Sans Lui, je ne suis rien !

La puissance de la prière dans l'épreuve

Au cœur de l’épreuve – une profonde crise de foi de son mari – Alexandra se trouve seule à garder le regard fixé sur Jésus, à recevoir la confiance comme une grâce et à rester fidèle à la prière. C’est d’ailleurs cette fidélité quotidienne vécue au jour le jour qui la tient hors de l’eau et qui peu à peu va permettre à son mari de sortir de la nuit. Arrimée à la prière de sainte Thérèse Rien que pour aujourd’hui, Alexandra témoigne de la puissance de la prière.

Nous sommes en septembre 2019.

Une forme de noirceur profonde s’empare de mon mari. Lui qui est mon appui, tout d’un coup n’est plus. Alors que, depuis près de 20 ans, nous nous appuyons sur le Seigneur pour surmonter les épreuves, non seulement il ne le veut plus, mais pire, il ne le supporte plus.

Au fond, je crois qu’il désire de tout son cœur s’appuyer sur Dieu, prier, retrouver sa confiance. Mais là il ne le peut plus. Il a l’impression d’être dans une nuit noire. Pas de lumière à l’horizon. Un gouffre sans fin.

Je suis à ses côtés. J’ai une chance immense, dans sa détresse jamais il ne m’a tourné le dos. Il me parle de sa nuit. Il est dur aussi parfois. Une peau de hérisson quand on tente de l’approcher. La douceur, la joie, la confiance lui font horreur.

Je suis à ses côtés, donc. Solide apparemment. Dévastée intérieurement.

Je ne sais jamais quel sera son état. S’il pourra faire semblant vis-à-vis des enfants. Le noir du fond de ses yeux me terrifie. Lui qui est mon roc s’effrite. Comment tenir dans ces conditions ?

Oui je l’aime car je l’ai choisi, mais si son état s’installe pour toujours, comment vais-je faire ? Le Seigneur était au cœur et là il ne veut plus en entendre parler, alors quoi ? Quel sens vais-je pouvoir donner à notre mariage sans Dieu ? J’ai 40 ans et je ne veux pas vivre ce cauchemar toute ma vie. Je veux le retrouver comme avant ! Autant de questions qui me taraudent… Dès que je regarde à plus de 3 jours, je dérive, j’angoisse.

Je suis entre deux jobs pour vivre cette épreuve, j’ai donc du temps. Et très naturellement, je vais me tourner vers la prière. La messe quotidienne et un long temps de prière (ou plutôt de cris vers Dieu) me permettent de tenir. Très vite, une phrase de Ste Thérèse va me porter : « Rien que pour aujourd’hui… ». Alors, oui, je décide de vivre chaque jour l’un après l’autre. Moi qui ai besoin de projets, je ne me projette pas à plus de 24h, au mieux. Je prends chaque sourire pour ce qu’il est. J’encaisse tous les blues. Les enfants me permettent de m’échapper, de penser à autre chose. Et puis je prie. De plus en plus, en fait.

Sans la prière je n’étais rien. Ce n’est pas moi qui ai tenu, c’est Dieu qui nous a tenus l’un près de l’autre. Il m’a donné la force de prier pour deux. Ce que mon mari ne pouvait pas crier vers Dieu, je l’ai crié pour lui. La confiance qu’il n’avait plus, Dieu m’en a fait la grâce. Non pas que grâce à la prière tout allait bien. Non, la prière me maintenait péniblement la tête hors de l’eau, me permettait de vivre l’instant que j’avais à vivre. Comme une bouffée d’air happée goulûment entre deux fortes vagues.

Quelques mois plus tard, lorsque mon mari a été mieux, j’ai réalisé que la confiance que j’affichais, ma fidélité envers le Seigneur, l’avaient tenu hors de l’eau également. Lorsqu’il a pu le regarder, il a vu que je priais pour deux. Mes yeux fixés sur le Seigneur l’ont peu à peu conduit à tourner de nouveau le regard vers la lumière. Doucement, comme s’il était ébloui par de longues semaines sans soleil.

