“Le Rocher a un programme, c’est l’Amour !” – Retour sur la Journée nationale du Rocher

Le jeudi 24 mai 2018, l’association a vécu sa rencontre nationale. De nombreux acteurs de l’action du Rocher étaient présents pour partager leur regard sur Le Rocher, son histoire et ce qu’il « peut dire à la France aujourd’hui ». Photos et perles de ce moment fort.

[Extrait de la newsletter du Rocher] Si Le Rocher a un programme… c’est l’Amour ! L’ensemble des prises de parole lors des deux tables rondes nous ont permis d’éclairer l’action du Rocher. Nous avons souhaité vous en faire partager quelques extraits :

Une artiste a illustré toute la journée nationale en live painting.

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Et si passer le « pont de la rencontre » était une aventure qui permettait à chacun de s’enrichir de nos différences ?

Sophie Braillat, responsable des stages civils à l’école polytechnique (absente le 24 mai mais ayant tenu à délivrer un message): « Pourquoi Le Rocher ? L’école recherche des organismes à fort impact social qui agissent sur l’être et le « vivre avec ». Chaque année, et depuis 6 ans, Le Rocher contribue à former nos élèves et à faire grandir leur savoir être.
Quelle est l’influence de ce stage sur la trajectoire ultérieure des jeunes ? Forcément 6 mois de stage liés à la relation humaine agit et fait évoluer son rapport à l’autre mais aussi à soi, aux apprentissages, aux différences religieuses et au monde. En rendant possibles des choses improbables, l’Ecole Polytechnique et Le Rocher contribuent ensemble ainsi à améliorer la vie dans les quartiers. »
Johanna de Wailly, art-thérapeute et bénévole : « J’ai été très touchée par les habitants du quartier qui ne peuvent peut-être pas toujours vivre ça comme une richesse et je trouve que Le Rocher aide à ce que cette richesse de la différence puisse être vécue pleinement. Je suis très heureuse de participer à cet enrichissement par ces différences, sources de fécondité les uns par les autres. Nous, on est des privilégiés, on peut faire notre choix, on bouge, on vient et on s’enrichit de cette différence mais voilà, tout le monde n’a pas ce choix-là. »

Les femmes de la cité ont cuisine pour garnir le buffet de spécialités maison.

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Le deuxième braquet, c’est l’humain !

Sylvine Thomassin, maire de Bondy : « La rénovation urbaine a permis de bouger l’image de la ville et donc l’image aussi dans la tête des habitants qui se sentent respectés. […]. Je ne sais pas ce que seraient devenus nos quartiers sans la rénovation urbaine, mais également sans les femmes. Oui, on peut le dire. Mais on a loupé ce que le rapport Borloo essayait d’apporter. C’est-à-dire l’économique, l’éducatif, la culture et l’éducation populaire, moi, j’y crois profondément. On a surtout refait de beaux quartiers. C’était important, mais ça ne suffit pas, il faut maintenant passer au deuxième braquet et je compte sur vous pour nous aider sur le deuxième braquet, le braquet humain, il faut apporter de l’emploi, de la mobilité. »
Madjid Agag, directeur du programme ‘‘Projet Banlieues’’ de BNP Paribas : « Comment renforcer cette dimension collective de l’engagement ? Et bien, nous, on a trouvé un moyen de le faire, c’est en positionnant l’engagement au plus haut niveau de l’entreprise. On peut être très optimiste sincèrement parce qu’il y a de plus en plus d’entreprises aujourd’hui qui veulent contribuer à un monde meilleur. »

Yann le Bossé, psycho-sociologue à l’Université de Laval (Québec). Il a développé le concept du « Développement du Pouvoir d’Agir » (DPA).

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Loin des dispositifs… et si c’était la relation qui permettait de construire la confiance, de gagner en dignité et d’être capable de dire « j’existe » ?

