Au matin de Pâques, les premières à découvrir la résurrection du Christ sont des femmes. Pourquoi ? Explication du Père Patrick Monnier, vicaire de la paroisse Saint Pie X et Notre-Dame de Lourdes à Vannes.
C’est ce qu’on lit dans les évangiles, notamment ces deux versets de Marc : “Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, observaient l’endroit où on l’avait mis. Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus.” (Mc 15,47-16,1) Au total, 5 femmes nous sont présentées dans les Évangiles, arrivant les premières au tombeau : Marie Madeleine, Marie mère de Jacques et José, Salomé mère de Jacques et Jean, Jeanne, Suzanne.
À la question : pourquoi des femmes, on répondrait que non seulement le témoignage d’une femme à l’époque n’avait aucun poids dans un jugement (pour lequel il fallait 2 ou 3 témoins ; cf. Dt 19,15), mais on aurait pu tout bonnement les mépriser comme des « femmes pieuses ». Certains diraient que c’est parce que Ève a péché la première dans un jardin, qu’il fallait que dans le jardin de la Résurrection il y eut une femme ; d’autres diraient que c’est parce qu’elles ont « beaucoup aimé » (cf. Lc 7,47) ; d’autres encore qu’avec les femmes, la nouvelle se répandrait plus facilement. À ces derniers, je répondrai par Mc 16,8 : “Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.”
Dieu possède trois clés :
– celle du ciel : pensons au prophète Élie qui proclama une sécheresse de 3 ans sur le pays (1R 17)
– celle du sein maternel : pensons aux matriarches Sarah, Rebecca et Rachel toutes stériles, ainsi que Anne mère du prophète Samuel et Élisabeth mère de Jean-Baptiste.
– celle du tombeau.
Pourquoi donc les femmes sont-elles les premières au tombeau ?
Parce que Dieu leur a donné la clé de la vie. Les saintes femmes, au tombeau, viennent pour une naissance, comme des sages-femmes. 3 indices :
1/ elles viennent« de grand matin » : pour celui qui voit le jour, celui qui est le Jour qui ne connaît pas de déclin ;
2/ avec des aromates pour embaumer le corps du Seigneur : or dans l’Antiquité, pas de naissance sans onction ;
3/ le tombeau neuf « dans lequel on n’avait encore déposé personne » est comme une matrice pour celui que saint Paul désignera comme le « Premier-né d’entre les morts » (Col 1,18).
Mais cette symbolique de la naissance était déjà présente en Ex 14-15 : le passage de la mer figure la naissance du peuple d’Israël. 7 indices :
1/ la séparation des eaux en deux est une perte des eaux ;
2/ la formation d’un étroit couloir pour le passage de l’enfant à naître ;
3/ les deux murailles de la mer ne sont plus une menace mais une protection, telles les jambes de la mère ;
4/ la main de Myriam qui brandit le tambourin (Ex 15,20) est une main de sage-femme ;
5/ les danses des femmes d’Israël, déjà présentes sur l’autre rive, sont des danses parturientes, de femmes prêtes à mettre au monde un fils, les fils d’Israël, peuple qui est pour Dieu comme un premier-né (cf. Ex 4,23) ;
6/ c’est « au point du jour » comme la résurrection pour signifier que naître c’est voir le jour ;
7/ la réaction du nouveau-né est un cri, un chant de louange (Ex 15).
Cette symbolique de la naissance est adéquate pour la Vigile pascale (où seul le texte de Ex 14-15 est obligatoire parmi les 7 lectures de l’Ancien Testament), qui voit le baptême des catéchumènes et la rénovation des promesses baptismales des chrétiens.
Y aurait-il toujours des sceptiques qui me diraient : les femmes sont des sages-femmes au tombeau, mais elles arrivent après l’accouchement… Je répondrai : Oui, justement comme les accoucheuses des hébreux en Égypte, Shifra et Poua, qui répondent à l’ordre infanticide de Pharaon « Les femmes des Hébreux ne sont pas comme les Égyptiennes, elles sont pleines de vitalité ; avant l’arrivée de la sage-femme, elles ont déjà accouché. » (Ex 1,19). Jésus est ressuscité non par la force humaine mais par l’Esprit divin : “si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.” (Rm 8,11)
Source : Facebook
Les textes
Lecture de l’Évangile selon saint Luc – « Elles se rendent au tombeau dès le lever du soleil » (Luc 15, 47 – 16, 10)
Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, observaient l’endroit où on l’avait mis.
Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus. De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au tombeau dès le lever du soleil. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » Levant les yeux, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande. En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : « Ne soyez pas effrayées ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé. Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.” » Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient.
