider.

Le 30 août 2018, deux sœurs l’accompagnaient chez le médecin, mais comme elle n’avait pas de signature de sa famille pour être admise à l’hôpital, elle a été renvoyée à la maison avec des médicaments.

Afin de combattre sa peur, chaque jour, quelqu’un est allé la voir à sa maison, à une heure précise. En l’accompagnant, nous l’aidions à organiser la pièce, à nettoyer les ordures et à essuyer la poussière.

Deux jours plus tard, on a constaté que son humeur s’était améliorée et elle ne pense plus au suicide. Cette amélioration est liée à la prise de médicaments, mais aussi à l’accompagnement de nos sœurs, parce qu’elle savait que quelqu’un l’accompagnerait chaque jour. Nous avons continué ce service jusqu’au 4 septembre, le jour ou son frère est revenu de l’étranger et l’a transférée à l’hôpital.

Je me souviens que lorsque nous l’accompagnions à l’hôpital, elle nous a dit une fois : « Après la sortie de l’hôpital, je serais aussi la messagère de la charité, pour accompagner ceux qui souffrent. » C’est le fruit de la charité !

Elle a quitté l’hôpital à la fin du mois de septembre. Elle nous considère comme des personnes importantes pour sa vie. Elle nous appelles de temps en temps pour parler d’elle. Nous continuons à lui rendre visite et l’accompagner.

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