Saint Patrick – Marcher avec les saints

Fils de centurion devenu esclave, esclave devenu évêque, saint Patrick est l’évangélisateur de l’Irlande. Son histoire nous est racontée par Jean-Luc Moens. Il est fêté le 17 mars.

Saint Patrick

Saint Patrick – saint Patrice en français – est l’évangélisateur et le patron de l’Irlande. Son vrai nom est Maewin Succat. Maewin est son nom de baptême. Il est né en Bretagne Romaine – c’est-à-dire sur l’île de Grande Bretagne – vers 385 dans une famille chrétienne. Son père est centurion dans l’armée romaine. A l’âge de quinze ou seize ans, Maewin est enlevé par des pirates qui l’amènent dans le nord de l’Irlande, l’actuelle Ulster, et ils le vendent comme esclave à un druide local. Pendant 6 années, Maewin est berger. Il garde les troupeaux d’un chef de clan irlandais près de la forêt de Vocluto. À cette époque, il découvre la religion et devient chrétien fervent. Maewin nous a laissé un document appelé « Confession » qu’il a signé du nom latin de Patricius, ce qui a donné les noms français de Patrice et anglais de Patrick. C’est désormais comme cela que nous l’appellerons.

Dans sa « Confession », Patrick raconte l’expérience de ces années. En fait, cette expérience d’exil et d’injustice lui permet d’approfondir sa foi. Il écrit : « L’amour pour Dieu et la peur de Lui grandirent en moi, et ainsi que la foi. En un seul jour je récitais cent prières, et la nuit presque autant. Je priais dans les bosquets et sur les montagnes aussi avant l’aurore. Ni la neige, ni la glace, ni la pluie semblaient ne me concerner. »

Après six ans d’esclavage, en 409, Patrick fait un songe dans lequel il comprend qu’il doit s’enfuir et rejoindre la côte et qu’ainsi il sera libre. Il obéit à sa vision, échappe à la surveillance des gardiens et parcourt à pieds la distance qui le sépare de la côte, soit environ 200 km. Sur la côte, il obtient un passage vers la Bretagne. Il retrouve ainsi sa famille. Il leur annonce sa décision de devenir prêtre.

Un peu plus tard, on retrouve Patrick dans le monastère de Saint-Honorat sur les îles de Lérins, près de Cannes en France. Là, pendant 2 ans, il se consacre à des études théologiques.

Dans son monastère, Patrick a une nouvelle vision. Il raconte :  « Je vis un homme qui venait vers moi, comme provenant d’Irlande ; il s’appelait Vittorico, il portait des lettres avec lui, et m’en remit une. Je fis la lecture de la première ligne : “Invocation des Irlandais”. Alors que je poursuivais la lecture, il me sembla entendre la voix des gens qui habitaient près de la forêt de Vocluto (je vous rappelle que c’est le lieu de sa prison), non loin du côté-ouest, de la mer, et il me sembla qu’ils m’imploraient, en m’appelant “jeune serviteur de Dieu”, de venir chez eux. »

Avec cette vision, Patrick redouble d’énergie dans sa formation pour le sacerdoce. Il est ordonné prêtre par Germano, évêque d’Auxerre. Il désire partir comme missionnaire en Irlande pour répondre au songe qu’il a reçu. Mais ce n’est pas si simple. On lui reproche son manque de formation. Il le reconnaît volontiers dans ses confessions : « Je n’ai pas étudié comme les autres qui se sont nourris de manière égale du droit et de la Sainte Écriture et qui depuis l’enfance ont perfectionné leur langue. Moi au contraire j’ai dû apprendre une langue étrangère. Certains m’accusent d’ignorance et d’avoir une langue balbutiante, mais en réalité, se défend Patrick, il est dit que les langues balbutiantes apprennent rapidement à parler de paix. » Finalement, aux environs de 431-432, le pape Célestin I décide de l’envoyer en Irlande le consacre évêque avant son départ. Il est évêque d’Irlande. Son prédécesseur, un certain Palladio, a abandonné son poste après moins de deux ans de mission et beaucoup de persécutions. Patrick va devoir affronter les mêmes difficultés : le chef d’une des tribus druides cherche à le faire tuer, et il est emprisonné pendant soixante jours, etc. Patrick a un atout : il parle parfaitement la langue du pays puisqu’il y a été prisonnier pendant 6 années dans sa jeunesse. Aucune difficulté ne va pas empêcher Patrick d’évangéliser pendant trente ans toute l’Irlande. Son œuvre est gigantesque. Il parvient à convertir des milliers d’Irlandais. Il introduit la vie monastique dans le pays et il établit son siège épiscopal à Armagh.

