Olivier et Marguerite-Marie ont été envoyés, en 2021, avec leurs 4 enfants à Fianarantsoa, à Madagascar, pour une mission de 2 ans : ils découvrent la joie de la simplicité, de l’humilité, du détachement, de l’instant présent et de la présence à l’autre. Un chemin qui décape mais qui rend heureux !
Tout au long du mois de la mission, nous vous proposons de plonger au cœur de la mission Fidesco à travers ses volontaires : véritables témoins de la joie, de l’amour, de la foi …
« D’où vient-elle, cette JOIE qui nous transporte à l’autre bout du monde ?
Ne vous y trompez pas, notre mission n’est ni parfaite ni idéale. Il y a des lourdeurs, des difficultés, des incompréhensions, des agacements… […] On râle, on s’essouffle, on s’énerve… Mais ! Nous sommes heureux, profondément !
Nous expérimentons ici la joie de la simplicité. Nous ne manquons de rien à Fianarantsoa, mais il y a moins de choix, moins de tentations et notre superflu finit par ne plus nous manquer. Le dépouillement de nos frères malgaches nous y aide bien sûr. Ils sont une vraie leçon de vie. Ils demandent beaucoup, c’est vrai. Mais lorsqu’on leur dit non, ils disent « tsy maninona » (ce n’est pas grave), et ils font sans. Ils nous épatent avec leur débrouille. On se sent vite vulnérables ici : on se demande souvent comment se dépêtrer d’une situation (la clé du chauffeur cassée dans la serrure par exemple, et pas de double ni de réparateur de clé dans le coin) mais il y a toujours un Malgache pour trouver la solution, pour réparer avec rien (la clé en question a été sortie de la serrure on ne sait comment et soudée !).
Nous expérimentons aussi la joie de l’humilité et du détachement. Nous apprenons à lâcher prise ! Ce n’est pas tout à fait à la mode, mais pourtant, c’est libérateur. Nous nous efforçons de rester à notre place dans un esprit de service, à l’écoute des besoins et des façons de faire si différentes. Et ce n’est pas si simple. Combien de fois avons-nous dit « Tu sais qui c’est ? Non ! Pourquoi font-ils cela ? Aucune idée ! Qu’ont-ils dit ? Je n’ai rien compris… » Il y a aussi tout ce qui pourrait être fait, ce qui devrait être fait mais qui ne l’est pas, sans qu’on sache pourquoi. Et cela nous fait bouillir parfois ! Mais nous avons aussi expérimenté que la plupart du temps, il y a une bonne raison derrière telle ou telle décision et nous attendons désormais de voir et comprendre avant de chercher à recadrer.
Nous expérimentons encore la joie de vivre pleinement le temps présent. « Mora mora » comme on dit ici, (doucement) ! Quel choc de passer d’un monde à 100 à l’heure à ce mode de vie. Quand on demande le rituel « inona ny voavoa ? » aux “mpiasa” (ouvriers) le matin, ils répondent invariablement « tsy misy, mangina » à savoir « rien de neuf, c’est tranquille ». Qui pourrait répondre cela à son chef en France sans prendre tout à coup une dose de travail en plus ? Quel choc aussi de passer d’un monde qui prévoit et anticipe tout, à un monde qui vit au jour le jour. L’un et l’autre monde ont leurs excès et leurs beautés, mais passer de l’un à l’autre est décapant !
Nous expérimentons enfin la joie de la présence à l’autre. Nous apprenons, avec nos frères malgaches, à prendre le temps pour l’autre et nous y prenons goût ! Être avec eux sans avoir forcément quelque chose à faire, se donner des nouvelles avant de rentrer dans le vif du sujet. Ralentir, écouter. Quand quelqu’un vient nous parler, la peur de ne pas le comprendre prend le dessus et nous cherchons bien souvent à deviner au lieu d’écouter. La plupart du temps ce que nous avions pensé n’a rien à voir avec le sujet en question ! Il nous faut encore et encore apprendre à prendre le temps, écouter, accepter de ne pas comprendre, de faire répéter. Et finalement… on arrive ainsi à avoir quelques petites conversations qui font leur joie et la nôtre. Prendre du temps avec l’autre donne une belle densité à nos journées. »