Saint Silouane l’Athonite – Marcher avec les saints

Après une vie dissolue, saint Silouane se convertit et rentre dans un des monastères orthodoxes du Mont Athos. Sa vie est marquée par la recherche de humilité et de l’amour des ennemis. Il est fêté le 24 septembre.

Saint Silouane l’Athonite

Le 24 septembre, l’Église orthodoxe russe fête un moine du Mont Athos qui est aussi vénéré en Occident : le starets saint Silouane dont le message a été popularisé par un livre de l’archimandrite Sophrony intitulé « Saint Silouane l’Athonite ». Un livre que je vous conseille vivement.

Silouane – Sylvain en français – est né en 1866 en Russie dans le village de Chovsk chez des parents très pieux. Son nom avant d’entrer au monastère est Syméon Antonov. Ses parents ont 5 garçons et 2 filles. Son père est illettré, mais très pieux et très doux. Il va jouer un grand rôle dans la vie spirituelle de son fils.

À 19 ans, Syméon fait une expérience spirituelle forte qui le pousse à demander à son père de devenir moine. Celui-ci lui dit de faire d’abord son service militaire, et qu’ensuite, il sera libre d’entrer au monastère. Malheureusement, les velléités spirituelles de Syméon sont de courte durée. Bientôt, le voici qui s’amuse avec ses amis, s’enivre à la vodka et même se retrouve dans le lit d’une jeune fille. Le lendemain de ces frasques, son père l’interroge doucement : « Mon petit, où étais-tu hier soir ? Mon cœur me faisait mal. » Une autre fois, Syméon cuisine de la viande un vendredi. Son père mange le plat sans rien dire, mais quelque temps plus tard, il en parle avec son fils. « Mais pourquoi ne m’as-tu rien dit ? », demande Syméon. « Je ne voulais pas te blesser mon petit », répond son papa. Plus tard, devenu moine, Silouane parlera avec une très grande admiration de son père : « Je ne suis pas parvenu à la mesure de mon père. Il était tout à fait illettré. Même quand il disait le Notre père, qu’il avait appris à force de l’entendre à l’église, il en prononçait certains mots de travers. Mais c’était un homme plein de douceur et de sagesse » ou encore « j’aimerais avoir un starets comme lui. »

Personnellement, je suis touché par cette figure de père qui nous montre toute l’importance du témoignage paternel pour la vie spirituelle de ses enfants. Mais revenons à Silouane.

Un deuxième événement marque sa vocation. Alors qu’il est toujours dans une vie dissolue, il fait un rêve. Il voit un serpent pénétrer dans sa bouche et s’installer dans son corps. Il se réveille dégouté et il entend une douce voix qui lui dit : « Tu as avalé un serpent en rêve et cela te répugne. De même je n’aime pas voir ce que tu fais. » Il reconnaît la voix de la Vierge Marie qui est venue le tirer de son péché. Il en sera toute sa vie reconnaissant.

Après avoir fait son service militaire, il entre en 1892 au monastère Saint Pantéléimon du Mont Athos qui compte 2000 moines russes. Il se lance dans la vie ascétique animé d’un grand repentir. Le jour, il travaille au moulin, porte des sacs de farine. La nuit, il prie et veille en dormant le moins possible. Il se bat contre ses tendances impures, mais vite il arrive proche de l’effondrement. C’est à ce moment que le Seigneur Jésus lui apparaît et il fait l’expérience ineffable de son amour. Puis il retombe dans la nuit et le combat spirituel qui durent 15 longues années. Il dira plus tard : « Si le Seigneur ne m’avait fait connaitre au commencement de quel amour il aime les hommes, je n’aurais jamais supporté une seule de ces nuits, et j’en ai eu une multitude. » Entre temps, Syméon a fait sa profession et a pris le nom de Silouane.

En 1906, il vit un moment décisif. Toujours en combat contre lui-même et contre les démons. Le Seigneur lui révèle que ce sont les âmes orgueilleuses qui souffrent des démons. Mais comment être humble ? Le Seigneur lui répond : « Tiens ton esprit en enfer, et ne désespère pas. » Cette phrase va devenir une des clés de voûte de sa vie spirituelle qui le lance dans la voie de l’humilité à la ressemblance de Jésus. « C’est du Seigneur que mon âme a appris l’humilité, confie-t-il. Nulle parole ne saurait décrire combien le Seigneur est bon. »

Maintenant, Silouane est économe du monastère, charge qu’il exercera jusqu’à sa mort. Il est d’une douceur et d’une humilité sans faille. Il ne s’oppose jamais à quelqu’un ; il ne juge jamais. Si on ne le comprend pas, il se tait aussitôt sans essayer de convaincre.