Loïc Allanos, responsable RSE du groupe Servier : « Ce qui m’a marqué, au bout d’une journée (à Bondy en mécénat de compétence ndlr), et même lors des rencontres dans la rue, c’est le côté positif. Moi, durant toute la journée que j’ai passé au Rocher, je n’ai rencontré personne qui s’est plaint, c’était toujours très positif, il y avait beaucoup de bonne humeur. C’était un vrai bonheur de voir ces échanges, la qualité d’échange et la confiance qu’il y a entre Le Rocher et les habitants. »
Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes : « Ce qui m’a d’abord impressionné, c’est qu’il y a une dimension d’engagement, d’aller soi-même mettre en jeu sa vie sociale, ses enfants, l’éducation des enfants, qui est un enjeu majeur. Mais dans une logique où on part des besoins et des réalités des personnes et on co-construit. C’est-à-dire on ne fait pas qu’écouter les gens, on est avec eux au quotidien, et ça, c’est une règle de base aujourd’hui des politiques publiques et des politiques sociales : on ne fait plus rien sans les personnes directement concernées. Ensuite, c’est que l’on ancre l’intervention sociale (et l’intervention tout court) dans la vie quotidienne des gens. Au Rocher, on n’est pas dans une logique de dispositif ou de guichet qui viendrait répondre à un temps interstitiel, à un besoin ponctuel ou autre : on est présent dans un quotidien de vie des familles et des acteurs d’un territoire. Et c’est parce qu’il y a ce quotidien de vie, que l’on se croise une fois, deux fois, et l’on finit par se demander le prénom, puis par se tutoyer, puis on finit par se parler des enfants, puis on finit par se parler des loisirs, etc. Il y a, petit à petit, un lien qui se noue. C’est le sens même d’ailleurs de l’intervention du Rocher dans les quartiers, c’est de nouer cette confiance du quotidien. Puis, progressivement, on passe d’un peu de relation et de confiance à des actions communes […] je crois que c’est ce qu’on appelle le développement social […]. C’est typiquement je crois ce que l’action sociale elle-même doit reconquérir et l’un des enjeux de la prochaine stratégie « lutte contre la pauvreté », ce sera de ré-outiller davantage les travailleurs sociaux sur cette culture du développement social. De ce point de vue, ce qui m’intéresse beaucoup c’est qu’une structure comme Le Rocher puisse transférer le capital confiance qu’elle acquiert auprès des familles aux acteurs sociaux du territoire. »
Yannick Blanc, Haut-commissaire à l’Engagement civique et Président de l’Agence du Service civique : « Cette expérience de volontaires, de bénévoles, en résidence, dans les quartiers, qui construisent dans l’expérience quotidienne, par la vie quotidienne, ce lien social qui est le grand fantasme de tous les politiques qui se demandent comment le reconstruire, ça ne se reconstruit pas par des dispositifs, ça se reconstruit par de l’action menée au quotidien. »
Malika Aïssani, Professeur de danse, membre du Conseil citoyen de Bondy : Pour avoir cette dignité, il faut avoir déjà une grande confiance en soi et on ne peut pas avoir confiance en soi si on n’est pas aidé, si on n’est pas assisté, par des professionnels. […] C’est-à-dire que l’écoute est très importante aussi, parce que les femmes des cités ont besoin de parler mais elles ont besoin aussi de bouger, de s’exprimer, de participer et de dire : ‘‘J’existe !’’. »

Volontaires et habitants des quartiers ou le Rocher est implanté sont venus faire vivre cette journée.

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Et si le cœur du moteur était l’Amour ?

Malika Aïssani : « Oui, exactement, j’entends beaucoup ces personnes qui ont souligné que Le Rocher les aidait, mais il y a une phrase aussi qui a été oubliée : c’est que Le Rocher les aimait aussi. Et quand on donne de l’amour, on reçoit beaucoup. »
Xavier Lemoine : « Le droit à la différence exacerbée que l’on a vécu ces 30 dernières années dans le paysage intellectuel : tout se vaut, tout s’équivaut. Plus rien ne nous rassemblait et donc on a mis des moyens mais sans retrouver un principe unificateur. Je pense qu’il est urgent, en tout cas c’est ce que j’ai essayé de faire sur une ville, mais je pense que c’est au niveau d’une nation qu’il faut le faire. Il y a un principe unificateur et j’accepte que le principe unificateur du Rocher soit l’amour, c’est déjà un beau programme. « Aime et fais ce que tu veux », c’est une grande liberté. Donc on peut tout inventer mais il y a un principe unificateur et il est fécond.

