Synode sur la synodalité : pour Mgr Gobilliard, l’Assemblée extraordinaire des évêques à Lyon s’est tenue en présence de l’Esprit-Saint !

Alors que le synode a créé de l’inquiétude et de l’incompréhension chez bon nombre de catholiques, Mgr Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon et membre du conseil pour la communication de la Conférence des évêques de France, raconte qu’il a vécu « une véritable démarche de pèlerinage, de conversion personnelle et communautaire » bien loin du synode des médias.

La synthèse des travaux engagés dans les diocèses de France en vue du Synode sur la synodalité d’octobre 2023 sera envoyée à Rome après la réunion des évêques, mi-juin, à Lyon. Le contenu de ce document a surpris des fidèles, les jeunes générations en particulier, et inquiété nombre de prêtres. En êtes-vous étonné ?

Pour la deuxième fois à l’occasion d’une assemblée plénière des évêques, j’ai perçu fortement la présence de l’Esprit Saint et son action sur chacun de nous. Je suis sûr qu’Il nous accompagne, et je suis triste que certains aient reçu cette assemblée avec violence, qu’elle ait suscité des incompréhensions et des rejets, en partie en raison d’une communication qui a peut-être manqué de pédagogie, en partie en raison de fausses informations qui ont circulé et créé, par le biais des réseaux, un « bad buzz » irrattrapable. Les soupçons, les doutes et les condamnations circulent bien mieux et plus vite que la vérité.

Pour faire la vérité, expliquez-nous ce que vous avez vécu lors de l’assemblée extraordinaire de Lyon…

Il s’est agi d’abord d’une véritable démarche de pèlerinage, de conversion personnelle et communautaire, une disposition à l’Esprit Saint pour qu’Il se saisisse de nous, dans les pas de la bienheureuse Pauline Jaricot et de saint Irénée, nouveau docteur de l’unité. Dans un deuxième temps nous avons reçu et lu la synthèse nationale, issue des assemblées synodales qui ont été vécues dans les diocèses. Au total 150 000 personnes ont accepté de se réunir pour débattre, discuter, s’exprimer. Ces personnes se sont adressées à nous et il était inconcevable qu’on corrige, qu’on transforme ces paroles, inconcevable qu’on passe certaines réflexions sous silence. Surtout dans un climat général, et pas seulement ecclésial, où bon nombre de catholiques de notre pays mais aussi de citoyens se sentent rejetés, ne se sentent pas pris en compte, ne se sentent pas considérés. Le fait de ne pas recevoir ce texte et de ne pas le transmettre à Rome tel quel n’était en rien une option ! Il n’était pas question non plus de juger le texte lui-même.

Ce texte était accompagné d’un projet de lettre des évêques pour que nous puissions aussi nous exprimer, réagir à ce texte. C’est leur liberté et leur devoir de porter aussi une parole. Une première mouture avait été préparée et présentée à tous. C’est ce premier projet que nous devions corriger, amender, compléter pour la signer. Nous avons décidé de la refuser dans sa totalité. Cette décision nous a obligé à travailler, à proposer un autre texte. Le nouveau texte a été débattu, corrigé, complété et finalement accueilli de façon unanime par tous les évêques de toutes sensibilités, par les laïcs, les diacres, les prêtres présents, par les jeunes comme par les plus anciens.

Pourquoi un tel enthousiasme autour de ce « document d’accompagnement » qui notait à la fois les perspectives ouvertes par la synthèse, mais aussi ses manquements ?

Parce que ce texte était vrai, parce qu’il disait clairement ce que nous pensions : une reconnaissance vis-à-vis de ceux qui ont pris part à la démarche synodale, un étonnement qu’une partie du peuple de Dieu n’ait pas pu ou pas voulu s’exprimer, la génération des jeunes actifs et des jeunes familles en particulier. Nous avons aussi voulu souligner avec étonnement que certains thèmes étaient peu présents dans la synthèse : évangélisation, mission, vie spirituelle, Eucharistie comme sacrifice du Christ. Nous avons accueilli avec joie des thèmes tels que, le désir de la parole de Dieu, l’attention aux plus pauvres, l’importance d’écouter les plus pauvres, qui, souvent nous recentrent sur l’essentiel. Nous avons confirmé aussi qu’il y avait des souffrances, des questions autour de la place des femmes, une souffrance aussi de certains prêtres. Dans cette lettre nous avons donné des orientations, exprimé des défis pour notre Église de France. Autant il était normal de transmettre telle quelle était la synthèse synodale, autant il était normal que les évêques puissent aussi s’exprimer et accompagner cette synthèse d’une parole.

Vous évoquez la faible participation des jeunes et jeunes adultes qui ne se retrouvent pas forcément dans la synthèse synodale. Comment l’expliquer ?

La raison de cette faible participation d’une génération n’était pas toujours liée à une différence de sensibilité ou à un refus du processus. Certains n’étaient pas au courant, et beaucoup n’avaient pas le temps. J’ai entendu de nombreuses fois des personnes me dire : « j’ai 4 enfants, un métier et une vie éreintante. Désolé mais je ne pourrai pas venir. » Certains ont été déçus que leur parole n’ait pas été accueillie, d’autres sont partis de telle ou telle réunion sur la pointe des pieds, ne se sentant pas concernés. Mais une chose est sûre, l’ensemble du peuple de Dieu n’était pas représenté. La lettre des évêques l’a souligné. Ce qui ne disqualifie pas pour autant la parole des autres.

On sent monter une certaine colère chez ceux qui se sentent éloignés des travaux synodaux…

La discussion mais aussi le débat dans l’Église, non seulement sont normaux, mais ils sont bienfaisants. Le refus du conflit fait naître la violence. Dans l’Église, il est normal qu’on écoute la parole de ceux qui ne pensent pas comme nous, de ceux qui ne sont pas de la même génération. Évitons surtout la globalisation : les jeunes pensent, les prêtres disent, les femmes souffrent. Cette façon de voir la réalité, c’est l’esprit du monde, du monde des réseaux en particulier, qui exclue et refuse la complexité de la réalité. La parole des anciens ne doit pas être raillée parce qu’ils sont vieux, la parole des jeunes ne doit pas être exclue parce qu’ils ne pensent pas comme nous. Il y a eu de nombreux conflits dans le collège des apôtres, des oppositions des jalousies. Jésus les a accueillies, écoutées. Il y a répondu avec douceur, et surtout il a cheminé pendant trois ans avec ses apôtres. La synodalité ne peut être refusée en tant que telle : c’est la façon de faire de Jésus, ce doit être le mode habituel de fonctionnement de l’Église. Mais à condition d’écouter tout le monde, d’accepter de faire droit au point de vue de l’autre et de faire confiance.

Interview d’Antoine Marie Izoard, de Famille Chrétienne (avec leur aimable autorisation). A retrouver sur : https://www.famillechretienne.fr/38576/article/mgr-gobilliard-ayons-confiance-au-milieu-de-ce-synode-jesus-est-la

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