Lecture de l’Evangile selon saint Jean – « Il vous faut naître d’en haut » (Jn 3, 3-8)
Jésus lui répondit : « Amen, amen, je te le dis : à moins de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume de Dieu. » Nicodème lui répliqua : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère et renaître ? » Jésus répondit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne sois pas étonné si je t’ai dit : il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. »
Lecture du livre de l’Exode – « Les fils d’Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer » (Ex 14, 15 – 15, 1-6, 17-18, 20-21)
En ces jours-là, le Seigneur dit à Moïse : « Pourquoi crier vers moi ? Ordonne aux fils d’Israël de se mettre en route ! Toi, lève ton bâton, étends le bras sur la mer, fends-la en deux, et que les fils d’Israël entrent au milieu de la mer à pied sec. Et moi, je ferai en sorte que les Égyptiens s’obstinent : ils y entreront derrière eux ; je me glorifierai aux dépens de Pharaon et de toute son armée, de ses chars et de ses guerriers. Les Égyptiens sauront que je suis le Seigneur, quand je me serai glorifié aux dépens de Pharaon, de ses chars et de ses guerriers. »
L’ange de Dieu, qui marchait en avant d’Israël, se déplaça et marcha à l’arrière. La colonne de nuée se déplaça depuis l’avant-garde et vint se tenir à l’arrière, entre le camp des Égyptiens et le camp d’Israël. Cette nuée était à la fois ténèbres et lumière dans la nuit, si bien que, de toute la nuit, ils ne purent se rencontrer. Moïse étendit le bras sur la mer. Le Seigneur chassa la mer toute la nuit par un fort vent d’est ; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent. Les fils d’Israël entrèrent au milieu de la mer à pied sec, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche. Les Égyptiens les poursuivirent ; tous les chevaux de Pharaon, ses chars et ses guerriers entrèrent derrière eux jusqu’au milieu de la mer.
Aux dernières heures de la nuit, le Seigneur observa, depuis la colonne de feu et de nuée, l’armée des Égyptiens, et il la frappa de panique. Il faussa les roues de leurs chars, et ils eurent beaucoup de peine à les conduire. Les Égyptiens s’écrièrent : « Fuyons devant Israël, car c’est le Seigneur qui combat pour eux contre nous ! » Le Seigneur dit à Moïse : « Étends le bras sur la mer : que les eaux reviennent sur les Égyptiens, leurs chars et leurs guerriers ! » Moïse étendit le bras sur la mer. Au point du jour, la mer reprit sa place ; dans leur fuite, les Égyptiens s’y heurtèrent, et le Seigneur les précipita au milieu de la mer. Les eaux refluèrent et recouvrirent les chars et les guerriers, toute l’armée de Pharaon qui était entrée dans la mer à la poursuite d’Israël. Il n’en resta pas un seul. Mais les fils d’Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche.
Ce jour-là, le Seigneur sauva Israël de la main de l’Égypte, et Israël vit les Égyptiens morts sur le bord de la mer. Israël vit avec quelle main puissante le Seigneur avait agi contre l’Égypte. Le peuple craignit le Seigneur, il mit sa foi dans le Seigneur et dans son serviteur Moïse. Alors Moïse et les fils d’Israël chantèrent ce cantique au Seigneur :
Je chanterai pour le Seigneur ! Éclatante est sa gloire : il a jeté dans la mer cheval et cavalier.
Ma force et mon chant, c’est le Seigneur : il est pour moi le salut. Il est mon Dieu, je le célèbre ; j’exalte le Dieu de mon père.
Le Seigneur est le guerrier des combats ; son nom est « Le Seigneur ». Les chars du Pharaon et ses armées, il les lance dans la mer. L’élite de leurs chefs a sombré dans la mer Rouge.
L’abîme les recouvre : ils descendent, comme la pierre, au fond des eaux. Ta droite, Seigneur, magnifique en sa force, ta droite, Seigneur, écrase l’ennemi.
Tu les amènes, tu les plantes sur la montagne, ton héritage, le lieu que tu as fait, Seigneur, pour l’habiter, le sanctuaire, Seigneur, fondé par tes mains. Le Seigneur régnera pour les siècles des siècles.
La prophétesse Miryam, sœur d’Aaron, saisit un tambourin, et toutes les femmes la suivirent, dansant et jouant du tambourin. Et Miryam leur entonna : « Chantez pour le Seigneur ! Éclatante est sa gloire : il a jeté dans la mer cheval et cavalier ! »