« Le jour où Dieu se trouve une mère, moi, j’ai retrouvé ma mère »

Le soir de Noël, le père Henry a rencontré Romain

Prêtre depuis 20 ans, le père Henry est actuellement vicaire à la paroisse St Jean de Beaumont à Tours. Il y a quelques années, le soir de Noël, il a rencontré Romain, un homme qui vivait dans la rue et n’a jamais connu ses parents. Ce matin-là, Romain avait reçu une photo de sa maman et venait rendre grâce devant la crèche. Le père Henry raconte.  

« Nous sommes le 24 décembre, aux environs de 23h. Je célèbre la messe de Noël. C’est le temps de la consécration. L’unique porte vitrée de l’église, traversée par les phares des voitures, s’ouvre. Un clochard titubant entre dans l’église et s’avance dans l’allée centrale. Je me demande ce qu’il va se passer. Va-t-il perturber le bon déroulé de la messe ? Se mettre à crier dans le micro ? Casser des choses ? Il avance de plus en plus.

Au 3ème rang, je jette un coup d’œil à un de mes paroissiens, ancien légionnaire, qui comprend aussitôt et se tient prêt à intervenir si nécessaire… Je suis rassuré tandis que l’homme continue de s’approcher encore un peu plus. Au bout de l’allée, le voilà qui monte les marches vers l’autel. Au pied de l’autel, se trouve la crèche. Il s’arrête, met la main dans sa poche. Tout le monde se demande ce qu’il va faire… Il sort de sa poche une petite bougie. Il met la main dans l’autre poche et en sort un briquet. Il allume la petite bougie. Et, péniblement, il se met à genoux et dépose sa bougie devant la crèche. Pendant quelques minutes, il prie, indifférent à la messe qui se poursuit autour de lui.  Une fois sa prière terminée, il se relève tout aussi difficilement, descend l’allée centrale et va s’asseoir sur une chaise au fond de l’église.

Intrigué, à la fin de la messe, je vais voir cet homme et engage la conversation avec lui. Il s’appelle Romain. Je lui demande pourquoi il est venu allumer cette petite bougie devant la crèche. Il me raconte alors quelque chose d’extraordinaire : « Je n’ai jamais connu mes parents, je suis un enfant de la DDASS. Ce matin, moi, qui ne reçois jamais de courrier, j’ai reçu une lettre qui disait : « Nous sommes tes demi-frères, nous venons de retrouver ta trace et nous t’envoyons, avec cette lettre, une photo de maman qui est morte il y a 10 ans. »

Ce clochard, certes alcoolisé mais très spirituel, me dit alors : « C’est magnifique. Le jour où Dieu se trouve une mère, moi, j’ai retrouvé ma mère. »

Voilà la grâce de Noël ! Cet homme a découvert le visage de sa mère, même si elle était déjà décédée, et a pu se réconcilier avec son histoire. Il n’est pas sorti du néant, il a une mère comme nous tous. 

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