Rencontre avec une sœur juive

En 2003, je vis Noël seule, car ma mère est en Maison de repos et de soin (MRS). La soirée s’annonce longue, seule à l’est de Bruxelles.

Depuis quelques temps je suis écoutante pour une association pour personnes atteintes de vertige. Ce soir là, vers 22 h, je reçois un appel. « Je n’en peux plus » me dit une voix tremblante et toute menue, dans le téléphone. « Mon fils et sa famille sont partis définitivement pour Tel Aviv. Vu mon âge, je n’ai pas souhaité les accompagner ne voulant pas être une charge dans leur nouvelle vie. Mais ce soir je n’en peux plus. J’ai des très forts vertiges et depuis plusieurs jours, je ne peux plus sortir pour faire des achats et cuisiner. »

« Ou habitez vous ? » lui demandé-je. « Avez vous des personnes contacts ? De la famille près de vous ? En quoi puis je vous aider ? » Long silence à l’autre bout du fil. « J’ai besoin de mon fils. Je suis trop désespérée, seule. Mais je n’ose pas lui téléphoner. Et puis téléphoner là-bas c’est trop coûteux. »

Il se trouve que j’ai une carte prépayée qui me permet de téléphoner dans le monde entier pour quelques euros. Avec sa permission, je téléphone à son fils qui est très étonné de mon appel. « Votre maman n’est plus sortie depuis quelques jours car elle souffre de forts vertiges. » Immédiatement celui-ci téléphone à sa maman en Belgique pour la rassurer, puis me rappelle. « Pouvez-vous aller chez elle avec un potage, un repas ? J’arrive par le premier vol en Belgique. » Avec l’adresse de cette dame, j’arrive en taxi avec ce que j’ai trouvé dans mon frigo. Je sonne. Elle m’accueille en pleurs. Nous passons la veillée de Noël ensemble et partageons nos vies. Tard ce soir-là, je retourne chez moi en lui promettant de lui téléphoner jusqu’à ce que son fils soit à Bruxelles. C’était un Noël «  surprise »  mais un immense cadeau car je n’ai pas passé la nuit de Noël… seule !