Identifier nos talents pour les mettre au service de Dieu et des autres, c’est le métier de la coach Gabrielle de la Bigne. Elle en fait également un atelier au Congrès Mission : Dieu voit grand avec tes talents. Interview.

« Dieu voit grand avec mes talents pour que je vois ma vie en grand ! »

« Un talent, moi ? Non, comparé à vous… » Fausse modestie ? Jalousie ? Peur ? Les obstacles qui nous empêchent d’avoir un regard juste sur nous-mêmes sont nombreux. Souvent liés à des blessures, ils trouvent dans notre culture française de l’esprit critique un terreau favorable. Pourtant, nous avons tous des talents, comme le souligne Gabrielle de la Bigne, coach professionnelle au sein du cabinet Talentuose : « Les sciences humaines ont démontré que nous avions tous entre 7 et 10 talents ! »

Encore faut-il se mettre d’accord sur ce qu’est un talent…

« Aujourd’hui, c’est l’autre mot pour désigner les ressources humaines ; on l’utilise aussi pour désigner des personnes en particulier dans l’entreprise. C’est également un terme évidemment très employé dans le domaine artistique, à tel point qu’on se demande si l’on a des talents lorsque l’on n’est pas artiste. En sciences humaines, le talent se comprend comme la capacité naturelle à réaliser quelque chose avec facilité, motivation et enthousiasme. Un sens contemporain très lié à la parabole des talents, dans l’évangile. »

Autrement dit, le talent c’est quelque chose que je sais bien faire, que j’aime faire et qui me procure de la joie ?

« Oui, quelque chose que je fais avec aisance, qui me donne de l’énergie, pour lequel je suis ultra motivée et donc, en raison de tout cela, pour lequel je suis efficace et productive.  J’aime bien exprimer le talent à partir d’un verbe pour éviter la confusion avec tout ce qui est de l’ordre de la qualité ou du domaine de compétence. Le verbe permet de voir le talent comme une dynamique. Par exemple, dire : « je suis optimiste » n’a pas la même portée que dire : « je regarde la vie avec espérance. » On voit l’importance d’activer ses talents et de décider d’agir avec ses talents. »

Parfois, le talent est empêché… est-ce à dire que nous ne l’avons plus ?

« Je me souviens d’une personne qui était très douée sportivement et qui ne pouvait plus, suite à une maladie, exercer son sport à son niveau d’autrefois. Elle avait l’impression que cela invalidait le talent. Mais non ! Le talent est donné, il fait partie de nous ! »

Pas facile d’identifier ses talents sans paraitre prétentieux ou orgueilleux ?

« Plutôt que l’esprit de critique, développons la culture du compliment dans nos familles, au travail et même dans la rue. Je me souviens d’avoir dit à une dame dans la rue combien je trouvais son écharpe très jolie et qui m’a répondu, interloquée : « si vous saviez depuis combien de temps on ne m’a pas fait de compliment ! »

C’est en pointant les talents des autres qu’on peut les aider à les découvrir, à les identifier. Les autres sont donc de bons vecteurs, comme lorsqu’ils nous demandent un service car ils ont repéré, sans forcément le verbaliser, qu’on avait un talent.

Identifier ses talents nécessite aussi de faire tomber un certain nombre de croyances (selon lesquelles certains n’auraient pas de talents) et déblayer les obstacles : la comparaison (toujours un poison !), la fausse modestie, les étiquettes qu’on nous a collées sur le front… Rappelons-nous que nos talents sont reçus, non pas pour nous mais pour les autres. Pourquoi donc les enterrer ?

La comparaison avec les autres, leurs talents, est omniprésente. Comment s’en libérer ?

« Nous n’avons pas tous les mêmes talents. Certains ont des talents liés aux personnes (écouter, consoler, conseiller, transmettre, diriger…), d’autres, des talents liés aux objets (réparer, construire…), ou encore liés aux choses créatives (inventer, concevoir, créer…) et enfin liés à l’information (organiser, structurer, calculer…). Nous sommes comme des graines, plantées dans une terre singulière, à une époque donnée et c’est là où nous sommes que nous devons fleurir, pas dans le jardin d’à côté. Aristote disait : « Là où vos talents et les besoins du monde se rencontrent, là se trouve votre vocation. » C’est très beau ! »  

Les talents sont en lien avec notre vocation, donnés pour les autres. On est loin du monde de la compétition…

« Les talents sont comme des outils que le Seigneur nous a donnés pour aller à sa vigne. En fonction des outils que nous avons, notre rôle sera différent. Mais la finalité, construire le royaume de Dieu ici-bas, est la même. Si on comprend que l’on a un monde à transformer, que le Seigneur nous a outillés pour cela, alors, vite, partageons nos talents. C’est le plan de Dieu. »  

Partager ses talents a aussi à voir avec notre épanouissement personnel…

« Quand j’exerce mes talents, je ressens de la joie, du plaisir et cette certitude d’être en cohérence avec ce que je suis au fond de moi. Le psychologue Gay Hendricks a défini quatre zones dans lesquelles nous évoluons :  

• La zone d’incompétence : il s’agit des tâches que je ne fais pas très bien et que d’autres font mieux que moi.

• La zone de compétence : c’est ce que je sais bien faire, ni plus, ni moins.

• La zone d’excellence ou d’expertise : c’est ce pour quoi je suis vraiment douée et dans lequel je me sens à l’aise. C’est ma zone de confort.

• La zone de génie : dans cette zone, je ne fais pas juste mieux que les autres, je fais les choses avec mon génie personnel et le sentiment profond d’être à ma place. Nous devrions chercher comment aller vers cette zone de génie, dans notre travail mais aussi dans nos missions respectives ! Cette zone où l’on fait les choses avec son cœur, son âme, tout ce qu’on est, y compris son histoire personnelle, même si elle est cabossée. »

Vous serez présente au Congrès Mission ce week-end à Paris pour animer un atelier sur les talents intitulé justement « Dieu voit grand avec tes talents. » Comment va-t-il se passer ?

« Au cours de cet atelier que j’animerai avec Wandrille Costelle, un ancien volontaire Fidesco, l’idée sera de développer comment on se met en mouvement avec ses talents dans le but d’annoncer le royaume de Dieu. Donc on parlera bien sûr des talents mais surtout du projet de Dieu pour nous, de cet appel, cette mission personnelle pour laquelle Dieu nous a créés. Dieu voit grand avec nos talents et nous pouvons décider de voir grand avec Dieu, pour notre vie. Tous les grands saints ont réalisé des chefs d’œuvre, découvrons pour quel chef d’œuvre nous sommes faits. Il ne s’agit pas de nous glorifier d’avoir un talent même si nous les poussons jusqu’au chef d’œuvre mais de participer, en tant que co-créateurs, à l’avènement du royaume de Dieu sur Terre en répondant pleinement à notre mission. »