Steven Labat, un ardent missionnaire de la prière personnelle

Jeune prêtre égyptien ordonné en juin 2021, Steven Labat est décédé accidentellement en mai 2022. Après sa conversion, la prière personnelle régulière est devenue le cœur de sa vie spirituelle et le secret de son rayonnement.

Par DOMINIQUE JANTHIAL, Prêtre

Vignette Facebook Steven Labat 2021

Cela n’aura échappé à aucun de ceux qui ont été en contact avec lui : Steven insistait à temps et à contretemps sur l’urgence de la prière personnelle.
Prendre du temps avec Dieu lui paraissait la chose la plus nécessaire et constitutive de notre vie de chrétien.
Un mois après son décès, je suis retourné voir l’évêque latin du Caire, Mgr Claudio Lurati, qui avait accueilli Steven dans sa communauté à Héliopolis. Je lui partageais qu’avec son départ, je perdais à la fois un fils, un frère et même… un père ! En effet, il n’hésitait pas à m’interpeller sur des sujets à propos desquels on n’ose d’ordinaire pas entreprendre un prêtre ancien. Comme je prononçais ces mots, l’évêque a souri et citant son pensionnaire, il me montra qu’il avait compris à quoi je faisais allusion : « Saïdna (Monseigneur), est-ce que vous consacrez suffisamment de temps à la prière ? »

Lorsque j’ai sollicité pour écrire cet article les témoignages des jeunes du groupe de prière Emmanuel d’Héliopolis, ceux-ci me confirmèrent que le temps de prière personnel régulier était le point sur lequel il revenait le plus régulièrement et de manière très concrète. Ce devait être au moins 20 minutes par jour et il convenait de prendre un vrai rendez-vous avec le Seigneur en précisant l’heure et le lieu, commencer par rendre grâce et ne pas oublier, avant de terminer, d’intercéder pour les intentions qui nous avaient été confiées. Plusieurs de ces jeunes expliquent que s’ils se sont laissés convaincre de prendre ce chemin de la prière régulière, c’est qu’ils percevaient à quel point c’était le secret de la vie spirituelle de Steven et de son rayonnement. En effet, pour le jeune prêtre égyptien, il ne s’agissait certes pas de rappeler l’observance d’une règle mais plutôt d’être fidèle à ce à quoi il se sentait profondément appelé. Cet appel remontait à l’expérience personnelle de Dieu qu’il avait faite lors d’une marche de jeunes au désert. C’était en 2007. Lorsqu’il en témoignait, il aimait rapprocher cette rencontre de celle que son compatriote Moïse relate dans le livre de l’Exode. « Moïse, Moïse ! » Un Dieu qui nous connaît par notre nom et que l’on ne rencontre pas pour qu’il nous brime mais au contraire pour qu’il nous mette à l’aise : « Dénoue tes sandales car le lieu où tu te tiens debout est une terre sacrée ». Dans la présence brûlante de Dieu, tout se dénoue et nous voilà autorisé à être nous-même. Nous nous tenons debout en pleine confiance.

À l’instar de Moïse, envoyé par Dieu pour libérer le peuple d’Israël de l’esclavage de Pharaon, Steven se savait chargé et particulièrement depuis son onction sacerdotale, d’apporter la libération aux captifs (Is 61,1 cité par Jésus en Lc 4,18). Or Steven était convaincu que seule cette rencontre qu’il avait expérimentée a le pouvoir de libérer l’âme de tous les liens qui l’enchaînent. Si l’on ne se met pas régulièrement et fidèlement sous le regard de Dieu, il est inévitable que d’une manière  ou d’une autre, nous vivions sous le regard des autres. Ce faisant nous cherchons à correspondre à leurs attentes sur nous et nous y perdons notre liberté.

Recueillir le fruit de la rédemption

Être libre, c’est faire ce que je veux. Mais pour y parvenir, encore faut-il savoir ce que je veux et être rendu capable de l’accomplir. Le temps d’écoute du Seigneur, nous permet de saisir plus clairement la mission qu’il nous confie, ce pour quoi il nous a créé, c’est-à-dire notre volonté profonde. Et en même temps, la prière opère comme une osmose entre le cœur de Jésus et le mien et nous sommes revêtus de force pour mettre en œuvre cette mission.

Au cours la déposition du Saint Sacrement après un temps d’adoration, le célébrant prononce cette prière que le cheminement de Steven m’a aidé à mieux comprendre : « Seigneur Jésus, dans cet admirable sacrement tu nous as laissé le mémorial de ta passion, fais-nous vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang que nous puissions sans cesse recueillir le fruit de la rédemption ». Qu’est-ce que « la rédemption », sinon le rachat de notre condition d’esclave ? Dans l’adoration, nous recueillons effectivement le fruit de ce rachat car nous nous mettons sous le regard de Dieu et non plus sous celui des hommes, nous découvrons alors ce que nous voulons vraiment et, de surcroît, la force nous est donnée pour l’accomplir. ¨

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