Mère Teresa, une sainte contemporaine – Marcher avec les saints

Canonisée en 2016, Teresa de Calcutta est une sainte qui nous est proche dans le temps. Jean-Luc Moens nous propose de (re)découvrir sa vie, comme une preuve que la sainteté est possible encore en notre temps.

Ce contenu fait partie des podcast Marcher avec les saints disponibles sur l’application Prier aujourd’hui

Découvrez chaque semaine un ou plusieurs saints. Quels sont les événements majeurs de leurs vies ? Quels ont été leurs grands enseignements ? Que peut-on en tirer pour notre vie aujourd’hui ? Et pour notre monde ? Jean-Luc Moens nous raconte leur histoire dans des podcasts de 5 minutes ! Bonne écoute !

Vignette Carree Mere Teresa MASDu temps de saint Grégoire le Grand, les gens avaient déjà l’impression que les saints n’existaient que dans le passé. C’est pour cela que Grégoire a écrit ses Dialogues où il présente des saints de son temps parmi lesquels saint Benoît de Nursie.

Aujourd’hui, nous fêtons une sainte de notre temps, une sainte que beaucoup d’entre nous ont connue vivante et qui atteste que la sainteté est toujours possible à notre époque : sainte mère Teresa de Calcutta. Mais comme l’a dit le pape François à la messe de canonisation : « Je crois qu’il nous sera un peu difficile de l’appeler sainte Teresa ; sa sainteté nous est si proche, si tendre et si féconde que spontanément nous continuerons de lui dire : “Mère Teresa”. »

Mère Teresa est née à Skopje le 26 août 1910. Son nom est Agnès Gonxha Bojaxhiu (je ne vous garantis pas l’exactitude de la prononciation !). Elle a 8 ans lorsque son père meurt. Elle est donc élevée chrétiennement par sa mère. Elle participe à la vie de sa paroisse tenue par un père jésuite. Les jésuites joueront toujours un rôle important dans sa vie. Sa maman éduque les enfants à l’exercice de la charité et du partage. Il y a souvent des pauvres à leur table.

Dès l’âge de 12 ans, la petite Agnès pense à la consécration. Aidée par son curé, le père Franjo Jambrekovic, elle confirme sa vocation à la vie consacrée. Elle est attirée par la vie missionnaire. À 18 ans, elle obtient la permission de sa mère d’entrer chez les sœurs de Lorette, une congrégation fondée au XVIIème siècle par Mary Ward. Pour cela, elle doit quitter sa terre natale et se rendre en Irlande pour un premier contact avec les sœurs de Lorette. Elle entre le 26 septembre 1928 dans le couvent de Rathfarham, près de Dublin. Elle y reste le temps d’avoir des bases d’anglais et déjà en décembre de la même année, elle est envoyée en Inde, à Calcutta, pour y faire son noviciat.

La découverte de l’extrême pauvreté est un choc. Elle a une réaction que j’ai déjà vue souvent chez les volontaires Fidesco en mission dans des lieux de grande pauvreté. Elle écrit à sa mère : « Si les gens de nos pays voyaient ces spectacles, ils cesseraient de se plaindre de leurs petits ennuis. » Combien cela est vrai ! Je peux vous dire qu’il n’y a pas de comparaison entre voir des images à la Télévision et se retrouver confronté physiquement à la misère des pauvres. C’est l’expérience que fait Agnès Gonxha.

Elle fait son postulat et son noviciat à Djaarling et elle prend l’habit des sœurs. Elle se forme, à la demande de ses supérieures, pour devenir enseignante. Avec ses vœux temporaires, le 25 mai 1931, elle change de nom. Elle devient mère Mary Teresa car elle a une très grande dévotion pour la petite Thérèse de Lisieux qui vient d’être canonisée en 1925. Mère Mary Teresa devient une religieuse de Lorette enseignante. Elle consacre aussi une partie de son temps aux pauvres des bidonvilles, encouragée par sa mère qui lui écrit : « Ma chère enfant, n’oublie pas que si tu es partie dans un pays si lointain, c’est pour les pauvres ! »

En 1944, elle est nommée directrice de l’école saint Marie de sa congrégation. C’est une école réservée à des jeunes filles de bonnes familles. On n’est plus ici dans le service direct des pauvres.

Tout va changer à partir d’un événement qui se passe dans le train. Oui, Dieu peut parler partout, y compris dans le train entre Calcutta et Djaarling. Le 10 septembre 1946, en effet, mère Mary Teresa est dans ce train pour aller suivre une retraite avec ses consœurs. Alors qu’elle essaie de dormir, elle entend avec une certitude intérieure la voix de Dieu qui l’appelle : « Le message était clair, dit-elle : je devais sortir du couvent et aider les pauvres en vivant avec eux. C’était un ordre, un devoir, une certitude. Je savais ce que je devais faire mais je ne savais comment. » Mère Teresa a toujours parlé de cet événement comme un appel dans l’appel. Son premier appel à être religieuse, son arrivée en Inde, Dieu l’utilise comme un tremplin pour un second appel, aller vers les plus pauvres. Mais le message de Dieu ne s’arrête pas là. Il lui révèle aussi sa soif d’amour, ce fameux « I thirst » – « J’ai soif » prononcé par Jésus sur la croix et que mère Teresa fera inscrire à côté de tous les tabernacles des chapelles de sa congrégation. Elle confiera plus tard à ses sœurs, toujours à propos de ce 10 septembre qu’elle appelle aussi le jour de l’inspiration : « Retenez ceci : “J’ai soif” est bien plus profond que Jésus vous disant « Je vous aime ». Tant que vous ne savez pas au plus profond de vous que Jésus a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui. »