Des tables rondes se sont succédées, faisant un état des lieux des besoins des banlieues et mettant en avant l’action du Rocher dans les cités.

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Le Rocher, « inspirant » et semeur d’espérance !

Sylvine Thomassin : « Maintenant j’essaye toujours dans mes rapports avec les jeunes de différencier ce qu’ils font de ce qu’ils sont, de ce qu’ils sont aujourd’hui et de ce qu’ils sont appelés à devenir. […] Je dois au Rocher d’avoir réveillé ça chez moi. »
Olivier Noblecourt : « Je voulais absolument tirer un coup de chapeau à l’action du Rocher et dire que pour moi, il inspire des politiques publiques, parce qu’il porte des conceptions de politique sociale qui sont arrimées à la vie quotidienne des gens, attachées aux réalités des besoins des familles et des enfants. »
Geneviève Levy, député du Var et conseillère municipale de Toulon : « Il me semble que Le Rocher agit dans des champs d’actions extrêmement différents et variés et donc qu’il est susceptible de capter un ensemble de jeunes et de personnes très large. Ce qui est très intéressant aussi dans cette expérience du Rocher, c’est cette immersion de personnes qui vivent véritablement dans des lieux dit « oubliés de la République » et là, Le Rocher est présent. Je trouve que ce travail en profondeur, si près de ceux qui, finalement, attendent beaucoup de nous tous, […] et bien nous sommes susceptibles de pouvoir lui répondre. Il n’est pas concevable, lorsqu’on veut vraiment être efficace, qu’il n’y ait pas cette osmose entre celui qui apporte et celui qui donne et je crois que chaque être a un potentiel qu’il suffit juste d’éveiller pour permettre l’épanouissement des personnes. Je crois que c’est ça qui manque peut-être dans notre approche, et que Le Rocher apporte au quotidien. »
Yannick Blanc : « Dans la longue expérience que j’ai maintenant de la vie collective et de la vie associative, j’ai à toutes les étapes de ma vie d’engagement et de ma carrière professionnelle, rencontré des chrétiens engagés, avec une force particulière de l’engagement et avec une capacité d’écoute, d’attention à autrui et en même temps un goût de l’action conduite jusqu’à son résultat. C’est assez frappant. […] Ce sont des interlocuteurs coriaces mais la raison pour laquelle ils sont coriaces est bonne. Ça crée, dans le dialogue, et parfois dans la confrontation, une qualité de l’échange qui est extrêmement appréciable et qui est une vraie force dans la contribution à l’action collective.[…] Je pense que les principes de laïcité sur lesquelles repose notre action publique ne doivent en rien faire obstacle à la reconnaissance, à la validité des raisons de l’engagement […]. C’est une contribution extrêmement positive à la citoyenneté dont nous avons besoin. »
Xavier Lemoine : Je pense que c’est aussi le devoir du politique d’essayer de regarder ce qui peut se profiler et que parfois, les phénomènes auxquels on assiste, qui se sont accentués ces dernières années, peuvent être lourds à porter et jeter un relatif discrédit sur ce que l’on a tenté de faire en disant : « Mais va-t-on réussir ? ».
Je suis reconnaissant au Rocher […] d’être pour moi un lieu de ressourcement pour que je sache que tout reste possible. Il y a peut-être une recette propre au Rocher dont je devrais peut-être davantage m’inspirer pour porter ce que nous avons à porter au regard des évolutions quand même rapides et par certains aspects, tout à fait plein d’espérance, mais par d’autres aspects tout à fait inquiétants. Je crois qu’il faut quand même en être conscient et merci au Rocher de cette piqûre en intraveineuse nécessaire d’espérance.»

La première table ronde a été introduite par un morceau de 2 rappeurs qui ont introduit le Rocher, et tenu à en faire applaudir toute l’équipe.

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Pour aller plus loin


logo ktoRetrouvez la deuxième table ronde sur KTO mardi 03 juillet à 20h40. Voir ici.

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Retrouvez l’article du Figaro sur le Rocher. Lire ici.


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