« Les aider à se tourner vers le Ciel »

Très présent sur les réseaux sociaux, chanteur et fondateur de la chorale Cap Cœur d’Argenteuil, le Frère Benjamin est actuellement directeur d’un collège en Normandie. Il vient de publier Tu as du prix aux yeux de Dieu (Artège).

(Article extrait du magazine Il est vivant ! n°359)

Jeune, alors que je songeais à devenir prêtre, je souhaitais en même temps travailler pour être le plus possible au milieu des gens, du monde, aux périphéries. J’avais découvert don Bosco pendant mes années d’internat car des représentations étaient un peu partout dans l’établissement. Pendant mon année de séminaire dans le Var, j’ai appris que l’une de ses fondations était située à quelques kilomètres, à la Navarre. Je suis donc allé le prier souvent là-bas. C’est alors que j’ai compris qu’il avait fondé des écoles, une congrégation, etc.

Salésien, c’est tellement beau comme vocation! C’est une vie vouée aux âmes et aux jeunes, et spécialement aux jeunes en souffrance. Sa vie durant, don Bosco a laissé trôner dans son bureau une pancarte où est écrite cette citation de saint François de Sales: «Donne-moi des âmes, et pour le reste, prends-le. » À la suite de François de Sales, il est donc un «chasseur d’âmes ». Cette vocation salésienne correspondait à mes aspirations les plus profondes. Mais ce sont surtout les jeunes qui sont venus me chercher. Pourquoi, en effet, ceux qui étaient en souffrance venaient-ils naturellement se confier à moi plutôt qu’à un autre séminariste? Certes, j’essayais d’être attentif à eux. Je ne parvenais cependant pas à m’expliquer ce qui pouvait déclencher une telle confiance. Dans un premier temps, je l’ai accueilli comme un appel à devenir éducateur, puis, en redécouvrant don Bosco, Salésien. Don Bosco explique le choix de saint François de Sales comme figure emblématique de son œuvre parce qu’un éducateur a besoin de douceur et de patience, et que François de Sales est un maître dans ce domaine. Don Bosco place la bienveillance au cœur de sa pédagogie. Mais pour lui, cela n’a rien de mièvre : il s’agit d’une volonté d’aimer ces jeunes, envers et contre tout. Même si tel jeune vous a trahi, même s’il est insupportable, continuer d’aller le pêcher, à la façon dont Dieu s’y prend avec nous. C’est un amour viril, courageux, une vraie posture éducative.

Sur la croix des prêtres salésiens, il est écrit en italien: « Tâche de te faire aimer. » Autrement dit, pour conquérir les âmes, il faut savoir s’en faire proche. Avec saint François de Sales, nous sommes invités à avoir un regard avisé sur chaque être qui nous est confié, dans ses forces et ses faiblesses. Et dans ce sillage, don Bosco attache une grande importance à cette dimension du prendre soin.

Il y a un pendant à cette attention à chacun, c’est sa responsabilisation. Car si chaque être a ses failles, ce n’est pas pour autant un obstacle à la sainteté. François de Sales considère même qu’elle est accessible à chacun, dans l’état de vie qui est le sien.En s’occupant de jeunes très défavorisés, don Bosco veut en faire des saints. Tout, chez lui, est resitué dans la perspective de l’éternité. Là où un éducateur lambda cherchera à faire grandir le jeune, à l’accompagner dans son orientation professionnelle, ce qui est déjà très bien, un éducateur salésien priera aussi pour les jeunes dont il a la charge, jeûnera parfois, et fera jeûner, pour les aider à se tourner vers le Ciel.

Aujourd’hui, en tant que directeur d’un petit collège à Argentan, je tente d’insuffler quelque chose de cet état d’esprit dans cet établissement. Ainsi, dès mon arrivée, j’ai mis en place, chaque matin, dix minutes d’adoration. Trois ans plus tard, ils sont en moyenne entre 20 et 50 jeunes sur une centaine de collégiens à venir tous les matins ! Ils ne sont pourtant pour la plupart pas issus d’une famille chrétienne. J’ai par ailleurs lancé une aumônerie (en plus des cours catéchisme ou de culture chrétienne, obligatoires). Ils sont une cinquantaine à la fréquenter sur leur temps libre. Et parmi eux, chaque année, des jeunes demandent le baptême ou d’autres sacrements.

Dans ce collège, j’ai souhaité que certains jeunes fassent partie du conseil de direction. Et depuis trois ans, grâce à eux, de nombreux projets nouveaux ont pu voir le jour : des options sont désormais proposées (chorale, équithérapie, équitation, armée, journalisme, cinéma, etc.). Nous avons également retravaillé ensemble le projet pédagogique et la communication. Enfin, des capitaineries, de petites équipes formées pour l’année scolaire dans un esprit d’émulation et d’entraide, seront probablement lancées à la rentrée prochaine. Toutes les responsabilités qu’on peut leur confier, nous leur confions. C’est très stimulant pour eux et ils jouent le jeu. Cela les prépare à s’engager pour les autres dans leur vie d’adultes et à prendre des responsabilités.

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