Mère Mary Teresa a donc reçu un appel très fort. Elle n’en parle à personne pendant sa retraite à Djaarling. De retour à Calcutta, elle se confie au père Céleste Van Exem, un jésuite belge. Celui-ci lui recommande la prière et le silence. Il en parle à l’évêque local, Mgr Ferdinand Perier qui s’oppose à cette idée. Entre temps, mère Mary Teresa contracte un début de tuberculose et doit se soigner. Elle continue de porter son projet dans la prière en méditant sur les paroles reçues du Seigneur.

Comme elle manifeste une grande détermination, l’évêque finit par se laisser convaincre et il obtient une dispense pour que mère Mary Teresa puisse sortir de son couvent pour une expérience d’un an. Lorsqu’elle sort le 8 août 1948, elle devient mère Teresa. Elle a troqué son habit de religieuse contre un sari blanc avec un liseré bleu. Le sari est l’habit traditionnel des femmes indiennes.

Pour commencer, mère Teresa suit une formation d’infirmière. Elle vit au milieu des pauvres. Elle découvre que « l’extrême pauvreté vide progressivement l’homme de son humanité. » Elle commence à donner des cours à des enfants dans un bidonville. Elle se donne sans compter. Elle affirme qu’il faut aimer jusqu’à ce que ça fasse mal ! On pourrait croire qu’une telle radicalité va faire peur à d’éventuelles vocations ? Il n’en est rien ! Une dizaine d’anciennes élèves viennent la rejoindre. En 1950, le père Van Exem demande à mère Teresa d’écrire une règle religieuse. Elle s’exécute en une nuit ! Elle choisit comme nom les Missionnaires de la charité. Leur tenue religieuse est le sari avec 3 bandes bleues.

Un jour, mère Teresa rencontre un mourant sur le trottoir de Calcutta. Elle l’emmène dans un hôpital qui refuse de le prendre. Le pauvre homme meurt sans avoir été accueilli. Mère Teresa décide alors de recueillir les mourants et de leur donner une mort décente. Elle obtient de la mairie de Calcutta un local à Kaligat proche du temple à la déesse hindoue Kâli. Elle appelle cette maison Nirmal Hriday, c’est-à-dire « Maison au cœur pur – Foyer pour mourants abandonnés ». Les fidèles de la déesse Kali s’opposent à son œuvre. Ils ont peur qu’elle en profite pour faire du prosélytisme. Mais cela s’arrange quand elle s’occupe d’un des opposants tombé malade…

À partir de ce moment, mère Teresa va être sur tous les fronts de la pauvreté en Inde et dans le monde. Les missionnaires de la charité grandissent rapidement. De nouvelles maisons sont ouvertes : orphelinat, village pour les lépreux, etc. Mère Teresa devient célèbre dans le monde entier. Paul VI lui confie un couvent au Vatican pour s’occuper des SDF de Rome. Elle reçoit de nombreux prix, dont le prix Nobel de la Paix en 1979. Dans son discours, elle n’hésite pas à dire des paroles pour défendre la vie : « De nos jours, nous tuons des millions d’enfants à naître, et nous ne disons rien. Prions tous pour avoir le courage de défendre l’enfant à naître et pour donner à l’enfant la possibilité d’aimer et d’être aimé. »

En 1963, 13 ans après les religieuses, la branche masculine des missionnaires de la charité est fondée.

Si mère Teresa se donne sans compter pour servir les plus pauvres, elle n’en oublie pas pour autant l’évangélisation. Elle affirme d’ailleurs que « La première pauvreté des peuples est de ne pas connaître le Christ. »

Elle meurt le 5 septembre 1997 à Calcutta. Chose incroyable, le gouvernement indien décrète un jour de deuil national. Mère Teresa est béatifiée par son grand ami Jean-Paul II le 19 octobre 2003 et canonisée par le pape François le 4 septembre 2016.

On sait maintenant qu’après sa révélation dans le train de Djaarling, mère Teresa a vécu une profonde nuit de la foi au point d’avoir dit un jour : « Si un jour je deviens une sainte, je serai sûrement celle des ténèbres. » Celle qui a adoré devant le Saint Sacrement une heure tous les jours de sa vie, celle qui s’est donnée pour les pauvres, avoue avoir vécu de foi pure, dans la nuit. Cela peut nous aider à relativiser nos petits déserts spirituels personnels. Si nous sommes dans la nuit, nous pouvons invoquer l’aide de mère Teresa pour trouver la lumière.

Télécharger l”application Prier aujourd’hui

Recommandez cet article à un ami

sur Facebook
par Whatsapp
par mail