Retraite des artistes à Rome 2018

Un temps de ressourcement pour artistes chrétiens s’est déroulé quelques jours durant à l’église de la Trinité des Monts. Clémence et Stéphane, qui ont participé à l’organisation de la retraite nous donnent une interview passionnée sur ce temps de Ciel passé à Rome.

Convertis depuis peu, catholiques non pratiquants ou plus engagés dans la foi, c’est une vingtaine d’artistes qui a participé à la retraite. Venus de disciplines artistiques différentes, ils ont été entourés par une dizaine de personnes de l’équipe d’organisation. Ce temps était guidé par une citation de la Bible :

« Quel est le premier de tous les commandements ? Jésus répondit : Voici le premier : Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur ; et Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » [Marc 12,29] »

Chapelle Mater Admirabilis
La chapelle “Mater Admirabilis”, lieu fort de la retraite

Quel était le fil conducteur de votre retraite ?

Stéphane : Deux images sont revenues tout au long de la retraite pour nous guider : l’aqueduc et l’anamorphose.

La première représentait les artistes comme les piliers d’un aqueduc qui permettait à l’eau vive de passer au dessus, mais cela nous rappelait que l’important est l’eau vive et non les piliers.

Clémence : La seconde image, l’anamorphose, nous donnait l’idée du mouvement pour changer de point de vue. En effet, l’anamorphose est une œuvre qui représente des sujets différents en fonction du point de vue duquel on la regarde. Pareillement dans la vie, quand une situation est bloquée, parfois il faut juste changer de place.

Nous avons notamment pu nous mettre en mouvement en vivant le chemin de Croix dans un couloir ou est peinte une anamorphose.

Stéphane : Plus généralement, cette retraite était charismatique, c’est-à-dire guidée par l’Esprit Saint. Notamment, la louange du samedi après-midi a été extraordinaire. A un moment, une artiste s’est mise à pleurer et on a prié pour elle. Elle m’a dit « Mais, qu’est ce qui s’est passé là ? ». Elle était complètement surprise et touchée dans sa recherche du beau.

Clémence : La progression de la retraite dans les charismes était très belle. On a laissé l’Esprit Saint arriver progressivement. Le premier jour, la louange, c’était 2 chants. A la fin, le samedi, on devait avoir une demi-heure de louange et une demi-heure de visite. Mais la louange ne s’arrêtait pas. On a finalement annulé la visite et loué une heure durant. Il y a eu des profondes guérisons pendant ce moment de louange.

Dans quelle ambiance avez-vous vécu ces jours de ressourcement spirituel ?

C : Familiale ! La chapelle Mater Admirabilis, une toute petite chapelle rectangulaire, a été un lieu fort de notre retraite. Assis en cercle autour d’une peinture de la Vierge Marie, la Mater Admirabilis, comme une famille nous y avons vécu de nombreuses démarches. Un esprit de famille s’est créé, grâce au lieu, à la taille du groupe et à la sensibilité si particulière que partagent les artistes.

S : Pourtant, le bon déroulement de la retraite n’était pas gagné d’avance. On avait des « maturités spirituelles » différentes : certains ayant rencontré Jésus peu de temps avant tandis que d’autres avaient une vie spirituelle éprouvée. Mais le commun a été plus fort. Tous partageaient au moins une quête de Dieu, et la quête de la beauté par l’art, qui est aussi un visage de Dieu.

De plus on se sentait attendus là-bas par des frères et sœurs qui, dans le même désir, organisaient en parallèle l’événement « Silence et Beauté ». Mettant un accent particulier sur le beau, il a permis aux artistes d’entrer dans le silence pour rencontrer le Seigneur, source de toute beauté.

C : La retraite était aussi marquée par la beauté. Certains ont pu faire une offrande de beauté, en donnant quelque chose aux autres pour les aider à entrer en relation avec Dieu. Par exemple, certains ont chanté un Stabat Mater. C’était un moment d’une grande beauté avec Jésus, dans l’Église de la Trinité des Monts illuminée par Kalalumen. Les artistes en ont témoigné : « Je me sentais dans la Jérusalem Céleste », « Il n’y avait pas d’autre endroit sur terre ou j’aurais aimé être à ce moment-là… ».

Le cloître s'allume doucement pour commencer la soirée #Kalalumen! #TrinitédesMonts #Silenzio #Bellezza

Publiée par Trinité-des-Monts sur vendredi 16 mars 2018

Illumination du cloitre par Kalalumen

Pourquoi avez vous proposé aux artistes de remettre leur art à Dieu ?

C : Aujourd’hui, beaucoup d’artistes sont en dépression, parce qu’ils portent leur talent comme un fardeau énorme sur leur épaules. Leur faire remettre leur don à Dieu, les soulage. Ils se rendent compte qu’ils ne sont que l’aqueduc de la beauté, et non l’origine de leur don. Pour certains, si cette démarche a été une déchirure, elle a aussi été une vraie libération.

S : Le Père Pascal Fagniez qui nous accompagnait nous a dit « quand on donne son talent à Dieu, on n’est pas sûr qu’il va nous le redonner, il a peut-être un truc mieux pour nous ». A ce moment là, il peut y avoir une forme de panique, surtout quand on gagne sa vie avec son don. Mais les artistes ont pris ce risque de faire confiance dans le fait que Dieu leur donnera plus que ce qu’ils ont offert. Ils ont touché du doigt que vivre au quotidien dans la confiance n’est pas naturel.

Comment les artistes ont-ils vécu votre initiative de rencontrer Mgr Fisichella ?

S : En préparant la retraite, on avait dégagé ce problème de l’unité : celle des artistes, corps âme et esprit, mais aussi leur unité avec l’Église. On voulait leur montrer qu’on n’est pas catholique sans l’Église.

Pour cela il fallait que les artistes fassent une démarche vers l’Église. Ils l’ont fait en en allant à la messe à Saint Pierre de Rome, sur le tombeau de saint Pierre. Il fallait aussi que l’Église institutionnelle accueille les artistes. C’est ce qu’a fait Mgr Fisichella, autour d’une grande table dans son dicastère. Il a commencé par exposer ce que l’Église pense et dit des artistes, et comment on peut évangéliser par l’art. Il a ensuite répondu à des questions.

Il a également soumis l’idée de travailler ensemble pour organiser une rencontre internationale des artistes, pour leur dire : « venez, vous avez toute votre place dans l’Église, rencontrons-nous, venez, on vous accueille ». Cet évènement pourrait avoir des effets positifs sur la réconciliation entre les artistes et l’Église. Ce que je retiens de ça c’est que les artistes se sont senti entendus, écoutés  et accueillis par l’Église institutionnelle.

La pastorale des artistes de la Communauté de l’Emmanuel est-elle en train de renaître ?

S : La pastorale des artistes a une vraie place dans la Communauté de l’Emmanuel. Au début de la Communauté, il y a très vite eu une discussion sur les artistes. Nous avons perçu leur besoin de vie charismatique, de joie, de fraternité et de pouvoir exprimer leur art.

C : Aujourd’hui, 2 questions se dégagent qu’il nous faut articuler : comment évangéliser par le beau et comment faire une pastorale des artistes. Si nous avons de l’expérience dans l’évangélisation par l’art, il nous faut aussi penser à nourrir les artistes, afin qu’ils puissent se ressourcer dans leur foi, sans forcément être en position de produire pour les autres.

Cette pastorale est sans doute en train de renaitre. De jeunes artistesse lèvent. Nous prenons un nouvel élan : il faut maintenant que Cyprien et Daphrose Rugamba et Pierre Goursat nous aident et veillent à ça.

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