L’usage liturgique du chant “Asperges me” (Purifie-moi)

Dans le nouvel album 2023 d’Emmanuel Music “Je suis sûr de toi” figure un chant avec un usage liturgique tout à fait spécifique. Il s’agit du chant : Purifie-moi.

Ce titre est une adaptation d’un chant grégorien ancien: Asperges me (probablement du 9ème siècle).

Les paroles de ce dernier sont tirées du Psaume 50, le cantique que la tradition a souvent attribué à David, et dans lequel celui-ci confesse ses péchés devant Dieu, en lui demandant avec ferveur son pardon : “Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour – selon ta grande miséricorde, efface mon péché”.

Dans le refrain de ce chant, nous demandons au Seigneur de nous asperger (d’ou le mot asperges), en signe de purification : “Purifie-moi avec l’hysope, ô Seigneur ; lave-moi, je serai plus blanc que la neige” (Ps. 50, 9).  Il s’agit d’un rite de “purification” avec de l’eau bénite.

La mention de l’hysope, pourrait nous étonner. L’hysope, est une plante avec des branches, qui déjà dans l’Ancien Testament, servaient pour “asperger” c’est à dire arroser avec de l’eau des lieux, des objets et des personnes (cf. Nb 19,18). A certains moments dans la bible, cette aspersion se fait même avec du sang (cf. Lév. 14,4.6.41.51), notamment pour sceller l’alliance (cf. Ex. 12,22). On a toujours attribué un effet médicinal à l’hysope. Voilà pourquoi cette plante est associée à des actes de purification.

Le rite catholique romain qui consiste à asperger avec de l’eau des lieux, des objets et des personnes, en chantant ce refrain suivi de versets du Ps. 50 trouve ses origines dans les milieux monastiques du 8ème siècle. À l’époque, on aspergait , juste avant la célébration de la messe dominicale, l’église et les différentes pièces communes du monastère, en signe de purification des péchés, et de protection contre les forces du mal.

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Ce rite a ensuite été repris au-delà des monastères, dans les églises, et il avait toujours lieu avant la messe dominicale, il permettait aussi de faire mémoire du moment ou l’église en question avait été consacrée (la dédicace). À l’occasion de cette consécration, l’église était, en effet, aussi aspergée avec de l’eau bénite.

En aspergeant aussi les fidèles, ce rite gagna au fur et à mesure, une valeur commémorative du baptême. L’eau, présente lors de ce rite, nous rappelle ce moment décisif pour chaque chrétien où il a été immergé dans la mort du Christ, afin de ressusciter avec lui (le baptême).

Ce symbole de l’eau, une fois par an, prend toute sa force quand, dans la nuit pascale, les catéchumènes sont baptisés et les fidèles en commémoration de leur propre baptême sont aspergés par l’eau en chantant le Vidi aquam – “J’ai vu des fleuves d’eau vive”. Ce chant est d’ailleurs chanté uniquement durant les dimanches du temps pascal. L’Asperges me – Purifie-moi se chante quant à lui, à tous les autres dimanches de l’année liturgique.

Avec le renouveau des livres liturgiques après le Concile Vatican II, ce rite dominical de l’aspersion a été intégré dans la liturgie de la messe.

Les dimanches, il peut tenir lieu de l’acte pénitentiel. Le “Je confesse à Dieu”, ainsi que le Kyrie sont alors omis. Après l’aspersion, on continue tout de suite avec le Gloria.

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