Un synode, succès garanti ?

Pourquoi est-il important de mener le synode en tenant compte de ses conditions de fécondité ? Petite méditation par le Père Eric Jacquinet.

PRÉSENTATION – Éric Jacquinet, prêtre du diocèse de Lyon, membre de la communauté de l’Emmanuel, est curé de paroisse à Talence,  près de Bordeaux. Il a travaillé au Saint-Siège au Conseil pontifical pour les laïcs.

Par ÉRIC JACQUINET

Mon grand-père, viticulteur, produisait du champagne. Avec du jus de raisin de qualité assez médiocre, il pouvait obtenir un vin pétillant de bonne qualité, à condition de bien le travailler. C’était le génie du moine Dom Pérignon ! Mon grand-père fabriquait aussi ses digestifs. Il mettait des fruits dans un tonneau, les laissait macérer longuement, filtrait le jus et y ajoutait de l’alcool. En règle générale, il les réussissait bien, pour notre plus grande joie. Mais il arrivait que des fruits pourris soient mis dans le tonneau. Le résultat était nettement moins bon !

Que comprendre de ces deux expériences ? Il ne suffit pas de réunir des personnes en synode et de prier l’Esprit Saint pour que le résultat soit nécessairement bon. Dans un synode, on met souvent beaucoup d’énergie, d’argent et de temps. Il arrive que cela produise, au terme du processus, des documents vite oubliés. On peut aussi accoucher d’une souris, c’est-à-dire de bien peu de choses, voire d’un monstre, c’est-à-dire d’une chose qui ne correspond pas du tout à la perspective de l’Église selon l’Évangile du Christ. Par exemple, le diocèse de Lyon en 1990 avait voulu que des laïcs puissent donner le sacrement des malades, ce qui est contraire à la tradition de l’Église. Une telle décision n’est pas du ressort d’un synode diocésain, tout comme l’ordination d’hommes mariés, souhaitée dans différents synodes diocésains.

De plus, l’histoire récente a montré que tous les synodes n’ont pas porté les fruits attendus : nouvelle communion au sein de l’Église, réchauffement de l’ardeur spirituelle, élan missionnaire renouvelé, etc. Des synodes ont même révélé ou produit des dissensions, sans parvenir à les résoudre. C’est la raison pour laquelle certains évêques n’ont pas voulu organiser de synode dans leur diocèse durant ces dernières décennies. C’est le cas du cardinal Lustiger, archevêque de Paris de 1981 à 2005. Il jugeait sans doute que son diocèse n’était pas prêt pour de tels discernements.

Certains synodes, au contraire, ont été très féconds. À l’heure où le pape affirme que l’Église du IIIe millénaire est par nature de type synodal, il convient donc de chercher les conditions de fécondité d’une telle approche de la vie ecclésiale.

Cet article fait partie du dossier thématique :Synodalité, construire une Eglise différente →

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IEV n°353 - Synode 2021-2023 : Construire une Eglise différente Se procurer le numéro →

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