Notre-Dame du Laus – Marcher avec les saints

Le 1er mai, en plus du célèbre Joseph patron des travailleurs, nous célébrons Notre-Dame du Laus. Venez découvrir l’histoire de ces apparitions de la Vierge, au micro de Jean-Luc Moens.

Notre Dame du Laus

Le 1er mai, l’Église fête les apparitions de Notre Dame du Laus, un sanctuaire situé dans le sud de la France. Ces apparitions qui ont eu lieu il y a plus de 450 ans viennent à peine d’être reconnues officiellement par l’Église. C’était en 2008, sous l’impulsion de Mgr Jean-Michel di Falco, évêque de Gap et Embrun. Ces apparitions sont indissociables de la vie de Benoîte Rencurel, la jeune femme à qui la Vierge est apparue, des apparitions qui ont continué pendant 54 ans. Benoîte est vénérable depuis 2009, c’est-à-dire que la phase diocésaine de son procès de canonisation est terminée et que l’héroïcité de ses vertus ont été reconnues. Elle est donc en attente de la reconnaissance d’un miracle pour être béatifiée. Avis aux amateurs : c’est le bon moment de recourir à l’intercession de Benoîte à condition de promettre de transmettre les grâces reçues à la postulation de sa cause.

Que s’est-il donc passé au Laus en 1664 ?

Tout commence avec la naissance de Benoîte Rencurel en 1647 à Saint-Etienne d’Avançon, un petit village situé actuellement dans le département français des Hautes-Alpes. Benoîte naît sous le règne de Louis XIV, dans une époque troublée par les tensions politiques, sociales et religieuses.

À l’âge de 7 ans, elle perd son père et se voit obligée d’aller garder les troupeaux. Elle devient bergère et elle occupe son temps en priant le chapelet qu’elle a reçu de sa mère. Cette prière toute simple l’aide à devenir une vraie contemplative alors que Benoîte n’a aucune éducation, elle ne sait ni lire ni écrire. Je trouve intéressant de souligner la puissance de la prière du chapelet, la prière des pauvres, une prière qui permet à Benoîte d’avoir une vraie vie contemplative et une vie spirituelle profonde.

Benoîte possède une forte constitution. D’un caractère entier, elle est généreuse et impatiente. Elle est affable avec les gens du village et n’hésite pas à partager sa maigre pitance avec les pauvres.

Un jour de mai 1664, alors que Benoîte a 17 ans, elle assite à la messe et est touchée par l’homélie de son curé. Elle éprouve dans son cœur le désir de rencontrer la Mère de Miséricorde. Peu de temps après, saint Maurice lui apparaît. Il lui annonce que son désir va se réaliser, et le lendemain, en effet, une « Belle Dame » lui apparaît dans le vallon des fours, à proximité de son village. Dans ce lieu, les premières apparitions durent quatre mois au cours desquels la Belle Dame se charge de l’éducation de Benoîte, ce qui transforme son comportement et toute sa vie spirituelle. Le 29 août, la Belle Dame dévoile son identité. « Je suis Dame Marie, explique-t-elle, la Mère de mon très cher Fils. » Ensuite, pendant un mois, les apparitions cessent. Elles reprennent en septembre, mais cette fois à un autre endroit, de l’autre côté de la vallée, à Pindreau. « Allez au Laus, lui dit-elle, vous y trouverez une chapelle d’où s’exhaleront de bonnes odeurs, et là très souvent vous me parlerez. »

Benoîte obéit à la Vierge. Elle se rend à l’endroit indiqué et elle retrouve la petite chapelle grâce à l’odeur que Marie a annoncée. C’est la chapelle de Bon-Rencontre. Elle entre et trouve la Belle Dame debout sur l’autel : « J’ai demandé ce lieu à mon Fils, lui dit-elle, pour la conversion des pécheurs et Il me l’a accordé. » Et Marie demande à Benoîte que soit construite en ce lieu une église et une maison pour les prêtres du sanctuaire.

La nouvelle des apparitions se répand très vite. Dès le printemps 1665, les pèlerins affluent. On en compte 130.000 en un an et demi.

L’église demandée est construite entre 1666 et 1669. Elle englobe la chapelle initiale de Bon-Rencontre, comme la basilique Notre Dame des Anges contient la Portioncule à Assise. Le jour de la bénédiction de l’église, Benoîte entre dans le tiers-ordre dominicain. Elle reste laïque, mais on l’appelle désormais « sœur Benoîte ».

Dès 1672, sœur Benoîte s’installe au Laus. Elle accueille les pèlerins, elle prie, elle fait pénitence. Elle a reçu le don de lire dans les consciences et elle aide beaucoup de personnes à se convertir. Elle les envoie aux prêtres qui sont émerveillés par la qualité des confessions. Il y a aussi de nombreuses guérisons.

Benoîte continue d’avoir des apparitions de Marie dans la discrétion. Cela va durer pendant 54 ans, c’est-à-dire jusqu’à sa mort. Elle est aussi favorisée d’autres grâces mystiques : apparitions d’anges et de saints, vision du ciel et même, 5 visions du Christ en croix. Elle vit aussi une union spéciale au Christ chaque vendredi jusqu’en 1584, ce qu’on a appelé une « crucifixion mystique ».

On pourrait croire qu’avec toutes ces grâces, la vie de Benoîte au Laus se passe comme un long fleuve tranquille. Il n’en est rien. D’une part, elle est soumise à différentes attaques du démon, mais en outre, elle est écartée du sanctuaire pendant 20 ans par les prêtres de tendance janséniste qui en sont responsables.

Elle décède à 71 ans le 28 décembre 1718, entourée des prêtres du sanctuaire.

Il est intéressant de noter que Dieu a usé d’une pédagogie spéciale pour Benoîte. À travers les apparitions qu’elle a reçues, il lui a enseigné la patience qui ne lui était pas naturelle. Le père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire du Laus, a consacré un livre à ce sujet intitulé « Éloge spirituel de la patience ».

Quand l’ange apparaît à Benoîte, il lui dit : « Dieu veut qu’on ait le paradis par la patience. » Mais elle ne se laisse pas démonter. Elle rétorque : « Bel Ange, si vous aviez un corps comme nous, nous verrions ce que vous feriez ! »

Il va y avoir toute une pédagogie divine pour inculquer la patience à Benoîte. Saint Joseph lui apparaît pour lui demander la patience avec son troupeau sans se fâcher. La Sainte Vierge s’abstient de lui apparaître pendant deux mois et demi parce qu’elle n’a pas été patiente avec ses compagnes dont les imperfections l’énervaient. Celui qu’elle appelle son « bon ange » lui apparaît onze fois pour l’exhorter à la patience, à ne pas se troubler dans les tentations qu’elles viennent des ennemis visibles ou invisibles ou encore des affaires temporelles. Il l’exhorte à la joie. Lorsqu’on est joyeux, tout ce qu’on fait est agréable à Dieu et tandis que, quand on se fâche, on ne fait rien qui lui plaise.

La patience est une manière de s’abandonner à Dieu, de reconnaître que tout est dans sa main, toutes les circonstances de notre vie. La patience, c’est aussi accepter que le temps de Dieu n’est pas le nôtre. C’est lui le maître du temps. La patience est donc un acte de foi et d’abandon. Si les choses ne se passent pas comme je le prévoyais ou comme je le désirais, peut-être Dieu veut-il me montrer un autre chemin ? C’est ce que Benoîte Rencurel a appris du ciel et que nous pouvons apprendre d’elle.

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