L’infaillible sens de la foi des fidèles

Infaillible ? Comme la Parole de Dieu ou le magistère de Pierre ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, le concile Vatican II affirme : « La collectivité des fidèles ne peut se tromper dans la foi » (Lumen Gentium 12).

Par LOUIS-ÉTIENNE DE LABARTHE

En effet, le peuple de Dieu participe à la fonction prophétique du Christ. Ainsi, par l’Esprit Saint, le peuple des baptisés reçoit et porte non pas une parole simplement humaine mais véritablement la parole de Dieu. C’est ce qu’on appelle le sens de la foi des fidèles (sensus fidei).

Jean Paul II, Benoît XVI et François ont tous insisté sur cette dimension et cherché à l’approfondir et à la mettre en œuvre davantage dans la vie de l’Église. C’est ainsi que sous le pontificat de Benoît XVI, la commission théologique internationale commença à travailler ce thème et publia Le sens de la foi dans la vie de l’Église, en 2014, sous le pontificat de François. Ce dernier parle souvent du flair que possède le peuple de Dieu et demande aux pasteurs d’être à son écoute.

Mais comment s’exprime ce sensus fidei ? Comment entendre l’Esprit Saint parler au cœur des fidèles ? Lumen Gentium donne quelques critères fondamentaux : l’unanimité dans la foi (« consentement universel » ou « depuis les évêques jusqu’au plus petit des fidèles » comme le dit saint Augustin), la fidélité à la foi reçue des apôtres et la communion avec les pasteurs (évêques et pape). Vision irréaliste et inapplicable diront certains. Pas facile à mettre en œuvre de toute évidence.

Après avoir parcouru les sources du sensus fidei dans la Bible et dans la Tradition, le document de la commission théologique internationale l’examine dans la vie personnelle et communautaire des croyants, le magistère de l’Église et le travail des théologiens – le sensus fidei fut par exemple un élément déterminant pour énoncer les dogmes de l’Immaculée Conception en 1854 et celui de l’Assomption en 1950. Il énonce quelques dispositions nécessaires pour l’exercer : la participation à la vie de l’Église, l’écoute de la parole de Dieu, l’ouverture à la raison, l’adhésion au magistère, la sainteté (L’humilité, la liberté et la joie) et la recherche de l’édification de l’Église.

Comme l’indique ce document, le critère de la majorité utilisé en démocratie n’est pas suffisant pour la vie de l’Église. Le sensus fidei apparaît davantage comme un processus de discernement, qu’il faut susciter, justement, par la synodalité. Si tous se mettent à l’écoute de l’Esprit Saint, en communion les uns avec les autres, alors le Saint-Esprit parle à son peuple avec force, et l’aide à discerner les chemins de la mission. Ce processus avance dans l’unité grâce au ministère de communion dont le Christ a doté l’Église : les évêques et le pape. C’est à eux que revient la charge de discerner et de retenir ce qui est bon.

Mais comment mieux le vivre et le mettre en œuvre concrètement aujourd’hui dans la vie de l’Église ? C’est tout le travail de ce synode sur la synodalité voulu par le pape François. Et l’enjeu est de taille : il s’agit ni plus ni moins d’entendre Dieu nous parler aujourd’hui ! ¨

Cet article fait partie du dossier thématique :Synodalité, construire une Eglise différente →

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IEV n°353 - Synode 2021-2023 : Construire une Eglise différente Se procurer le numéro →

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