Un autre pilier de la spiritualité de Silouane est l’amour des ennemis. Selon lui, cet amour est comme le « thermomètre » de l’union à Dieu. Voici ce qu’écrit à ce propos son disciple, l’archimandrite Sophrony :

Ce commandement du Christ « aimez vos ennemis » est le reflet, dans le monde, du parfait amour du Dieu Trinité […] ;

  • c’est la « force d’en haut » et cette « surabondance de vie » que le Christ nous a donnée (Jn 10, 10) ;
  • c’est ce « baptême par l’Esprit Saint et par le feu » dont parle saint Jean-Baptiste (Mt 3, 11).
  • Cette parole « aimez vos ennemis » est ce feu que le Seigneur est venu apporter sur la terre (Lc 12, 49) ;
  • c’est cette Lumière divine incréée qui apparut aux apôtres sur le mont Thabor ;
  • ce sont ces langues de feu dans lesquelles le Saint Esprit descendit sur les apôtres réunis dans la chambre haute de Sion ;
  • c’est le Royaume de Dieu en nous, « venu en force » (Mc 9, 1) ;
  • c’est l’accomplissement de l’être humain et la perfection de la ressemblance à Dieu (Mt 5, 44-48)[1].

Selon Silouane, l’amour des ennemis, c’est du feu ! C’est signe aussi de la présence de l’Esprit Saint – qui est Amour et feu ! – dans l’âme et le cœur du croyant :

Quelque sage, instruit et noble que soit un homme, s’il n’aime pas ses ennemis, c’est-à-dire tout être humain, il n’a pas encore atteint Dieu.

Et par contre, quelque simple, pauvre et ignorant que soit un homme, s’il porte dans son cœur cet amour, « il demeure en Dieu et Dieu demeure en lui ».

Aimer d’un amour compatissant ses ennemis en dehors du seul vrai Dieu, affirmait le Starets [Silouane], est impossible.

Le porteur d’un tel amour communie à la vie éternelle, et en a dans son âme un témoignage indubitable. Il est l’habitacle du Saint Esprit, et dans le Saint Esprit il connaît le Père et le Fils ; il Les connaît d’une connaissance authentique et vivifiante. Dans le Saint Esprit, il est le frère et l’ami du Christ, il est fils de Dieu et dieu par la grâce[2].

Il y a une autre parole de Silouane que je trouve très consolante et aussi très encourageante pour prier pour le salut des personnes que nous connaissons :

« Quand le Seigneur veut faire miséricorde à quelqu’un, Il inspire à d’autres le désir de prier pour cette personne et les assiste dans leur prière. C’est pourquoi il faut savoir que lorsque naît le désir de prier pour quelqu’un, c’est le signe que le Seigneur Lui-même veut faire miséricorde à cette âme et qu’Il écoute avec bienveillance tes prières[3]. »

Après la guerre de 14-18, les autorités grecques ferment les frontières aux ressortissants de la jeune URSS. Les vocations du monastère se tarissent. Le nombre de moines diminue. Au début des années 30, ils ne sont plus que 600. Dans ce contexte, la réputation de sainteté du starets Silouane se répand hors des frontières du Mont Athos. Beaucoup de personnes bénéficient de sa prière et de ses charismes et de son immense amour pour tous les hommes.

Il s’éteint dans l’infirmerie du monastère le 24 septembre 1938. Quelques jours plus tôt, à son disciple qui lui parle de sa mort prochaine, Silouane répond : « Je n’ai pas encore atteint l’humilité. » Mais ses disciples disent de lui « qu’il était pris tout entier par la vision de la Divinité du Christ, par la “douceur” du Saint Esprit, et qu’il faisait passer cette vision dans sa vie. Le Saint Esprit le rendit vraiment semblable au Christ qu’il lui avait été accordé de voir… » Puissions-nous, nous aussi, à l’intercession de ce saint devenir semblables au Christ, remplis du Saint-Esprit… et capables d’aimer nos ennemis !

[1]. Saint Silouane l’Athonite. Vie, doctrine et écrits, p. 232.

[2]. Ibid.

[3]. Saint Silouane l’Athonite. Vie, doctrine et écrits, p. 461.

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