Saint Guido Maria Conforti – Marcher avec les saints

Monseigneur Conforti est un évêque à la santé fragile ce qui ne l’empêchera pas d’être aussi un ardent missionnaire, encourageant les laïcs à être missionnaires. Il est fêté le 2 novembre.

Saint Guy Marie Conforti

Peut-on être prêtre, évêque, missionnaire et même saint quand on a une santé très fragile, quand on souffre d’épilepsie et de somnambulisme ? Le saint que je vais vous présenter aujourd’hui répond à toutes ces questions : il a souffert de tout cela et a été un des grands missionnaires de la fin du XIXe siècle. Il a insufflé un nouvel esprit missionnaire dans l’Église de son temps tout en demeurant quasiment toute sa vie dans son Italie natale. Ce saint extraordinaire – mais ne le sont-ils pas tous –, c’est Guy-Marie Conforti qui va relever le défi de redémarrer les missions en Chine en prenant pour exemple saint François-Xavier.

Guido-Maria Conforti est né le 30 mai 1865 en Italie à Casalora de Ravadese, dans la province de Parme. Ses parents, riches agriculteurs, Rinaldo Conforti et Antonia Adorni, ont 10 enfants. Guido-Maria est le huitième. Il fréquente l’école primaire des Frères des Écoles chrétiennes à Parme entre 1872 et 1876. Il sent l’appel au sacerdoce et entre au petit séminaire, malgré une certaine réticence de son père. Il a expliqué plus tard à de nombreuses reprises les origines de sa vocation. Enfant, quand il se rendait à l’école, il faisait halte dans l’église de la paix dans le Borgo delle Colonne. Là, il allait prier devant le crucifix : « Je le regardais, et Il me regardait, a-t-il expliqué, et j’avais l’impression qu’Il me disait plein de choses. »

Un deuxième événement va marquer toute sa vie. C’est la lecture à 14 ans de la vie de saint François-Xavier. Il est profondément impressionné et commence à se passionner pour la mission. Il veut évangéliser. À 17 ans, il entre au grand séminaire et les premiers symptômes de sa maladie se font jour. L’épilepsie pourrait être un obstacle à l’ordination sacerdotale, mais le recteur, le père Andrea Ferrari l’encourage et le soutient. Notons en passant qu’Andrea Ferrari sera nommé évêque de Milan et béatifié par Jean-Paul II le 10 mai 1987. C’est un saint qui a discerné en Guy-Marie l’étoffe d’un autre saint !

Guido-Maria Conforti est un élément exceptionnel. Il fait de brillantes études et est ordonné prêtre le 22 septembre 1888 pour le diocèse de Parme. Il a 23 ans. Mgr Ferrari le prend d’abord comme vice-recteur du séminaire, puis il est nommé chanoine de la cathédrale de Parme et finalement, seulement 5 ans après son ordination, en 1893, il est nommé vicaire général de son diocèse. Même s’il est complètement intégré dans la pastorale diocésaine, Guido-Maria Conforti n’oublie pas saint François-Xavier. Le 3 décembre 1895, en la fête de François-Xavier, il fonde un séminaire destiné à envoyer des jeunes prêtres en mission ad gentes, c’est-à-dire vers les peuples qui ne connaissent pas le Christ. C’est la Pia Societas Sancti Francisci Xaverii pro Exteris Missionibus, c’est-à-dire la Pieuse et Sainte Société Saint François Xavier pour les missions extérieures. Cet Institut-séminaire est officiellement reconnu en 1898 sous le nom de Congrégation de Saint François Xavier pour les Missions étrangères, et ses membres sont appelés xavériens.

Bientôt, deux jeunes recrues, les pères Caio Rastelli et Odoardo Mainini, se préparent à partir pour la Chine, le rêve du père Comboni : continuer la mission que François-Xavier a dû abandonner aux portes de la Chine.

La situation du père Comboni est délicate. Il est vicaire général d’un diocèse et il doit consacrer son énergie au service de ce diocèse. Comment justifier alors qu’il envoie aussi des prêtres au loin pour des missions qui n’ont rien à voir avec le diocèse de Parme ? À l’époque, les missions ad gentes ne sont pas vues en Italie comme des priorités pastorales. Il y a déjà assez de travail dans les diocèses italiens. Mais Guido-Maria Conforti a une vision plus large : il voit la mission de l’Église tout entière et pas seulement celle de son petit diocèse.