Comment a-t-il pu réaliser tout cela ?

Sans aucun doute, avec l’aide de l’Esprit Saint, mais aussi à travers une image qui lui a permis d’expliquer aux rudes Irlandais ce que pouvait bien être la Trinité : l’image du trèfle, le shamrock dans la langue locale. De même que trèfle est une seule plante qui a 3 feuilles, de même Dieu est unique, mais se manifeste en trois personnes. Dieu est le trèfle, et les trois feuilles sont le Père, le Fils et le Saint Esprit.

Cette métaphore du trèfle pour expliquer la Trinité attribuée à saint Patrick montre l’inventivité du missionnaire pour répondre aux objections des gens. Finalement Patrick obtient la conversion du roi Aengus. C’est une étape majeure qui va entraîner celle du pays entier. La métaphore de la plante trilobée est tellement suggestive que le trèfle devient l’emblème de l’Irlande et la couleur du trèfle – le vert – la couleur de saint Patrick. C’est pourquoi le 17 mars, les fans de Patrick sont habillés de vert, l’eau qui coule de certaines fontaines est verte, et ainsi de suite. Par contre, à ma connaissance, la bière qui est bue n’est pas verte !

Après trente années de travaux apostoliques, Patrick meurt le 17 mars 461. Sa dépouille est ensevelie dans la cathédrale de Down qui devient à partir de ce moment-là Downpatrick. Il est enterré aux côtés de sainte Brigitte et de saint Columcille qui sont avec lui copatrons de l’Irlande. À sa mort, toute l’Irlande est chrétienne : St Patrick avait assuré la conversion globale du pays. Un travail titanesque.

Avec la métaphore du trèfle, saint Patrick nous donne une merveilleuse leçon d’évangélisation. Il est arrivé à parler aux Irlandais de l’époque de manière à être compris par eux. Cette partie de la théologie qui est consacrée à étudier les moyens de communication de la foi s’appelle l’apologétique. À chaque époque, les chrétiens doivent réinventer le langage adéquat pour transmettre leur foi. Le contenu de la Bonne Nouvelle et de notre foi ne change pas. Mais la manière de l’annoncer doit changer pour que le message soit compréhensible par nos contemporains. Nous pouvons demander à saint Patrick d’intercéder pour nous et tous les missionnaires de l’Église afin que nous puissions trouver les mots justes pour annoncer notre foi de manière compréhensible.

Pour terminer, je vous propose un extrait d’une prière attribuée à saint Patrick. C’est une prière de protection très populaire en Irlande et en Angleterre. On l’appelle la «Lorica de saint Patrick», du mot latin lorica qui signifie « cuirasse ». En anglais, la prière est appelée «Saint Patrick’s Breastplate» c’est-à-dire la « Cuirasse de saint Patrick ».

Que le Christ me protège aujourd’hui
contre le poison, contre le feu,
contre la noyade, contre la blessure,
pour qu’il me vienne une foule de récompenses,
le Christ avec moi,
le Christ devant moi,
le Christ derrière moi,
le Christ en moi,
le Christ au-dessus de moi,
le Christ au-dessous de moi,
le Christ à ma droite,
le Christ à ma gauche,
le Christ en largeur,
le Christ en longueur,
le Christ en hauteur,
le Christ dans le cœur
de tout homme qui pense à moi,
le Christ dans tout œil qui me voit,
le Christ dans toute oreille qui m’écoute.

Au Seigneur est le salut,
au Christ est le salut.

Que Ton salut, Seigneur, soit toujours avec nous.

Amen.

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