Alors, qu’en reste-t-il 4 ans après ? La certitude absolue que Dieu a été présent au milieu de la tempête, avec nous. Aujourd’hui à chaque nouvelle bourrasque, je garde une grande confiance dans le fait qu’il est encore là. Je crois également que le Seigneur a travaillé mon humilité en profondeur pendant cette période : sans Lui je ne suis rien. J’en ai pleinement conscience aujourd’hui. Et si je dois bien avouer qu’en période faste je ne prie pas autant que j’ai pu le faire pendant cette période, je crois que la prière quotidienne s’est ancrée en moi à l’occasion de cette épreuve. J’ai ce besoin, ce réflexe, de confier à Dieu, chaque matin, ce qui fait mes joies et mes peines. De tout attendre de Lui.

Ces jours-ci, pendant la Semaine sainte, nous sommes invités à prendre conscience que Jésus veut nous libérer des douleurs et de la souffrance (cf Rm 8, 18-22). Pour cela, nous allons l’accompagner sur la croix, vivre sa mort puis enfin sa résurrection. Puisse cette fête de Pâques accompagner chacun dans le mystère de la souffrance. Puisque Jésus est chargé de nos douleurs, offrons-les Lui toutes entières, et avec Lui, entrons pleinement dans la liberté des enfants de Dieu.

 

« Ô mon Dieu, pour T’aimer sur la terre, je n’ai rien qu’aujourd’hui » 

Prière de Sainte Thérèse de Lisieux

« La vie n’est qu’un instant, une heure passagère. Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit. Tu le sais, ô mon Dieu, pour T’aimer sur la terre, je n’ai rien qu’aujourd’hui.

Oh ! Je T’aime, Jésus ! Vers Toi mon âme aspire pour un jour seulement, reste mon doux appui, viens régner dans mon cœur, donne-moi Ton sourire rien que pour aujourd’hui.

Que m’importe, Seigneur, si l’avenir est sombre ? Te prier pour demain, oh non, je ne le puis. Conserve mon cœur pur, couvre-moi de Ton ombre rien que pour aujourd’hui.

Si je songe à demain, je crains mon inconstance, je sens naître en mon cœur la tristesse et l’ennui. Mais je veux bien, mon Dieu, l’épreuve, la souffrance rien que pour aujourd’hui.

Je dois Te voir bientôt sur la rive éternelle, ô Pilote Divin, dont la main me conduit sur les flots orageux, guide en paix ma nacelle rien que pour aujourd’hui.

Ah ! Laisse-moi, Seigneur, me cacher en ta Face. Là je n’entendrai plus du monde le vain bruit. Donne-moi Ton amour, conserve-moi Ta grâce rien que pour aujourd’hui.

Près de ton Cœur divin, j’oublie tout ce qui se passe, je ne redoute plus les craintes de la nuit. Ah ! Donne-moi, Jésus, dans ce Cœur une place rien que pour aujourd’hui.

Pain vivant, Pain du ciel, divine Eucharistie, ô Mystère touchant que l’Amour a produit ! Viens habiter mon cœur, Jésus, ma blanche Hostie, rien que pour aujourd’hui !

Daigne m’unir à Toi, Vigne sainte et sacrée, et mon faible rameau Te donnera son fruit, et je pourrai T’offrir une grappe dorée, Seigneur, dès aujourd’hui.

Cette grappe d’amour dont les grains sont les âmes, je n’ai pour la former que ce jour qui s’enfuit. Oh ! Donne-moi, Jésus, d’un apôtre les flammes, rien que pour aujourd’hui !

Ô Vierge Immaculée ! Ô Toi la douce Étoile qui rayonne Jésus et qui m’unit à Lui, ô Mère ! Laisse-moi me cacher sous Ton voile, rien que pour aujourd’hui !

Ô mon Ange gardien ! Couvre-moi de ton aile, éclaire de tes feux ma route, ô doux ami ! Viens diriger mes pas, aide-moi, je t’appelle, rien que pour aujourd’hui !

Je veux voir mon Jésus, sans voile, sans nuage ; cependant ici-bas je suis bien près de Lui… Il ne sera caché son aimable Visage rien que pour aujourd’hui !

Je volerai bientôt pour dire ses louanges, quand le jour sans couchant sur mon âme aura lui ; alors je chanterai sur la lyre des anges l’éternel aujourd’hui ! Ainsi soit-il. »

Sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897)

 

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