Laurie, comment ce chant vous est-il venu ?

C’est la mélodie qui m’est venue en premier, au cours d’une retraite en silence à l’Ile Bouchard. Je me suis éloignée dans les champs pour ne gêner personne. J’ai composé cette mélodie hébraïque. C’est une influence qui revient souvent dans les chants que j’ai composés car elle permet d’exprimer à la fois une gravité et un élan.

Ensuite, les paroles sont venues, peu à peu, pendant une autre retraite. L’intuition que j’ai eue dans le cœur, pour cette mélodie et les paroles qui venaient, c’était d’écrire un chant de louange fait pour les moments où, justement, ce n’est pas évident de louer. Il y a des chants de louange éclatants qui ouvrent à l’action de grâce, qui expriment un débordement du cœur et qui jaillissent ! Là, je voulais accompagner les moments où on rend grâce à Dieu dans l’espérance qu’il va nous faire grâce. Comme un remerciement par anticipation ! C’est tout le sens de la fin du dernier couplet : « Ne déçois pas, Seigneur, mon espérance : à tout jamais je rendrai grâce. »

C’est donc une louange qui a vocation à s’inscrire dans le temps.

Il s’agit donc de décider de louer par anticipation, avec confiance, en s’appuyant sur les grâces déjà reçues ?

Exactement ! Seigneur, pour tes merveilles, celles dont j’ai déjà fait l’expérience, mais aussi celles à venir, je veux te chanter et te louer !  C’est à vivre profondément dans le présent car la louange est au présent mais elle s’inscrit aussi dans l’espérance. On a besoin de chant de louange pour les moments où la louange ne va pas de soi.

Ce qui me touche le plus, c’est de me dire que la louange est une décision, pour ouvrir son cœur à la présence du Seigneur, en acceptant que les effets ne soient pas immédiats. Je suis dans l’attente mais je ne vais pas attendre qu’il se passe des choses faciles pour louer le Seigneur. Je loue maintenant avec la certitude que mon Dieu entendra ma prière. La louange est donc vraiment un acte de foi, qui a sa place à tous les moments de notre vie.  

A quelle occasion est-il opportun de choisir ce chant ?

Quand je l’ai composé, je n’ai pas directement pensé à la liturgie même si je trouve que l’influence hébraïque le rend facile à placer dans la liturgie. C’est un style que j’aime car c’est indémodable. Mais je constate qu’il est souvent pris comme chant d’entrée et qu’il sert aussi de chant de sortie. Personnellement, je le trouve bien plus adapté en chant de sortie, étant donné qu’il est à la première personne du singulier. Or, pour un chant d’entrée, je préfère un chant d’acclamation de tout le peuple de Dieu. On pourrait également imaginer le chanter, doucement, à l’offertoire ou en prolongement de la communion, en action de grâce.