Quelques clés pour avancer vers l’unité des chrétiens

Des divisions demeurent entre les différentes confessions chrétiennes, alors comment avancer ? Voici quelques pistes.

Par THOMAS BELLEIL

Pour commencer, soyons bien conscients que ce chemin vers l’unité part d’une souffrance : celui de la division entre chrétiens. Il nous faut le reconnaître : certaines divisions ne sont pas encore surmontées et il y a encore des choses qu’on ne peut pas faire ensemble. Cela reste une souffrance que nous sommes invités à regarder à partir du Christ lui-même. Voici quelques pistes pour avancer sur le chemin de l’unité :

① Regarder en face nos différences

Sous prétexte de ne vouloir fâcher personne, on peut être tenté de tomber dans une forme de relativisme et de ne plus aborder les questions qui fâchent, afin de préserver une paix à bon marché… Pourtant l’unité des chrétiens ne peut se faire sur le plus petit dénominateur commun : Dieu souhaite conduire son Église vers la vérité tout entière. En œcuménisme, « amour et vérité se rencontrent ». Pour pouvoir surmonter nos divisions, regardons donc en face nos différences même si celles-ci nous choquent, nous paraissent absurdes ou sans importance…

② Essayer de comprendre l’autre tel qu’il se comprend lui-même

C’est Jean Paul II qui prône une telle approche dans l’œcuménisme et c’est une clé très puissante de l’unité car elle nous conduit justement à accepter d’être confronté à la différence. Dans une confession chrétienne différente de la nôtre, ce qui peut être troublant, c’est que l’on y retrouve à la fois du semblable et du différent. Par exemple, si, en tant que catholique, on assiste à la Sainte Cène, nous allons faire le parallèle avec la consécration mais très vite, cela va nous sembler étrange car très différent de ce que propose notre propre culte.

③ Rencontrer les chrétiens d’autres confessions

Pour entrer dans la compréhension de l’autre et l’accueil de son altérité, il est essentiel de rencontrer les chrétiens d’autres confessions, de les écouter, de s’immerger dans la logique interne d’une autre confession, de comprendre pourquoi ils croient cela et vivent leur foi de telle ou telle manière. Une fois que l’on admet que la foi de l’autre a sa propre logique, cela désamorce tout mépris et sentiment de supériorité. Cela ne signifie pas pour autant que l’on adhère à sa logique. On arrive à rejoindre l’autre dans son raisonnement, tout en lui proposant les fruits de notre propre recherche. Car on peut très bien vivre les uns à côté des autres en s’ignorant les uns les autres. Un petit pas possible : on peut se demander si, à proximité de notre paroisse, il n’y a pas une Église chrétienne d’une autre confession et organiser une rencontre entre chrétiens de ces deux Églises pour apprendre à se connaître.

④ Faire tout ce que l’on peut faire ensemble : louange, mission, œuvres de charité, etc.

Par exemple j’ai pu moi-même vivre l’expérience de passer une année au sein d’une colocation œcuménique. Autre exemple, nous pouvons annoncer l’essentiel de notre foi ensemble. Cela suppose de s’apprivoiser, d’apprendre à mieux se connaître, car il y a encore beaucoup de préjugés et de souffrances (voir encadré). À l’inverse, s’efforcer de ne plus faire séparément tout ce que l’on peut faire ensemble. Cela suppose de nous connaître, nous et l’autre.

⑤ L’échange des dons

Toutes les confessions chrétiennes sont unies par le Christ et animées par l’Esprit Saint. Celui-ci donne des grâces qui vont être plus ou moins mises en valeur dans telle ou telle confession. Ces grâces appartiennent au patrimoine de toute l’Église. Aussi, sans faire de tourisme spirituel, il est possible de s’alimenter aux grâces des différentes confessions chrétiennes, qu’elles soient missionnaires, liturgiques, musicales, d’actions sociales, etc. L’échange de dons est bon pour tous, y compris pour les catholiques ! Tout en restant fidèle à la doctrine de sa propre Église, on peut beaucoup apprendre d’autres confessions chrétiennes, par exemple sur le plan pastoral (voir à ce sujet le livre de Pierre Jova et Henrik Lindell, Comment devenir plus catholiques en s’inspirant des évangéliques).

⑥ Fréquenter des lieux où l’unité est vécue dans l’Esprit Saint

On peut citer par exemple Paris tout est possible, le mouvement Amen Toi, Taizé, la Maison du Saint-Esprit, Plénitude, la Maison d’Unité, l’AIMG, la Marche pour Jésus…

⑦ Prendre conscience de l’importance de la question de l’unité aujourd’hui

Nous vivons dans un pays ou le catholicisme est en perte de vitesse. Les Églises évangéliques sont quant à elles en forte augmentation. Nous allons donc être « confrontés » les uns aux autres. Comment allons-nous vivre cette cohabitation ? N’est-ce pas une occasion d’avancer sur la question de l’unité ?

QUELQUES OBSTACLES À L’UNITÉ

Les persécutions

Certaines personnes sont très conscientes des persécutions qu’ont subies dans le passé des protestants ou même des catholiques. D’autres peuvent avoir souffert personnellement de telles persécutions. Par exemple, la « conversion » de certains chrétiens à une autre confession peut être très mal vécue par leur famille ; de même, il arrive que des catholiques ayant rejoint certaines Églises évangéliques très anticatholiques deviennent intolérants vis-à-vis de leurs proches. Ce genre de situations ou de comportements peuvent engendrer beaucoup de blessures de part et d’autre.

Les incompréhensions

Chez nous catholiques, les protestants sont perçus parfois comme des chrétiens qui ont enlevé des éléments de notre foi (sacrements, saints, Vierge Marie…) ; pour les évangéliques, les catholiques sont des chrétiens qui, à l’inverse, ont ajouté des éléments qui sont « en trop » par rapport à la Bible et l’Évangile.

Les préjugés

Parfois, nous pensons ou disons des choses fausses les uns sur les autres.

Cet article fait partie du dossier thématique :Unité des chrétiens →

Le magazine Il est vivant a publié le numéro spécial :

IEV n°356 - Unité des chrétiens : marcher, prier, travailler ensemble Se procurer le numéro →

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