« Repartir de la rencontre personnelle avec le Christ » – Rencontre avec Janez Rus

Rencontre avec Janez Rus Prêtre. Responsable international des Jeunes au sein de la Communauté de l’Emmanuel.

PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENCE DE LOUVENCOURT

Il est vivant ! Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans la lettre du Pape, Christus vivit ?

Janez IEVPère Janez Rus Dès les deux premiers chapitres, j’ai reconnu une sorte de description, par le pape François, de ce que l’on appelle l’effusion de l’Esprit Saint et de ses fruits spirituels. Cela m’a évoqué ma propre expérience.

L’effusion de l’Esprit Saint, c’est d’abord vivre une rencontre avec le Christ vivant, découvrir que Dieu m’aime personnellement. L’effusion de l’Esprit, c’est aussi ce vers quoi tend toute l’œuvre de Dieu : le renouvellement de la création tout entière en Dieu, et ce renouvellement passe par l’œuvre de salut de Jésus.

L’effusion de l’Esprit Saint, c’est finalement le cœur du message chrétien. Saint Séraphin de Sarov, moine russe qui, ne se contentant plus de la vie dans son monastère, décida d’être ermite, a dit, près 16 ans de cette vie érémitique : « Le but de la vie chrétienne, c’est l’acquisition de l’Esprit Saint. » Le pape François l’exprime autrement mais derrière ses mots, on retrouve le même message, la même expérience chrétienne universelle.

Ce texte s’ouvre par cette phrase « Il vit, le Christ », qu’est-ce cela vous évoque ?

La Résurrection de Jésus est l’œuvre par excellence de l’amour miséricordieux de Dieu et sa puissance se déploie dans notre vie. Elle a un impact réel dans ma vie spirituelle personnelle aujourd’hui ! C’est l’expérience chrétienne cruciale, l’enjeu même de toute notre vie chrétienne. D’emblée, donc, le pape François élargit nos horizons : le même mot grec s’utilise pour dire l’homme nouveau (cf. Col 3,9.10) et jeune (cf. CV 13). Un cœur jeune est un cœur qui aime, dit-il. Ce point de départ est là pour nous éviter de faire une lecture mondaine (selon ce monde) de la lettre post-synodale Christus vivit.

En tant que responsable international des jeunes de l’Emmanuel, comment accueillez-vous cette lettre ?

D’une part, Christus vivit me pousse à ne pas faire de grands plans sur la comète en pensant : « C’est ce plan d’action que nous préconise le Pape pour les jeunes ! » Non, la lettre décrit le mystère de Dieu. Elle se situe bien au-delà d’un projet pastoral. D’un autre côté, je note que Christus vivit nous parle aussi de façon inattendue d’éléments tout simples de notre vie quotidienne. Mais notre vie chrétienne n’est-elle pas faite justement surtout de toutes petites choses, événements, rencontres etc. ? Comme membre de l’Emmanuel, qui est un appel à « être dans le monde sans être du monde », je suis spécialement sensible à cette dimension très incarnée et très concrète du texte du Pape.

Y trouvez-vous des lumières pour la pastorale des jeunes au sein de l’Emmanuel ?

C’est certain. Dans le chapitre 7 notamment, où le pape rappelle d’abord que « c’est toute la communauté qui évangélise » et aussi qu’il est urgent de donner aux jeunes toute leur place dans les projets pastoraux. Ce texte nous conforte dans nos pratiques. C’est beau et important d’être confirmé dans ce que l’on vit. Mais Christus vivit nous aiguillonne par ailleurs. Par exemple, le pape François met l’accent sur l’importance de la complémentarité entre jeunes et vieux. Je crois que, au sein de l’Emmanuel, il nous faut travailler en ce sens. Pour le Pape, c’est « les deux ensemble ». Il écrit que les jeunes sont une priorité pour l’Église et nous invite à tout faire pour qu’ils se sentent bien en évitant, par exemple, de leur donner des réponses toutes faites. Un peu plus loin, il parle aux jeunes : attention, les anciens ont des racines, une sagesse de la vie ; apprenez à les écouter, à les respecter. Pour le Pape, l’un (les jeunes) n’exclut jamais l’autre (les vieux). À la fois, nous avons à laisser toute leur place aux jeunes ; et en même temps, à préserver des temps de vie commune entre générations, comme dans une famille. C’est un équilibre à rechercher en permanence.

Quand le Pape évoque l’importance de la piété populaire, je pense que c’est aussi une bonne piste de travail pour nous, Emmanuel. Par exemple, en arrivant comme responsable jeunes, j’ai été très touché de voir que le modérateur de l’Emmanuel priait le chapelet de manière habituelle et aussi qu’il nous invitait à le faire ensemble avant chaque réunion ou rencontre importante. Cela n’est pas juste une introduction. Cela fait partie intégrante de la rencontre ou de la réunion de travail. C’est une forme de piété populaire autour de laquelle on peut tous se rassembler, jeunes et vieux, et au-delà de nos différences culturelles.

Enfin, avec la démarche synodale de 2018 et tout ce qui s’est passé autour, l’Église vit une nouvelle étape, les jeunes devenant pleinement sujets de tous ces événements qui les concernent. Le pape François a une volonté forte que les jeunes soient acteurs au cœur de la vie de l’Église. C’est très biblique ! Comme le rappelle l’exhortation, tout au long de l’histoire du salut, des missions cruciales ont été confiées par Dieu à des jeunes (David, Samuel, etc.). Pour le pape, les jeunes ont leur grâce propre. Cette grâce est donnée par Dieu. Elle est donc à intégrer pleinement à la vie de l’Église, de manière réelle.

Cette orientation nous éclaire aussi en tant que Communauté de l’Emmanuel : il s’agit d’inclure encore mieux les jeunes par exemple dans les instances de décision.

Quel est l’objectif de votre pastorale jeunes?

Nous souhaitons permettre aux jeunes de rencontrer personnellement le Seigneur. Et cela se produit pour un certain nombre qui en témoignent. Mais c’est sur le long terme que l’on voit réellement les fruits. Car organiser de grands événements pour toucher de très nombreux jeunes, c’est bien. Dans l’Évangile, Jésus rassemble les foules pour les enseigner, les guérir, leur apporter le salut. Mais il prend toujours du recul par rapport à ses “succès”. Il discerne avec prudence et attend de voir les fruits que cela porte.

Il doit en être de même pour nous. Une fois que les jeunes ont fait l’expérience de l’amour de Dieu pour eux, personnellement, il s’agit de les accompagner afin qu’ils prennent la décision de suivre le Christ durablement. Cela n’est jamais acquis mais c’est l’essentiel. Car nous ne devons jamais perdre de vue que le but de notre vie, c’est la vie éternelle ! ¨

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