Il semble que le pape Léon XIII veuille confirmer la vision de Conforti car en 1902, il le nomme évêque de Ravenne. Le jeune évêque n’a que 37 ans. Il prend comme devise épiscopale Caritas Christi urget nos, la charité du Christ nous presse. Mais sa maladie l’oblige à se retirer au bout d’un an. Entre temps, un des missionnaires xavériens est tué en Chine et l’autre obligé de rentrer au pays. Dure épreuve pour Mgr Conforti.

En 1907, il devient l’évêque de Parme après avoir été coadjuteur de son prédécesseur. Il brûle toujours du même zèle missionnaire. C’est lui qui ordonne en 1912 le premier évêque xavérien pour la Chine : c’est Mgr Luigi Calza, vicaire apostolique de Cheng-Chow. 

En 1912 encore, Mgr Conforti se joint à un prêtre de Turin, don Giuseppe Allamano, fondateur des Missionnaires de la Consolata, pour lancer une campagne au sein de l’Église pour qu’elle redécouvre sa nature profondément missionnaire. L’évêque et le prêtre lancent un appel au pape qui sera à l’origine de l’institution par Pie XI de la Journée mondiale des missions.

Toujours poussé par son zèle, Mgr Conforti a une intuition qui va se répandre dans toute l’Église. Il comprend que les prêtres doivent être missionnaires partout où ils sont envoyés, dans leur paroisse en Italie comme dans les missions au loin. Nos pays de vieilles chrétientés ont eux aussi besoin d’être évangélisés. Il fonde alors en 1917 avec le père Manna l’Union Missionnaire du Clergé pour insuffler un nouveau zèle évangélisateur aux prêtres. Cette union va prendre tellement d’extension qu’elle va être intégrées aux Œuvres missionnaires pontificales sous le nom d’Union pontificale missionnaire.

Les prêtres sont importants pour la mission. Oui. Mais pas eux seulement. Mgr Conforti invite tous ses diocésains à être missionnaires : « Soyons tous des apôtres, car nous le pouvons et nous le devons tous, dans l’état et dans la condition dans laquelle la divine Providence nous a placés. » Comment devenir missionnaire ? Mgr Conforti n’hésite pas à livrer le secret du zèle qui l’habite depuis son enfance : « Le crucifix est le grand livre sur lequel se sont formés les saints… Tous les enseignements contenus dans le saint Évangile sont résumés dans le Crucifix. » Pour animer tous les baptisés, l’évêque visite toutes les paroisses au moins 5 fois et convoque 2 synodes diocésains. Il soutient les initiatives apostoliques comme l’Action Catholique, la JOC, les missions populaires, les congrès eucharistiques, la presse catholique, etc.

En 1921, la Congrégation Saint François Xavier pour les missions extérieures reçoit son approbation définitive et Mgr Guido Conforti en est nommé supérieur général. De septembre à décembre 1928, malgré sa santé fragile, il part en Chine pour visiter ses missionnaires dans le Honan occidental. Là, il n’hésite pas à visiter les lieux les plus reculés.

Mgr Guido Conforti meurt à Parme le 5 novembre 1931. Il a été un géant de la mission, même s’il n’est jamais parti au loin comme missionnaire. Il a été un précurseur. Il a compris, ce qui nous paraît aujourd’hui comme une évidence après les pontificats de Paul VI, Jean-Paul II et du pape François, que la nature de l’Église est missionnaire. Il aurait bu de petit lait en lisant l’exhortation apostolique de Paul VI Evangelii nuntiandi où le saint pape affirme ce que saint Guy-Marie Conforti a proclamé toute sa vie : §14

« Nous voulons confirmer une fois de plus que la tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de l’Église… […] Évangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l’Église, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour prêcher et enseigner, être le canal du don de la grâce, réconcilier les pécheurs avec Dieu, perpétuer le sacrifice du Christ dans la sainte messe, qui est le mémorial de sa mort et de sa résurrection glorieuse. »

Puissions-nous, à l’intercession de saint Guy-Marie Conforti, mettre en pratique son invitation pressante : « Soyons tous des apôtres, car nous le pouvons et nous le devons tous, dans l’état et dans la condition dans laquelle la divine Providence nous a placés. »

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